Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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#Boris Boillon #Irak #Le Figaro #Le Rhéteur cosmopolite #Rhétorique #Tunisie

La mauvaise parole d’un diplomate

Publié le 14 juin 2012 par

(Source Klincksieck)
(Source Klincksieck)
Scripta manent! Jamais le proverbe ne fut aussi juste à propos de M. Boillon dont Mediapart nous annonce le renvoi de son ambassade à Tunis. A sa prise de fonction en Irak, et à ses premiers déboires de Sarkoboy, il élucubrait, pour Le Figaro dont la liberté de flatter était alors inextinguible envers le Prince, sur “l’Irak laboratoire de la democratie”. Quand je dis «  laboratoire  » je pense vivisection : l’Irak, ou la démocratie sous vivisection ?

J’ai donc procédé à un décodage rhétorique puisque, sous l’effronterie du titre, il faut supposer soit que le langage qui en apporte les preuves est codé, soit qu’il ne l’est pas. S’il est codé il convient de le décoder. S’il n’est pas codé, il faut alors penser que l’ambassadeur en question était dans la brochette 11 à 13/20 et que sa seule compétence est celle qui fit s’exclamer un journaliste – lui, avait dû être dans les 7/20 : la profession était aussi, naguère, un mode de placement des recrues en dessous de la moyenne – : «  Il parle même l’arabe!  »[[Au temps de la grandeur des services secrets anglais, les très bonnes recrues y restaient, sous des alias divers, les 13/20 étaient placées au Foreign Office et les 10/20 casées au British Council. Et tous restaient espions, pour dire les choses simplement. J’ignore si les Langues O’, ou Sciences Po’, sont encore un terroir de recrutement et si ce système a jamais fonctionné chez nous]]. On est soulagé que nos diplomates sachent parler la langue des pays où ils sont en poste. Je suppose même qu’ils ont appris le français.

Adonc, décodage rhétorique d’un discours d’ambassadeur pour en apprendre un peu plus sur la manière dont la voix de la France se fait entendre quand nous n’y sommes pasr[[http://www.lefigaro.fr/international/2010/08/30/01003-20100830ARTFIG00616-l-irak-laboratoire-de-la-democratie-du-monde-arabe.php]]. Bien entendu il s’agit là d’une entrevue de journal, pas de câbles diplomatiques donc d’une rhétorique qui nous vise. On appelle cela parfois public diplomacy, parfois propagande. Au choix.

Décodage 1 : Montage d’un sophisme diplomatique.

Question: «  Les Américains quittent l’Irak. Est-ce une bonne nouvelle ?  »

Réponse: «  Oui, pour plusieurs raisons. D’abord, le respect d’un accord passé entre Américains et Irakiens prouve que les choses se passent comme on l’avait prévu. Ensuite parce que le départ des soldats américains prive les terroristes de leur principal argument, l’occupation étrangère. Le retrait achève aussi de responsabiliser les forces de sécurité irakiennes, qui montent en puissance depuis deux ans. Nombreux sont ceux qui pensaient que la guerre civile serait inévitable. Elle n’a jamais eu lieu. Enfin, les États-Unis et l’Irak vont pouvoir renouveler leur relation, en partant sur de nouvelles bases. Tous les partis se félicitent de ce retrait. Il n’y a pas un seul responsable irakien qui demanderait qu’il soit reporté, ce serait un suicide politique  ».

Décodage: Ceci est un sophisme en trois mouvements:

  • «  D’abord etc.  »: le respect de l’accord ne démontre pas que tout s’est passé «  comme prévu  », car l’argument est tautologique: M. Obama commence à retirer des troupes pour des raisons qui sont aussi, et principalement diront certains, de politique intérieure, qui n’ont rien à voir avec un calendrier extérieur. Son Excellence confond donc motif et intention. Car, de fait, c’est le retrait (pour un motif intérieur) qui donne substance à ce fameux accord, et donc avalise l’intention, et non l’inverse.
  • «  Ensuite etc.  »: le départ est juste entamé, et tant qu’il restera des troupes de combat ou de soutien (50 000), en sus desquelles les troupes de sécurité privées employées par les Affaires étrangères américaines (le Département d’État) (7 000 prévues, installées dans cinq «  forteresses  »), outre la construction de deux énormes consulats (coût: 1 milliard $), le renforcement de la flotte aérienne de surveillance et de destruction, plus de mille véhicules blindés, toute une armada contrôlée par les Américains, on doute que la population ait un sens évident de la fin de l’occupation même devenue une «  présence  » protectrice régie par lesdites Affaires étrangères, et, c’est évident, les services secrets. On doute que les attentats diminuent pour cette raison[[Cette chronique a été écrite voilà un an. Tout continue au même train.]].
  • «  Enfin etc.  » : de quelles «  nouvelles bases  » parle l’Excellence ? Ah oui, ces bases, ce sont les deux premiers points énoncés qui, passez muscade, sont devenus des évidences mais qui, comme je viens de le démontrer, sont et restent des sophismes.

L’ambassadeur ajoute alors à ces trois fausses preuves logiques une preuve que nous appelons «  éthique  »: les Irakiens sont contents. De fait, même les Miliciens de Vichy en ont eu, à un moment, assez que les Boches leur disent comment torturer leurs compatriotes, ils voulaient pouvoir «  se féliciter  » de le faire à la française. Bref, ce premier paragraphe est monté comme un syllogisme sophistique : (a) puisque les Américains et les Irakiens (mais, de fait qui sont «  les Irakiens  »? les shiites, les sunnites, les Kurdes ? un autre sophisme masqué, passons…) respectent leur accord, et (b) que l’occupation américaine est finie, (c) donc il reste un élément respectable, les «  partis qui se félicitent  ». Certes, certes, c’est cela.

Première technique rhétorique: le syllogisme fallacieux, en trois temps, trois mouvements, dont chaque moment est fabriqué à partir de sophismes ponctuels.

Décodage 2 : Montage d’effets de réel.

Question: «  Pourtant, la violence se poursuit  ».

Réponse: «  Depuis août 2009, il y a effectivement, régulièrement, des attentats spectaculaires et coordonnés, qui portent la marque de fabrique d’Al-Qaïda. Ces attentats visent les symboles du pouvoir, irakien ou international. Ils touchent généralement des zones ethniquement ou religieusement mixtes. Mais les violences sont circonscrites à Bagdad et à ses environs ainsi qu’aux zones frontalières comme Mossoul ou Kirkuk. Et la tactique d’Al-Qaïda, qui vise à mettre le pays à feu et à sang, à ranimer la guerre civile, a échoué. Le spectre de la partition de l’Irak est derrière nous. Le confessionnalisme n’apparaît dans aucun programme politique. Pour le reste, et contrairement à ce qu’on lit un peu partout, il n’y a pas de dégradation de la sécurité. Au contraire, le bilan s’est amélioré, puisque nous sommes passés de cent morts par jour il y a quatre ans à une dizaine par jour aujourd’hui. En fait, la tendance s’est inversée à partir du moment où les troupes américaines ont commencé à quitter les villes, en juin 2009. Avec le retrait définitif, cette tendance devrait se poursuivre et se stabiliser  ».

Décodage: Cette réponse est un deuxième montage rhétorique, car pour répondre à une question il est souvent indiqué de faire parler la chronologie en y attachant des images clefs, et de parler chiffres. Cette technique a pour but de créer un effet de réalité: la date produit un effet de réel, tandis que l’image ancre la date dans l’imagination. Les chiffres, on connaît leur effet ponctuel de «  vérité  ».

Donc, nous dit le prince de la dépêche, en «  2009  » les attentats, atroces, furent «  spectaculaires  » et «  circonscrits  ». Décodage, en trois temps :

  • Premièrement, l’épithète «  spectaculaire  » ne diminue en rien l’atrocité des massacres : un massacre qui est, en outre, spectaculaire est donc un massacre qui fait encore plus d’effet, et pas moins…mais passons. J’aurais dit : «  fabriqués pour impressionner les médias  ».
  • Deuxièmement, «  Kirkuk  » : cette ville est plus qu’une zone «  circonscrite  », c’est le joyau pétrolifère du Kurdistan que protège l’armée américaine le long de la ligne de démarcation (ou Ligne verte) sécurisée par les Américains qui ont ainsi créé, dans le Kurdistan qui est lui-même sous leur protectorat, une zone effectivement «  circonscrite  » ; mais pas au sens suggéré (où la violence est «  contenue  »), mais au sens où elle est leur chasse gardée. «  Circonscrit  » semble indiquer une baisse de tension, comme on dit qu’un feu est circonscrit, alors qu’en fait c’est ici exactement l’inverse : la zone est l’enjeu de telles convoitises qu’elle a été mise sous la coupe américaine.

Dans les deux cas un mot fort, qui fait image, est employé pour signifier le contraire de la réalité.

  • Quid de «  spectre de la partition  » ? On savoure l’ironie: le «  spectre est derrière nous  » mais la réalité, elle, est mise sous nos yeux, sub oculos subjecta comme on dit en rhétorique: toutes les sources intelligentes s’accordent à dire que le Kurdistan est le prochain terrain de «  partition  ». En parlant d’Al-Qaïda et en sous-entendant une partition religieuse, devenue «  spectrale  », l’ambassadeur détourne l’attention du réel enjeu territorial, Kirkouk. Et puis il faudrait lui rappeler que le propre d’un spectre est d’apparaître devant nous, pour effrayer, pas derrière nous où personne ne le voit.

Conclusion, sur les talons d’un chiffre iconique, «  une dizaine  », la «  tendance s’est inversée  ». Mais, en août 2010, 57 morts dans un attentat audacieux contre un centre de recrutement, et 60 dans des attaques remarquablement coordonnées contre des postes de police, tandis qu’en mai il y eut ce que certains ont nommé le «  pire des attentats  », est-ce là une tendance qui s’inverse ? «  Tendance  » fait image et rend la réalité opaque.

On comprend le montage rhétorique – user de mots-images pour biaiser avec la réalité – mais quel en est le ressort ? Le ressort est la position de parole : il est difficile au journaliste, même s’il n’était pas servile, de répondre et de corriger à chaque fois. Les commentaires en ligne s’en chargent bien sûr mais, hélas, dans le désordre et sans argumentation soutenue, donc à peine perdue : dans un blog ou une page de commentaires celui qui poste le dernier mot fait autorité, pendant cinq secondes, et on passe au commentaire suivant.

D’où la conclusion péremptoire et en pratique irréfutable, mais qui n’est qu’une une fable, une fiction, ou, soyons aimables, un scénario (mais en rhétorique «  fictio  » se traduit justement par «  scénario  », et le mot grec est pire, et je vous le donne : plasma). L’ambassadeur parle plastique.

Décodage 3 : Comment créer une interprétation «  évidente  ».

Question: «  Le fait qu’aucun gouvernement ne soit encore sorti des dernières élections ne crée-t-il pas un vide politique ?  »

Réponse: «  Encore une idée fausse ! Il y a, en Irak, un gouvernement qui gouverne, et qui gouverne bien, ainsi qu’un Parlement élu. Il ne faut pas se plaindre : nous avons des forces politiques irakiennes qui discutent depuis cinq mois. Il y a trois ans, les comptes politiques se réglaient avec les armes… Et lorsqu’on voit ce qui se passe en Italie ou en Belgique, l’Europe a-t-elle vraiment des leçons à donner ? Nous assistons aujourd’hui en Irak à une lutte non violente pour l’accès au pouvoir politique… Le blocage est lié à des questions de personnes et non pas à des différences confessionnelles. L’absence d’émergence d’un consensus autour d’un chef de gouvernement prouve que le jeu politique se déroule uniquement en Irak et qu’aucun pays voisin n’est en mesure d’imposer son choix sur la politique irakienne. Même si c’est enfoncer une porte ouverte, il faut redire que les dernières élections ont constitué une victoire pour la démocratie. Il n’y a pas tant d’autres pays dans la région où les résultats ne sont pas connus avant le vote…  »

Décodage: Une autre technologie rhétorique consiste à fabriquer une interprétation «  évidente  ». Pas de chiffres, pas de recours aux «  faits  ». Il sort même de son poste en plaisantant, pétulant, sur deux pays voisins de l’Union Européenne. Comme dans le travail d’ «  intelligence  », il y a ceux qui collectent et ceux qui analysent. Il analyse, en deux temps :

  • «  Idée fausse  ». Donc l’idée vraie est que l’Irak est gouvernée, comme la Belgique et l’Italie, objet de sa saillie (qui, n’est-ce pas, sont sous occupation américaine…). Usage de l’analogie : elle est une technique d’interprétation (a est plus ou moins comme b, et b comme c, donc etc.), qui est mise en action pour divertir, au sens exact du mot, nous mettre sur un chemin de traverse. De fait, la base de cette analogie est fausse : le conseiller à la sécurité de M. Obama venait de rappeler que former un gouvernement est «  une urgence  », tandis que le général qui avait pour mission de former les troupes de sécurité militaire signalait que le plus grand danger d’un retrait américain trop visible (hormis la masse de soutien et de sécurité privée sous contrôle de Madame Clinton) est que les généraux irakiens «  se mêlent de politique  ».
  • «  Jeu politique  ». Le manque prolongé, avéré de stabilité est redéfini comme un «  jeu  » – ici la chausse-trape rhétorique est dans l’utilisation d’une amphibologie, qui porte sur le sens de «  jeu  ». Rappelons : un jeu existe quand il y a une planche de jeu et des règles admises ; un jeu réel (une partie) existe en raison d’un jeu abstrait qui le présuppose (ici: un accord stable sur la nature du politique). Le jeu c’est aussi un défaut d’ajustement dans un montage (votre roue a du jeu sur son pignon, accident probable). Or l’absence d’accord entre les deux principaux partis est présentée non pas comme un problème structurel du «  jeu  » (sens 1) mis en place par les Américains et des élections sous tutelle, mais comme un «  jeu  » (sens 2) entre «  des personnes  ». Chute garantie. A cette aune, quelle «  démocratie  » ne peut être interprétée de cette manière ? A cette différence qu’en Belgique ou en Italie le jeu (les règles) est bien établi et qu’il reste, effectivement, du «  jeu  ». Alors qu’en Irak le jeu (les règles) sont constamment remises en jeu, et tout est pour un «  jeu  » (telle partie donnée, comme les élections) et par le «  jeu  » (les défauts d’ajustement). Bref, l’Excellence parle pour ne rien dire, ou pour tromper.

On a affaire ici à la fabrication d’une interprétation postiche qui, tel le geai de La Fontaine se parant des plumes du paon, agite sous nos yeux l’éclat de l’évidence qu’elle n’a pas. Laquelle n’en est pas une et repose sur une analogie et un jeu de mots.

Décodage 4 : La diplologie.

Question: «  Finalement, la guerre a-t-elle été gagnée en Irak ?  »

Réponse: «  Bien sûr, les Irakiens disent que l’intervention alliée de 2003 leur a coûté très cher en vies humaines et en destruction d’infrastructures, mais ils rappellent aussi qu’elle a libéré le pays. Le bilan est donc à la fois positif et négatif. Les Irakiens apprécient les fruits de la démocratisation : l’éclosion de la presse, l’émergence d’une société civile, la liberté de ton des partis politiques, le caractère exemplaire des élections. Tout ça, ce sont des faits. Il faut absolument, quand on parle de l’Irak, raisonner sans idéologie. L’Irak est le vrai laboratoire de la démocratie dans le monde arabe. C’est là que se joue l’avenir de la démocratie dans la région. Potentiellement, l’Irak peut devenir un modèle politique pour ses voisins  ».

Décodage: D’abord on appréciera l’aval donné par le représentant de la France in Irak à l’invasion américano-britannique (que la France a condamnée) : exprime-t-il la pensée du gouvernement français actuel sur l’Irak ? Ensuite, on notera l’utilisation faussaire de l’épithète «  alliée  » qui signifie en français usuel et dans un pareil contexte, les Alliés des guerres mondiales : l’adjectif permet à la fois d’escamoter l’absence française dans cette alliance-ci et de s’y raccrocher du même geste. Le beurre et l’argent du beurre. Technique du win-win si chère aux commerciaux qui essaient de nous gouverner.

On relève ensuite le balancement rhétorique entre le prix payé en vies humaines (estimation moyenne, acquise : 100 000 morts) et ce que ce prix du sang achète : «  L‘éclosion de la presse et la liberté de ton  ». Étrange troc qui blesse la conscience mais qui relève surtout d’un tour de passe-passe encore plus grave car l’ambassadeur, se faisant ventriloque, place cette transaction dans la bouche même des «  Irakiens  », et non plus la sienne. De porte-parole de son gouvernement, il devient même celui des «  Irakiens  ». On pourrait citer mille contre-déclarations et lui demander : «  De quels «  Irakiens  » parlez-vous et comment pouvez-vous les personnifier?  ».

Bref, «  tout ça, ce sont des faits  ». Eh bien, non, ce sont des effets de réel, des trucages. Mais quiconque critique ce montage «  fait de l’idéologie  ». Or, immédiatement, c’est l’ambassadeur lui-même qui donne dans l’idéologie en déclarant ex officio que l’Irak est «  le vrai laboratoire de la démocratie dans le monde arabe  ». Donc il y a un «  faux  » laboratoire dans le «  monde arabe  »? Lequel ? Le Maroc ? La Tunisie de Ben Ali, désormais au tapis ? L’expression est en fait un recuit de Science Po’ (la France «  laboratoire de la démocratie  » au XIXe siècle etc.) et une rengaine sans queue ni tête qu’on entonnait sur le «  Bénin Laboratoire de la Démocratie  ». Or ce qui importe, c’est cette pétulance à qualifier de «  modèle  » pour cette région du monde 100 000 morts locaux, 4 000 pertes militaires et 35 000 blessés américains ; des attentats qui continuent sans rémission ; un proconsulat sur toute une région riche en pétrole ; un protectorat civil puissamment armé et dirigé depuis le bureau de Madame Clinton ; un gouvernement qui ne gouverne pas plus que celui de Vichy sous la botte allemande. Mais, par le miracle de la parole diplomatique, ce pays possède… une «  liberté de ton  ». Il est donc sauvé.

Il existe un mot pour qualifier cette misérable technologie rhétorique qui consiste à balancer des incongruités : logologie. Dans ce cas-ci, de la «  diplologie  ».

Au total, comme disent les héritiers de la notre compagnie nationale des hydrocarbures issue des champs de l’Iraq Petroleum Company et de la Deutsche Bank des Années Mistinguette, l’ambassadeur, non seulement nous dévoile les stratagèmes de la rhétorique diplomatique, la diplologie, à usage public mais encore nous renvoie étrangement quarante ans en arrière : si nous étions en 1970, cette entrevue, si tant est qu’il eût pu s’exprimer alors si librement, aurait été prise pour vérace par la plupart des lecteurs : «  Mektoub !  », c’est écrit dans le journal, le livre du destin. Il aurait alors fait un sans faute dans l’art de la public diplomacy et de la désinformation codée. 20/20. Hélas, en 2010, tout est presque vérifiable, même une entrevue dans Le Figaro. L’ «  intelligence  » est à la portée de tous, ou presque. Depuis, Monsieur Boillon n’a pas pu tenir sa langue, et sa vanité aura eu raison de ses prétentions alors que sa sophistique, jadis encensée par Le Figaro, a révélé son incompétence et sa dangerosité.

Il est temps de remettre la rhétorique au lycée, en classe d’histoire justement, à condition qu’il reste des plages horaires en dehors du football, du basket, de la voile ou du cerceau et même des langues étrangères dont le français, afin de préparer nos diplomates de demain. Et non point des diplologues.

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2 commentaires sur “La mauvaise parole d’un diplomate

  1. L’ambassadeur logologue, ou «  l’ Irak, laboratoire de la démocratie  »
    excellent ! quel dommage que cela ne puisse être publié en gros sur un immense panneau en plein Paris ou sur une bande lumineuse qui se déroulerait à travers la ville en continu ,on commenterait , argumenterait , illustrerait , on se sentirait intelligent , une fois n’est pas coutume …Cela me rappelle Téhéran où j’étais témoin de cette révolution tout en suffoquant devant les déclarations et les écrits multiples de hauts personnages …

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