Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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#Berlusconi #Italie #Mafia

Antonio Tabucchi

Publié le 22 mai 2009 par

Gabriel pour L’Agence Idea
Gabriel pour L’Agence Idea
Le 7 mai dernier, c’est dans un parfait silence médiatique, que l’écrivain Antonio Tabucchi, 65 ans, a été jugé à la première audience qui devrait en appeler d’autres.

Pourtant ce n’est pas faute de s’être manifesté et d’avoir prévenu dans la presse : «  Je voudrais ajouter que leur stratégie est d’intimider, déclarait-il à Il Manifesto, fin avril, à propos de Berlusconi et de ses alliés. En ce moment – j’en profite pour le dire, comme ça les Italiens vont le savoir – je dois me défendre dans les tribunaux contre une plainte du sénateur berlusconien Schifani, qui me demande des dédommagements d’1,3 million d’ euros pour atteinte à son image. Mais Schifani n’a pas porté plainte contre le journal qui a rapporté mes propos, L’Unità en l’occurrence : agissant ainsi, il s’en prend à un individu isolé, faible, il l’intimide. Je suis seul, parce que je suis un libre penseur. Pour lui, c’est plus facile, il évite de politiser la plainte. En fait, pourquoi, vous les journalistes ne venez pas au procès, qui aura lieu le 7 mai à Pise ?  »

Le plaignant s’appelle Renato Schifani. Il est le président du Sénat depuis avril 2008. Cet avocat, berlusconiste de la première heure, est un élu de la Sicile, (région palermitaine d’Altofonte-Corleone) qui le plébiscite, depuis 1996. L’Italie lui doit, ainsi qu’au sénateur Antonino Maccanico (L’Olivier), un décret-loi en juin 2003 aux petits oignons pour Silvio Berlusconi et en butte aux tracasseries des juges pour ses affaires. Le texte était destiné à bloquer les poursuites et les procès contre Silvio Berlusconi, à l’époque déjà président du Conseil, ainsi que, alibis de Schifani, le président de la République, de la Chambre et du Sénat. Démantibulée par la Constitution italienne en 2004, cette loi sur mesure réapparaît dans son principe depuis le retour de Berlusconi aux affaires.

Mais depuis mai 2008, Renato Schifani le Sicilien doit affronter la bronca de journalistes et d’intellectuels tels l’enquêteur Marco Travaglio, ou Dario Fo, Nobel de littérature, l’attaquant sur ses amitiés maffieuses. Soutenant ce mouvement, Tabucchi se retrouve attaqué en justice par le président du Sénat.
L’écrivain depuis longtemps sonne le tocsin contre le «  berlusconisme  » : « J’ai l’impression que l’Italie va à la dérive. Et à cette dérive politique, représentée par un gouvernement à fort pourcentage d’ex-fascistes et par un Premier ministre à la tête d’un empire économique dont la provenance n’a jamais été révélée, propriétaire de presque toute l’information italienne, s’ajoute une dérive idéologique  » s’alarmait t-il en octobre 2008, toujours dans les pages de L’Unita.

Ecrivain respecté et populaire, Antonio Tabucchi n’a jamais varié de sa profession de foi, qu’il évoquait à l’Unesco en 1999, sur le rôle de l’intellectuel : «  La fonction d’un homme politique est d’apaiser, de montrer que tout va bien grâce à sa seule présence. Mon rôle est d’inquiéter, s’instiller le doute. La faculté de douter est très importante chez l’homme. Si nous cessons de douter, nous sommes perdus! L’intellectuel peut par exemple douter d’une doctrine religieuse fondamentaliste où le doute n’a pas sa place. Il peut s’interroger sur un système politique figé et imposé ou encore sur une esthétique parfaite qui, ni l’un ni l’autre, n’admettent le doute. Les doutes sont comme des tâches sur une chemise impeccable. Moi, j’aime les chemises tâchées. Lorsqu’une chemise est trop propre, trop blanche, le doute est la première chose qui me vient à l’esprit. La fonction de l’intellectuel et de l’écrivain est de douter de la perfection. Les théologiens, les dictateurs ainsi que les tenants de la pensée totalitaire croient en la perfection.  »



Ironie de l’histoire : En 1995, son roman Pereira prétend eût un tel succès qu’il fut question que son auteur au faîte de la popularité se présentât au Sénat. Mais Tabucchi préfère résister contre «  la dictature de la parole  » qu’exerce le Président du Conseil.

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