Mitterrand, les derniers feux de l’ambiguïté politique ?
Publié le 13 juin 2017 par Les Influences
Mathias Bernard, Les Années Mitterrand, Paris, Belin Éditeur, septembre 2015, 350 p., 23 €
Politique. En 2011, le 30e anniversaire du 10 mai 1981, date de l’accession de François Mitterrand à la présidence de la république et alternance historique de la Ve république, suscita une remémorration mitigée et crépusculaire : pas tout à fait dans l’histoire, plus vraiment de saison. 2016 a convoqué la figure politique et humaine de François Mitterrand qui disparaissait le 8 janvier 1996. Pour ce 20e anniversaire, déjà des témoins ont ressorti leurs toutes dernières notes, tels François Rousselet et Laure Adler sur celui que l’on a dépeint volontiers comme un prince machiavélique, et qui par comparaison avec le quinquennat Hollande, a gagné en stature et dorure.
« De façon très paradoxale, Mitterrand marque son époque précisément parce qu’il s’en détache, comme il se détache d’ailleurs de la politique ordinaire. »
Mathias Bernard (1969), historien de la politique française contemporaine, s’est penché sur l’héritage du mitterrandisme qui concerne tout de même plus de monde. Les années Mitterrand ? L’auteur tamise les conclusions d’un essai , La Décennie (La Découverte) qui jusqu’alors faisait autorité sur les années 80, celui de François Cusset, véritable jeu de massacre des années fric et cynisme. Pour Mathias Bernard, cette décennie qui a vu et le changement socialiste et le tournant libéral à l’œuvre aura plutôt été celle de l’ambivalence. « De façon très paradoxale, Mitterrand marque son époque précisément parce qu’il s’en détache, comme il se détache d’ailleurs de la politique ordinaire » synthétise l’historien.
Dans cet essai clair et vif, les années 80 ont l’éclat de la modernité médiatique, les fragmentations de l’hyperindividualisme, mais aussi recèlent du ferment du chômage de masse durable, des crispations identitaires, du communautarisme, de l’effondrement du politique qui façonnent encore notre monde pas vraiment achevé et celui à venir à peine esquissé. Voilà pourquoi en mai 2017, Mitterrand reste d’actualité…