Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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#Bernard Squarcini #DCRI #L’Espion du président #Le Canard Enchaîné #Robert Laffont

Bernard Squarcini, le super-espion de l’hyperprésident

Publié le 31 janvier 2012 par

Selon Didier Hassoux, journaliste au Canard Enchaîné et co-auteur de « L’Espion du président », l’actuel patron de la DCRI, sous influence Sarkozy, est un « mauvais directeur »

Bernard Squarcini, la DCRI c'est lui, et même un peu trop selon ses détracteurs.
Bernard Squarcini, la DCRI c’est lui, et même un peu trop selon ses détracteurs.
La fiche Wikipédia de Bernard Squarcini n’a pas eu le temps de digérer l’ouvrage L’Espion du président, signé Olivia Recasens, Christophe Labbé et Didier Hassoux (Robert Laffont). Elle semble avoir été rédigée par un RG stagiaire qui a retenu la date de naissance, 12 décembre 1955, le lieu, Rabat au Maroc, et quelques filaments biographiques qui rappellent un brillant démarrage à la direction des Renseignements généraux, notamment sur les affaires de « natios » corses. il faut donc se rabattre sur le document, désormais de référence, des journalistes du Point et du Canard Enchaîné pour mesurer vraiment la personnalité et l’influence du personnage depuis 2007.

Patriote border-line, espion bling bling trop voyant, ou duplicata corse du Belmondo Flic et Voyou ?

Bernard Squarcini existe bien, les enquêteurs ont même déjeuné avec lui dans l’un de ses Q.G qui le résument tout entier: sa table à La Villa Corse du 15e arrondissement, a même droit à sa petite plaque de cuivre. « D’ici, attablé face à l’entrée, il surveille les allées et venues. L’adresse attire des députés, des sénateurs, des flics et l’état-major de la Fédération française de football« , notent les auteurs. Le « maitre-espion » à « l’allure bonhomme de moine trappiste » y est à son aise, avec sa faconde, son art mimétique, et ses secrets à triple-fonds. Dans L’Espion du président, on découvre d’autres facettes : celles d’un espion qui fourre ses pieds dans les casinos, s’arrange avec les voyous, supervise la Corse, écrabouille le concurrent, fait aspirer les ordinateurs et surveiller les téléphones de journalistes au nom de sa république. On découvre aussi un affectif qui ne trouve rien à redire lorsqu’il dégotte des postes pour ses deux rejetons au Conseil général des Bouches-du-Rhône de son grand ami Jean-Noël Guérini.

« J’ai du respect pour l’homme, et c’est un excellent flic, nous martèle Didier Hassoux, enquêteur au Canard et qui le connaît depuis la fin des années 1990, mais il s’est compromis avec la politique. » En l’occurence la politique sarkozyste. En un quinquennat, Bernard Squarcini est devenu le superflic à la tête de ce « FBI à la française » qu’est la DCRI, soit la Direction Centrale du Renseignement Intérieur. Le coup de pouce social vient de Nicolas Sarkozy qui a su récompenser son bouclier armé des élections présidentielles de 2007. Alors N°2 des Renseignements Généraux, il déviait les coups bas des chiraquiens, des petites boutiques à rumeurs et la grande ombre portée d’Yves Bertrand, l’inexpugnable patron des RG.
Lorsque l’on referme cette enquête, le mystère Squarcini est toujours là : est-il un patriote border-line, un espion bling bling trop voyant, un duplicata corse du Belmondo flic et voyou ? « Rien de tout cela, reprend Didier Hassoux, mais ce n’est pas un bon directeur du renseignement. Du fait de la contamination des politiques, et d’un changement de standing dans la hiérarchie des flics, il vit trop avec un sentiment d’impunité. »

Tout est secret défense à la Direction centrale du renseignement intérieur

Le grand intérêt du livre en effet est moins de livrer le misérable petit tas de secrets que recèlerait Bernard Squarcini que de constituer une radiographie sidérante du renseignement français, avec son management, sa mentalité, ses manques cruels. Voulu et créé le 27 juin 2008 par Nicolas Sarkozy, la DCRI, sise au 84, rue de Villiers à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), a pour objectif, selon les termes du ministère de l’Intérieur,  » de déceler et de neutraliser toute menace résultant des activités de services de renseignement de pays adverses, d’organisations ou d’agents se livrant à l’espionnage, au sabotage ou à la subversion.  » L’empire du renseignement est d’autant plus gargantuesque que le directeur a sa tête s’est employé en moins d’un quinquennat à bâtir un système centralisateur et siphonnant la concurrence, celle des RG et de la DGSE. « Les structures et le fonctionnement de la direction sont couverts par le « Secret Défense »« , prévient encore le site du ministère de l’Intérieur.

Portables éteints, ordinateurs déconnectés, courriers portés dans des boites aux lettres, rendez-vous dignes de L’Armée des ombres : Il aura fallu aux auteurs du livre, dépenser des trésors de ténacité, de ruse, de paranoïa aussi, afin de tirer les fils de l’immeuble secret défense. Car si Bernard Squarcini aime tout contrôler, cette enquête peut être alors ressentie comme un affront personnel : l’enquête ne se base pas sur une poignée de ruminants aigris de la maison qui balanceraient, mais sur des dizaines de professionnels du renseignement, opérationnels mais inquiets, parfois choqués, qui construisent des arguments sur les dérives et une certaine faillite de la DCRI.

Les thèses du PS en désaccord fondamental avec la conception centralisatrice et personnalisée de Bernard Squarcini

« Travailler au Canard Enchaîné offre à la fois une protection professionnelle et présente un rapport de force certain avec un interlocuteur tel que « Bernard »  » raconte Didier Hassoux. C’est que Bernard Squarcini a fait savoir qu’il allait porter plainte contre ce miroir disgracieux. En attendant, c’est l’affaire dite « des fadettes« , soit l’instruction clandestine des relevés téléphoniques d’un journaliste du Monde, qui l’a affaibli en le mettant en examen. Un signe du succès de l’enquête : des agents de la DCRI contactent les auteurs après lecture du livre, pour les approuver et sans plus vraiment prendre beaucoup de précautions. Reste qu’à Levallois, la chasse est ouverte et que l’on aimerait bien identifier la quarantaine d’agents qui ont livré leurs états d’âme et leurs analyses assassines aux journalistes.

Le travail des 4000 fonctionnaires -dont 1800 au Q.G de Levallois- est extra-large : avant toute chose,  » la menace terroriste, très évolutive, exige des services de sécurité une adaptation permanente« . En l’occurence Bernard Squarcini sait très bien en rajouter deux ou trois louches politiques et un peu de poudre de perlimpinpin médiatique.

« De surcroît, le développement d’une société dépendante des technologies de l’information et des communications justifie l’investissement consacré à la lutte contre la cyber criminalité », indique le Web de la place Beauvau.
Enfin, la DCRI est inscrite dans une véritable politique publique d’intelligence économique initiée depuis 2003, et peut ainsi faire face à de nouveaux enjeux dans un esprit de partenariat avec les entreprises privées et publiques. » Or sur ces derniers thèmes technologiques et de guerre économique, cruciaux en période de crise, l’enquête d’Olivia Recasens, Didier Hassoux et Christophe Labbé relève une indigence intellectuelle et opérationnelle des services, très loin d’être à la hauteur des enjeux.

Comment le Squale pourrait-il naviguer dans les eaux de gauche du renseignement, si d’aventure le courant politique venait à changer en mai 2012 ?  » Il a pris et continuera de prendre un maximum de contacts avec la gauche, estime Didier Hassoux. Au pire, il sera préfet hors cadre même s’il caresse l’ambition désormais de coordonner la DCRI et la DGSE. » Néanmoins, la conception par trop centralisatrice et personnalisée du petit Bonaparte de Levallois risque de percuter les théories émergentes du Parti socialiste et de leur candidat en la matière.

La Fondation Jean-Jaurès diffuse un net-book du député PS Jean-Jacques Urvoas, en charge de la sécurité rue de Solférino, qui insiste au contraire « sur la nécessité de rebâtir le renseignement de proximité » et de remettre dans le jeu, des acteurs que le DCRI s’était employée à écarter impitoyablement comme les décrivent des chapitres édifiants de « L’Espion du président« . Le Squale saura t-il s’adapter et devenir le nouveau super-espion d’un nouveau président, ou bien sera t-il remplacé lui même par un piranha ambitieux, épluché pour une petite soupe de requin dont on fait les vengeances politiques ? L’épilogue des Dents de la mer du renseignement reste à écrire.

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