La voix Bismarck
Publié le 2 février 2012 par Les Influences
Après avoir été l’homme politique de l’année 2011 en France, Otto Von Bismarck est aussi une voix d’outre-tombe
« Une découverte sensationnelle » s’exclame le site Web de la Bismarck Stifntung (Fondation).
En France, la référence à « une politique à la Bismarck« , symbole honni d’une domination allemande incarnée par Angela Merkel à l’orthodoxie financière cadenassée sur l’Europe en crise, laché par le député PS Arnaud Montebourg, a déchiré la classe politique française, ( alors que l’Allemagne en était plutôt à célébrer tranquillement l’Empereur Frédéric II dans le Spiegel, le jour même de l’anniversaire de la chute du Mur).
Véritable homme politique européen de l’année 2011, voilà que la voix d’Otto von Bismarck (1815-1890) surgit d’outre-tombe. Durant une minute et une vingtaine de secondes, on peut entendre un enregistrement de sa voix gravée sur cylindre, à l’été 1889, par un collaborateur de Thomas Edison : Adelbert Theo Wangemann était alors en tournée promotionnelle de l’invention du gramophone, après l’Exposition universelle de Paris. Otto von Bismarck, le 7 octobre, se prêta de bonne grâce à l’expérience dans sa propriété de Friedrichsruh, non loin d’Hambourg. Il reprend les paroles d’une scie américaine du début 19e siècle, « In good old colony times » (soit « au bon temps des colonies »). Entonne »Gaudeamus igitur« , chant estudiantin en latin. Récite quelques vers du poète allemand Ludwig Uhland. Morceau de bravoure : une Marseillaise ironique déclamée par le vainqueur même de la guerre de 1870.
Plus d’un siècle plus tard, la voix impériale a été identifiée et exhumée des archives de l’Institut Edison. Outre la valeur archéophonique du document historique, cette voix résonne comme une étrange ironie dans le contexte des relations actuelles entre la France et l’Allemagne.