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L’historien Stéphane Audouin-Rouzeau ouvre le feu sur Hubert Védrine

Publié le 8 novembre 2018 par

Quand l’invitation d’Hubert Védrine à un séminaire sur les violences déclenche les foudres d’un historien de l’EHESS.

L'ex Ministre des affaires étrangères et essayiste à succès se retrouve dans le collimateur d'un chercheur, spécialiste du génocide rwandais.
L’ex Ministre des affaires étrangères et essayiste à succès se retrouve dans le collimateur d’un chercheur, spécialiste du génocide rwandais.

Polémique. «  En tant que chercheur de l’EHESS, comme historien, comme simple citoyen enfin, face à cette intervention programmée d’Hubert Védrine au 54 bvd Raspail, je tenais tout simplement à dire ma honte. » Ce mail adressé à ses collègues est signé de l’historien Stéphane Audouin-Rouzeau.

Le 22 novembre prochain, l’ancien ministre des Affaires Étrangères est l’invité d’un séminaire de la Fondation de la Maison des sciences de l’Homme (FMSH) que dirige Michel Wieviorka, colocataire de l’École des hautes-études en sciences sociales (EHESS). Fort de son expérience, le diplomate et essayiste à succès est invité à plancher sur le sujet suivant, «  S’informer pour décider : quel rôle joué par la recherche pour la prise de décisions dans des crises internationales ?  » Séminaire très fermé : «  La séance se déroulera selon les Chatham House Rules qui interdisent aux participants de citer les propos tenus par les conférenciers  », précise le site de la FMSH.
Or, pour Stéphane Audouin-Rouzeau «  cette invitation est tout simplement scandaleuse  », et le fait sortir de ses tranchées. Connu pour ses travaux d’anthropologie notamment sur la Grande guerre et le Rwanda, il met précisément en cause, le rôle d’Hubert Védrine dans le génocide rwandais.
Arguments principaux : «  Elle surprend d’autant plus que l’on sait le peu de cas que l’ancien Secrétaire général de l’Élysée entre 1991 et 1995 fit de la recherche lors de l’une des «  crises internationales  » majeure de la fin du XXe siècle : le génocide des Tutsi du Rwanda (800.000 victimes au moins, entre avril et juillet 1994). » Au passage, il dégomme le journaliste Pierre Péan et son «  ouvrage  » conspirationniste  » qui tend à inverser victimes et bourreaux Carnages. Les guerres secrètes des grands puissances en Afrique, Fayard, 2010), et dont Védrine fait l’éloge dans Le Débat en janvier-février 2011.  »

«  Comme Secrétaire général de l’Élysée, Hubert Védrine ne peut avoir été étranger à une série de décisions qui eurent des conséquences d’une extrême gravité. »

L'anthropologue et directeur d'études de l'EHESS Stéphane Audouin-Rouzeau : pour lui, l'invitation d'Hubert Védrine à la FMSH est totalement scandaleuse.
L’anthropologue et directeur d’études de l’EHESS Stéphane Audouin-Rouzeau : pour lui, l’invitation d’Hubert Védrine à la FMSH est totalement scandaleuse.

Pour Stéphane Audouin-Rouzeau pas de doute scientifique et un long développement : «  De 1990 à 1994, la France a soutenu à bout de bras un régime responsable de massacres à grande échelle, suivis d’un génocide. Alors que l’entreprise d’extermination des Tutsi a débuté le 7 avril 1994, c’est au sein de l’ambassade de France, les 8 et 9 avril, que s’est constitué le gouvernement intérimaire qui mettra tout son zèle au service de l’extension de la politique meurtrière à l’ensemble du pays. Ces faits, tout comme la visite à Paris, le 27 avril, de deux hauts responsables du gouvernement criminel alors en place à Kigali, sont reconnus par tous. Comme Secrétaire général de l’Élysée, Hubert Védrine ne peut avoir été étranger à une série de décisions qui eurent des conséquences d’une extrême gravité.
Au titre des faits admis, citons également la poursuite des livraisons d’armes au régime responsable du génocide en cours. Hubert Védrine en personne l’a reconnu devant la Commission de la Défense de l’Assemblée nationale lors d’une audition du 16 avril 2014 : «  Donc il est resté des relations d’armement et ce n’est pas la peine de découvrir sur un ton outragé qu’il y a eu des livraisons qui se sont poursuivies, c’est la suite de l’engagement d’avant, la France considérant que pour imposer une solution politique, il fallait bloquer l’offensive militaire.
[…] Cela n’a rien à voir avec le génocide.  »
Or, faut-il rappeler que l’armée rwandaise fut précisément un acteur central du génocide ? De tels propos, tenus vingt ans après l’événement, sont caractéristiques d’une défense frontale de la politique française de l’époque dont Hubert Védrine fut l’un des maîtres d’œuvre. Depuis cette date, on attend en vain le moindre mot de regret
. »
Bref, Hubert Védrine n’est pas à la hauteur, et a même eu une proposition sur l’après-Rwanda, «  littéralement délirante qui témoignait d’une profonde ignorance des réalités historiques et sociologiques du pays  », celle d’instituer un «  Hutuland  » et un «  Tutsiland  » pour mettre fin à la crise des Grands Lacs.
«  Violence et sortie de la violence  » est le titre de ce séminaire plutôt ambitieux et riche. C’est pas gagné.

Lire la suite du feuilleton ici.

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