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#Kadhafi #Lybie #Pétrole

Comment la rivalité des frères Kadhafi a lessivé le patron de la rente pétrolière lybienne

Publié le 15 septembre 2009 par

Depuis quelques mois, les deux fils de Kadhafi s’affrontent férocement. L’objet de leur querelle est la succession de leur père. Et la main basse sur le pétrole. Résultat : Chukri Ghanem, économiste, universitaire mais surtout responsable de l’illustre entreprise nationale des hydrocarbures, la NOC, las des bagarres intestines, a fini par jeter l’éponge samedi 12 septembre. Depuis la Libye retient son souffle.

h_bravin-2.gif Kadhafi a finit par accepter, samedi soir, la démission de Chukri Ghanem. Sur la table depuis plus d’une semaine, le Guide de la Révolution a mis fin au calvaire, si on peut dire, de Chukri Ghanem, le responsable de la société des hydrocarbures libyenne, la NOC, en poste depuis 2006. Ce n’est pas la première fois que l’ancien premier ministre présente sa démission mais la troisième a été la bonne. En un an, cela fait beaucoup, surtout pour un dirigeant de ce gabarit. Il faut dire que la pression sur le président de la NOC n’a cessé de monter. Au point que C. Ghanem a du, au cours du mois de juin, aller se reposer à Vienne en Autriche pour reprendre un peu son souffle.

La rente pétrolière : la gourmandise des fils Kadhafi

Seif al-Islam
Seif al-Islam
La cause de sa lourde fatigue : les querelles de trois des fils Kadhafi autour de la rente pétrolière.

Dans ce jeu tourmenté, on désigne tout d’abord, Al Mootassem Billah. A la tête, depuis 2005, du Conseil national de la sécurité, une fonction ministérielle mais sans ministère, ce dernier est particulièrement remonté contre son frère aîné, Seif El Islam. Et pour cause, Kadhafi leur a demandé à tous deux de gérer la rente pétrolière. Non par penchant manipulateur et sadique, «  mais par prudence. Eh oui, le Guide qui se fait vieux (68 ans) ne sait toujours pas qui de ses deux fils, dans lesquels il a le plus confiance, peut prétendre à sa sucession.

Prudentissime, il cherche donc, bon an mal an, à savoir lequel sera le plus habile, le plus sûr à développer, mais surtout et avant tout à préserver les intérêts de l’ultime richesse de la Jamahiriya, l’or noir. Ce petit jeu d’échecs naturellement occasionne des dégâts collatéraux. Depuis sa mise en place, le premier à en faire les frais est sans contexte Chuckri Ghanem.

Vers l’économie de marché

Chukri Ghanem à Vienne en 2008
Chukri Ghanem à Vienne en 2008
Economiste formé aux Etats-Unis et expert pétrolier, Chukri Ghanem a émergé au milieu des années 1990, comme l’une des voix prônant la libéralisation économique.

Ancien vice-ministre du Pétrole puis administrateur de l’OPEP à Vienne, il va, dans cette fabuleuse ville, où tous les brokers du monde se rencontrent, se lier d’amitié avec Seif el Islam Kadhafi. Première erreur de Chukri Ghanem : son amitié trop forte pour Saïf lui fait mettre non seulement le doigt, mais aussi la main dans un système dont il ne tire pas directement les ficelles.

Pour récompenser sa vive fidélité et son sens des affaires, Saïf el Islam le propulse, en décembre 2001, à la tête du ministère de l’Economie et du commerce extérieur. Puis comme Premier ministre en 2003, une véritable success story libyenne pour ce petit professeur d’université. Sa mission : conduire la Libye vers une économie de marché. Mais c’est l’échec.

Rendu impopulaire, -grâce aux bons soins d’Al Mootassem qui y veille de très près-, auprès des Comités populaires hostiles aux privatisations, et surtout de la population qui redoute la suppression des subventions sur les produits de base, il est remercié en mars 2006. Saïf el Islam ne le laissera pas pour autant tomber. Désireux de le garder à ses côtés, les affaires étant les affaires, il obtient ainsi pour C. Ghanem la direction de la stratégique Compagnie nationale du pétrole. C. Ghanem, toujours ambitieux, accepte. C’est sa deuxième erreur.

Pourtant, durant trois ans, le tandem va flirter avec le succès. Saïf El Islam continue à enchaîner les coups diplomatiques. En 2000, il avait déjà réussi, grâce à sa Fondation pour le développement, à libérer, contre une forte rançon, les otages allemands retenus sur l’île de Jolo par un groupe islamiste. Sept années plus tard, il réitère l’opération avec les infirmières bulgares.

Autre belle réussite : le retour d’un ambassadeur US en Libye qui malgré la levée de l’embargo se faisait vraiment désirer. La nomination de l’ambassadeur le consacre enfin aux yeux de son père. De son côté, C. Ghanem, à la tête de la NOC attire les investisseurs. Les dirigeants des plus grosses compagnies étrangères frappent à sa porte pour le pétrole et le gaz libyen. Le président de la NOC oublie du coup sa disgrâce humiliante au poste de premier ministre. Il est à nouveau Prince. Mais ses jours lui sont comptés par les autres deux frères, qui dans l’ombre guettent avec envie le succès des deux acolytes.

La fin de la lune de miel

Hannibal
Hannibal
2009 constitue un crû abominable pour le président de la NOC. Tous les coups sont permis.

Hannibal, qui a, dit-on, à son actif plusieurs cures de désintoxication tente d’entraîner C. Ghanem dans des affaires pas très claires.

De son côté, Al Mootassem tente de le déstabiliser. Des accusations fusent. C. Ghanem entre, par ailleurs, en conflit avec le premier ministre al-Bagdadi Ali Mamoudi au sujet d’une réforme assez conservatrice. Il refuse de de nommer un libyen à la tête de chaque filiale étrangère. Du coup, les relations, déjà pas très au beau fixe, depuis déjà quelques mois, entre le premier ministre et le président de la Noc, en prennent une nouvelle fois un coup.

L’affaire des deux hommes d’affaires suisses –qui fait suite à la mise en accusation d’Hannibal par les autorités suisses pour coups et blessures envers ses domestiques- retenus par les Libyens va être la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Dans cette affaire, C. Ghanem a réclamé expressément la libération des Suisses afin d’éviter une dégradation des relations avec l’état helvète qui «  pourrait porter atteinte aux intérêts pétroliers de la Libye en Suisse  » : soit la bagatelle de 700 stations de services de la compagnie Libyenne Tamoil qui sont, en effet, implantées en Suisse. Or, Hannibal s’y oppose férocement.

Le fils Kadhafi exige de plus que les policiers Genevois mis en cause dans l’ «  affaire des domestiques  » soient sanctionnés par les autorités, refusant ainsi la médiation internationale mise en place pour traiter cette affaire qui le concerne directement. Un comportement qui l’a fait sortir de ses gonds, ruinant les efforts diplomatiques de C. Ghanem. Bousculé par les querelles des fils Kadhafi, le puissant président de la NOC a quitté son poste sans crier gare.

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