Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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Albert Camus au bar à Joe

Publié le 19 mai 2012 par

L’Etranger illustré par José Munoz donne envie de relire ses BD Alack Sinner et les histoires du Bar à Joe

retour_70-2.gif RELIRE. La soixantaine de magnifiques images très épurées de José Munoz constituent le système solaire du célébrissime roman L’Etranger d’Albert Camus, que viennent de republier Gallimard et sa filiale Futuropolis. Sous le soleil exactement. Le parti-pris du dessinateur qui « accompagne » l’écrivain, selon les propres termes de l’éditeur, est de suivre Meursault à la manière de la course du soleil, de la blancheur de lait aux ténèbres indifférentes. Le Nobel de littérature ne fait pas de l’ombre au dessinateur, ils s’accompagnent sur le blanc de chaux de la page.

On y trouve l’état d’esprit dans ces paragraphes :

« Je lui ai demandé si on pouvait éteindre une des lampes.
L’éclat de la lumière sur les murs blancs me fatiguait. Il m’a dit que ce n’était pas possible.
(…)

C’est un frôlement qui m’a réveillé.

D’avoir fermé les yeux, la pièce m’a paru encore plus éclatante de blancheur.

Devant moi, il n’y avait pas une ombre et chaque objet, chaque angle, toutes ces courbes se dessinaient avec une pureté blessante pour les yeux.
 »

Sous le pinceau de José Munoz, L’Etranger prend tout de même une autre lumière que celle de l’Algérie. Le soleil de Munoz est argentin, et Alger se voit réchauffée par cette étrange lumière mélancolique.

Le soleil est argentin

Le dessinateur José Munoz (Source : Gallimard)
Le dessinateur José Munoz (Source : Gallimard)
Voilà une bonne trentaine d’années que Munoz (1942) se blesse les yeux et s’écorche aux lumières heurtées de l’expressionisme. Tout cogne dans ses vérités graphiques et même allégoriques. Il transforme l’indolence en inquiétude, la nonchalance en chute intérieure.

Né à Buenos Aires, marionnettiste dans son adolescence, il a été l’élève d’Hugo Pratt et d’Alberto Breccia. Il a du fuir l’Argentine des généraux. Il a fini par trouver un abri dans sa bande dessinée à nulle autre pareille, celle du Bar à Joe, ce refuge de tous les perdus, de tous les freaks sociaux, de tous les exilés et de tous les étrangers de toutes sortes. Un bar camusien pour ainsi dire. Avec le scénariste Carlos Sampayo, autre exilé argentin des années 1970, José Munoz avait créé la série Alack Sinner (1975), le détective privé, privé de lui-même avant tout, rongé lui aussi par le baroque porteno (habitant de Buenos Aires) dans un New York imaginaire. Alack, au milieu des épluchures de lumière, des aplats noirs, de la violence contrastée, finit par échouer dans la seconde série de Munoz et Sampayo qu’est ce petit bijou, publié dès 1979 dans le mensuel A Suivre. Il y a eu deux albums majeurs chez Casterman, Le Bar à Joe, et Les aventures amicales du Bar à Joe. Depuis plus de trente ans, tout comme Meursault-Sinner, nous avons envie d’y pousser la porte de temps en temps, pour y retrouver des ombres et des lumières qui ne sont étrangères à personne.

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