Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

Filtré pour vous : L'actualité politique et intellectuelle

Jonathan Ames, de notre envoyé spécial à Boboland

Publié le 3 mars 2012 par

Romancier, journaliste, comédien et réalisateur, Jonathan Ames écrit sur un peu tout dans « Une double vie, c’est deux fois mieux ». Mais pas n’importe comment.

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Jonathan n’aime pas les gothiques (ils lui font un peu peur, pour tout dire, avec leurs bizarreries vestimentaires) ni le Midwest (« Le Midwest semble engendrer le meurtre en série. Ce doit être à cause du côté encaissé de sa configuration géographique. ») ; en revanche Jonathan Ames –le jeu de mots est facile et donc irrésistible- les jolies joueuses de tennis et le velours côtelé. C’est peu, mais assez pour donner une idée d’ensemble. Pour cerner plus finement le bonhomme, et le présenter à ceux qui ne connaissent pas encore l’écrivain-journaliste-comédien new-yorkais, on dira qu’il n’est pas si différent d’un Philip Roth quand ce dernier était encore drôle.

On lui doit trois (maintenant quatre) livres parus en France, sur les huit écrits : Je vais comme la nuit, L’homme de compagnie et Réveillez-vous, Monsieur !, ainsi qu’une série, Bored to death (le premier chapitre d’Une double vie, c’est deux fois mieux est à l’origine de ce projet), créée pour HBO, et dont la troisième saison est visible en France sur Orange Ciné novo depuis mi-février. Bref. Le monsieur travaille beaucoup, et écrit des choses assez variées pour que tenter de définir son nouvel ouvrage s’avère redoutablement complexe.

Il y a un peu de tout, dans Une double vie, c’est deux fois mieux, même un comics absurdement trash, mais c’est au final bien meilleur que la soupe de Casimir. En vrac, on parlera donc du premier texte, Un ennui mortel, délicieux pastiche de roman noir écrit à la première personne, qui met en scène un écrivain en proie au désoeuvrement et qui, inspiré par ses lectures favorites, va poster sur le net une petite annonce proposant ses services en qualité de détective privé (très) amateur. Et aussi, dans la catégorie «  Journalisme  », le rapprochement aussi improbable qu’attendrissant de l’homme à la veste de tweed et de Marilyn Manson, sur fond de cuite très chic à l’absinthe. Sans oublier quelques tentatives autobiographiques (dont une en huit mots et un croquis), ou le récit d’un cours collectif –mais très particulier- durant lequel notre auteur, secondé par une moitié de pêche et un ballon, va se familiariser avec les mystères du plaisir féminin.

«  Si on m’envoyait dans un endroit dangereux, j’aurais sûrement la diarrhée avant même que l’avion atterrisse, rien qu’en pensant à l’eau du robinet  »

Et on citera encore, pour le plaisir de la citation, justement, L’Eglise des apparences : Trois nuits dans le Meatpacking District, récit d’un reportage au cœur du boboland new-yorkais qui nous vaut ces quelques lignes immarcescibles : «  Certains journalistes sont envoyés en Afghanistan ou au Darfour ou à Bagdad. Moi, on m’envoie dans la Mecque du New York branché pour dîner dans des restaurants de grande classe et regarder les jolies filles. (…) Si on m’envoyait dans un endroit dangereux, j’aurais sûrement la diarrhée avant même que l’avion atterrisse, rien qu’en pensant à l’eau du robinet. De plus, mes parents ne me laisseraient sans doute pas partir, même si j’ai quarante-trois ans. D’aucuns pourraient dire que je suis infantilisé, d’autres que je suis un bon garçon juif. Ils auraient tous raison.  »

C’est Jonathan Ames ; ce n’est pas lui. C’est son double littéraire ou son frère de lait. C’est vrai, ou ça ne l’est pas du tout, peu importe : après tout, on s’en fout. Parce que c’est amusant, bien écrit, malin, parce que ses «  articles  » ressemblent à de petites nouvelles –l’inverse est vrai aussi-, parce que l’autofiction se porte bien mieux de l’autre côté de l’Atlantique (une banale histoire de méridien), et parce qu’au final, et sans mauvais jeu de mots, Jonathan, nous, on l’aime beaucoup.

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