Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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Des «  subprimes  » aux «  foodprimes  »

Publié le 31 juillet 2014 par

Nice Nord, le CRADOMM (Centre régional d'action et diffusion de l'obésité en milieu modeste) ©Lestrainscachés
Nice Nord, le CRADOMM (Centre régional d’action et diffusion de l’obésité en milieu modeste) ©Lestrainscachés

«  Les grandes marques s’engagent  ». Le consommateur découvrit un beau matin sur son écran de télévision aux heures de grande écoute, que différents noms célèbres de l’industrie agro-alimentaire tenaient à rappeler quel était leur impact sur le monde dans lequel s’exerçait leur activité (voir www.lesgrandesmarquessengagent.com) . On apprenait dans les spots diffusés en boucle que Heineken «  s’engage pour une consommation d’alcool responsable  », que Béghin Say «  agit en faveur de régions où il est implanté  », que Fleury Michon est engagé «  pour plus de naturalité et d’équilibre  », ou encore que la filière «  Fleur de Colza  » «  respecte l’environnement  ».
Bref, des entreprises ressentaient le besoin d’anticiper. Il s’agissait de prendre les devants, semblaient-elles estimer, avant qu’on leur pose trop brutalement la question, à coup de défiance voire de rejet de leurs produits. De la vache folle à la crise de la viande de cheval en passant par l’ opprobre jetée sur l’huile de palme, pour ne considérer que le passé récent, les précédents épisodes avaient échaudé ce secteur industriel. Les «  food primes  » après les «  subprimes  » ?

L’alimentation n’a pas de ministère

Une sorte d’effroi semblait avoir saisi ces grandes entreprises face au gouffre entre l’étendue de leur responsabilité et la grande liberté qui leur était offerte pour y faire face. Les groupes leader de l’agro-alimentaire orientaient les habitudes alimentaires, avaient un impact sur la santé publique, contribuaient à sculpter les paysages des régions où ils se fournissaient et le sort des producteurs qui les achalandaient. Pour autant, les options de croissance et de développement qu’ils mettaient en œuvre s’inscrivaient dans un cahier des charges très lâche. L’alimentation n’avait pas de ministère. Ou sinon c’était un ministère éparpillé, entre la santé, la consommation, la culture, l’agriculture qui n’avait pas le pouvoir de définir un cadre général des droits et devoirs de l’industrie agro-alimentaire vis à vis de la collectivité. La structure censée donnée une cohérence à l’ensemble était de nature commerciale et sanitaire. L’éducation, la culture, le bien-être, l’aménagement des territoires passaient après.

Le droit de l’alimentation est avant tout un droit de la concurrence

Au sommet, l’organisation du secteur alimentaire était coiffée par le principe de libre circulation des marchandises de l’OMC, qui ne faisait pas de différence entre le boisseau de soja, la tonne de cuivre et la tonne équivalent carcasse de boeuf : tout devait pouvoir circuler librement, avec des contraintes sanitaires en plus dans le domaine alimentaire. La règle fondamentale était reprise au niveau européen. «  Le Règlement 178-2002 est l’ équivalent d’une constitution européenne pour le droit de l’alimentation  » rappelle François Collart-Dutilleul, professeur à l’université de Nantes, membre du Conseil national de l’alimentation. Le texte s’appuyait sur deux piliers : la libre circulation des marchandises d’une part, le critère sanitaire de l’autre. «  On est face à un système de libre échange qui vient de l’OMC pour descendre jusqu’à l’Europe puis au niveau de chaque état. Le droit de l’alimentation est donc avant tout droit sanitaire et un droit de la concurrence.  »

Beaucoup de pouvoir peu de responsabilités

Beaucoup de pouvoir, peu de responsabilité : c’est que ce qui sans doute donnait le vertige aux grandes marques du secteur et justifiait leur initiative de communication à la télévision. La problématique concernait l’ensemble des entreprises. Mais dans ce domaine, seule la peur semblait capable de générer l’action. L’agro-alimentaire qui avait senti plusieurs fois entre la fin du XXe siècle et le début du suivant, le souffle irrationnel des grandes peurs alimentaires était en première ligne.

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