Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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Le care est-il un vrai projet politique ?

Publié le 14 juillet 2010 par

Serge Guérin, sociologue des seniors et du care.
Serge Guérin, sociologue des seniors et du care.
L’Annuel des idées : le care est-il un vrai projet politique ?

Serge Guérin : « La permanence d’une «  culture  » et d’une pratique du don, symbolisée par l’aide à des personnes très vieillissantes ou touchées par des maladies chroniques, témoigne d’une altérité dans la société de marché. Le marché ne forme pas la totalité des relations humaines, ni même des relations économiques. Le lien social se fabrique largement à travers l’aide, l’attention réciproque, mais aussi l’accompagnement de l’autre. Plus nos sociétés se complexifient et plus elles sont fragiles et menacées du moindre incident, du moindre imprévu. Surtout ces sociétés de la performance évincent et fragilisent. L’émergence du care semble être une réponse aux logiques d’exclusion. Plus largement, le marché a besoin d’une société qui marche c’est-à-dire qui permet l’accompagnement de chaque individu pour lui permettre de vivre son autonomie.

Avec le care, les politiques ne feignent-ils pas d’organiser ce qui semble inéluctable : une restriction du rôle de l’Etat ?

Le care comme politique globale du soin et de l’accompagnement peut conduire à justifier et favoriser le recul de l’Etat en mettant le curseur sur la morale individuelle, sur la responsabilité d’individu qui serait autonome par rapport à son environnement. C’est un peu la démarche de conservatisme compassionnel développé en particulier par une partie des conservateurs Britanniques. A mon sens, il y a une autre lecture du care, que je relie au solidarisme, doctrine sociale initié par Léon Bourgois et d’autres à la fin du 19eme. Il s’agit là d’inscrire la solidarité dans le concret, en partant de la société civile plutôt que de directives venues d’en haut. L’objectif des solidaristes était déjà de permettre à chacun de faire son chemin. Une société n’est pas l’agrégat de volontés autonomes mais se définie par le sentiment d’interdépendance entre les personnes. Dans ce cadre, le soin mutuel prends son sens. Il faut donc que l’Etat soit présent pour construire des filières valorisées autour des métiers du soin, cela implique des efforts de formation et déroulé de carrière mais aussi de mettre des moyens pour accompagner les professionnels comme les aidants informels, pour réaliser des plates-formes de soin (maison de la santé, hopitaux, lieux d’accueil et de soutien à la petite enfance, aux très âgés, aux handicapés, aux fragiles, …), pour construire et valoriser les filières autour des services à la personne.
Il ne s’agit pas que l’Etat recul mais qu’il soutienne le mouvement coopératif, les initiatives individuels, les formes d’’autorganisation, d’autogestion informelle qu’elles soient traversées par des structuration associatives ou non.

Est-ce que la traduction politique du concept care ne passe t-elle pas par une redéfinition de l’Etat et de ses solidarités institutionnelles ?

Oui et non, l’Etat providence ne doit pas être jeté avec l’eau du bain. La protection sociale est d’abord source de dignité et d’autonomie sociale des personnes. Mais il importe que l’Etat change son approche : il ne s’agit plus de faire pour et à la place des personnes mais de faire avec. A chacun de choisir son chemin, de construire son projet, d’etre auteur de sa vie, mais en étant soutenu par d’autres. Il importe sans doute que l’Etat se recentre plus sur des domaines d’action spécifique dont le soin et l’accompagnement, mais aussi la formation, l’école, la santé…. Il importen surtout que l’Etta passe d’une culture de l’amende, de la coercition et de la réparation pour passer à une culture de la prévention et de l’accompagnement. Le care plutôt que la cure… En plus cetet approche peut se révéler rentable et efficiente en termes économiques.
Il convient aussi d’interoger la notion de service universel, le soutien à l’autre, le soutien aux autres ne peut se réduire à une approche uniforme et standard, il ne faut pas individualiser les approches mais pour le moins la personnaliser en fonction de l’environnement, de la situation de la personne…

Quelles seraient les nouvelles missions d’un « Etat accompagnant » en lieu et place de l’Etat providence ?

Il s’agit de passer de la notion d’assistance à celle d’accompagnement. Ce n’est pas la fin de l’Etat providence mais son dépassement. Un Etat qui doit se mettre au service de la société accompagnante, en mettant en place un cadre plus favorable aux associations, au mouvement coopératif, à l’initiatives de citoyens, à l’innovation sociale. Il s’agit que les structures étatiques ne soient pas dans des logiques de contraintes, de monopoles de l’initiative, mais qu’elles proposent un cadre favorable et sécurisant pour libérer les initiatives et favoriser les démarches de soutien. Il ne s’agit pas de laisser l’individu seul face à ses projets, face à ses contraintes, mais de lui proposer un cadre et des soutiens pour développer ses projets en fonction de sa capacité propre d’autonomie.

N’y a t-il pas des risques de dérive à concevoir des citoyens comme des gens fragiles, et quel lien s’articule entre care et démocratie ?

D’abord, personne n’est victime à 100%, ni à plein temps ! Une démocratie du care implique de soutenir les personnes, mais aussi de mettre en avant l’idée que les faibles et les fragiles sont aussi en capacité, à un moment ou à un autre, d’accompagner à leur tour d’autres personnes. La notion de soin mutuel, de prise en compte de l’environnement, implique une prise de conscience de notre destin commun. Une prise de conscience de la fragilité globale du système, les personnes mais aussi la bio-diversité, l’environnement… Prendre soin de l’autre, c’est aussi prendre soin de notre ecosystème, de notre avenir commun.
Ensuite, une démocratie ne peut se concevoir si une partie importante de la population est reléguée en «  seconde division  », si elle apparaît trop fragilisée, incapable d’être actrice de sa vie. Accepter la fragilité, ce n’est pas vouloir maintenir les personnes dans la dépendance et la passivité, c’est au contraire fournir les moyens pour que chacun puisse se construire, gagner en estime de soi

A quoi peuvent ressembler les nouvelles solidarités mises en place par le care ?

Ces nouvelles solidarité concernent aussi bien des faits structurant permettant à l’initiative individuelle et collective de se développer, favorisant la valorisation du mouvement coopératif et associatif. Mais le care, se distingue par son aspect directement efficient, directement dans le chmp du réel. Il s’ait des solidarité effectives, celles qui concernent les condition du soin à l’autre de l’atention à l’autre, les conditions d’exercice des metiers de l’acoompagnement (anté, formation, soutien aux initiatives). La grande différence est là : dans le cadre effectif du soutien. Prendre deux minutes pour aider une personne à traverser la rue, c’est déjà du care, c’est une façon de gagner en estime de soi « 

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