Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

Filtré pour vous : L'actualité politique et intellectuelle

#Achille #Albert Camus #Appollinaire #Capes #Cassandre #Sisyphe #Ulysse

La fin du CAPES de lettres classiques ou la fin de la modernité ?

Publié le 1 mai 2013 par

Pour redevenir moderne, réapprendre le grec ancien et redécouvrir Achille, Ulysse et Cassandre

le_mytho2.jpg Cette année, il n’y aura en lettres plus qu’un Capes, celui des lettres autrefois dites modernes. Il y avait trop peu d’étudiants et trop peu d’élèves en grec ancien et en latin dans les classes en collèges et lycées. Tout le monde s’en moque. Pas les mythologues qui savent ce que modernité veut dire.

La mode est une rupture, la modernité qui semble avoir la même racine exprime, au contraire, l’intemporalité. La mode a la même étymologie que le mode. La manière d’être. Alors que moderne signifie récent, actuel, pérenne… Voilà pourquoi les poètes aiment à crier «   Il faut être absolument moderne !   » Il faut s’exprimer aujourd’hui pour aujourd’hui et pour demain.
Il faut être intemporel, hors du temps !

Hier ou l’apogée de la modernité ?

«  Entre le monde ancien et le monde nouveau   » écrivait Apollinaire rentrant tout cabossé du front car il avait vu et vécu le mythe du sédentaire qui défend son bout de terre jusqu’au désespoir, jusqu’à l’absurde du mètre gagné un jour et reperdu le lendemain. Le monde ancien est celui du sédentaire qui s’oppose au nomade, qui va de l’avant, vers l’avenir, regarde les étoiles «  intemporelles   » dans le ciel pour se diriger et revisite sans cesse les idées du passé pour continuer son chemin.
Le monde ancien ne visite que les idées d’hier matin. Ni Histoire, ni géographie. Le monde moderne visitent l’Histoire en mouvement, l’altérité et se demande inquiet si demain sera comme hier, quels sont les invariants, quels seraient les ruptures.
Le grec ancien, nouvelle langue contemporaine ?

Je me souviens de cet énorme «  Bailly   » (dictionnaire de grec ancien) commençant inéluctablement par le mot «  Aatos  » (inviolable et invincible) et se terminant par le mot «  Auaudès   » (qui ressemble à un œuf). Tout est dans ces deux mots : la forme de l’œuf, berceau et symbole de toute vie, nécessairement inviolable tant elle est sacrée. Le dictionnaire semble nous dire que «  tant que les hommes conserveront leur berceau ovale , ils sont invincibles   ». Car ils regarderont vers l’avenir. Etudier le passé ne sert à rien s’il ne permet pas de faire référence au futur qui nous attend et s’il n’est pas interrogation sur l’homme dans son «  éco-système  » en équilibre instable.

Passé, présent, futur, la définition du mythe

Chaque mythe est précisément cette narration originelle et originale qui n’a pas d’âge (on ne sait plus d’où cette histoire vient ni qui l’a racontée le premier, il y a combien de temps…). Mais ce que les humains savent c’est que cette histoire souvent invraisemblable est vraie, ou qu’elle semble posséder une bonne dose de vérité à leurs yeux. L’humanité fait partie de la nature, qu’elle le veuille ou non, qu’elle décide de tenter de la dominer ou non. La modernité est, paradoxalement, l’expression de cette pérennité naturelle et culturelle. L’écologie ne trouve pas les mots pour le plus grand nombre mais elle redécouvre cette idée de la continuité de la modernité. On n’aime pas ce mot embrouillé par le poids dominant du XIXe siècle industriel et des cheminées qui fument.

La Renaissance est l’expression même de la modernité.

Quand un Occidental pense modernité, c’est l’époque de la Renaissance qui lui vient à l’esprit. On découvre tout, l’ouverture au monde, aux sciences, à la pensée, à l’art parce qu’on redécouvre tout : le monde grec et ses penseurs, ses mathématiciens, la bible en hébreu, les écrits des premiers chrétiens, la pensée de Confucius…La modernité est l’art, la culture, la volonté de redécouvrir avec des yeux grand ouverts ce qui a construit le monde. Dans ce monde trop grand pour nous, où nous nous perdons, il faudrait, sans doute refaire le tour de la Méditerranée, le déjà trop vaste monde d’autrefois.
Pour redevenir moderne, réapprendre le grec ancien et redécouvrir Achille, Ulysse et…Cassandre. Achille pouvait dormir tranquille chez lui. Il choisit la gloire et la mort, par amitié, par tragique nécessité de la nature humaine. Ulysse nous enseigne que la fidélité masculine est plus forte que tout même s’il est passé par le lit de Calypso, de Circé…Cassandre nous montre la voie de la lucidité, dût-elle y laisser sa vie.
Ces personnages, ces archétypes qui nous gouvernent toujours ont été inventés il y a trois mille ans et ont été pensés par l’homme il y a dix mille ans. Nous ne pouvons leur échapper car ils sont les répliques de nous-mêmes. Nous ne pouvons éviter la modernité car notre regard est tourné vers le futur, au travers de ces histoires écrites en grec ancien.

Le monde deviendra moderne lorsque le Capes (ou un autre acronyme) de lettres classiques refera surface comme le mythe de Sisyphe, ce sage (on le dirait médecin aujourd’hui) parmi les sages qui voulut enchaîner la mort et rendre les humains immortels. Cela faisait de la concurrence aux divinités de l’Olympe ! On connait la suite…Il devint un travailleur enchaîné…et selon Albert Camus, «  heureux de l’être   ». Triste et réaliste destin que celui des hommes modernes qui ont lu Homère !

Je m'abonne ! Partage Twitter Partage Facebook Imprimer

Laisser un commentaire

Ce site web utilise ses propres cookies et ceux de tiers pour son bon fonctionnement et à des fins d analyse. En cliquant sur le bouton Accepter, vous acceptez l utilisation de ces technologies et le traitement de vos données à ces fins. Vous pouvez consulter notre politique en matière de cookies.   
Privacidad