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Les Influences

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#Coluche #Jamel Comedy Club #Patrice Kouassi #Patson

Patson, c’est l’histoire d’un mec ivoirien

Publié le 27 mai 2011 par

L’humoriste d’origine ivoirienne ne jure que par un modèle pour ses one-man shows : Coluche. Et ça commence à marcher.

patson.jpg Une matinée de mai, sur la place de la République, à Paris. Patson conduit sa nouvelle Porsche Cayenne, la vitre entrouverte, quand une personne le hèle en criant son nom. L’humoriste se retourne, balance une vanne au passant qui l’a reconnu et redémarre dans un grand éclat de rire. Cent mètres plus loin, un autre fan lui adresse un tonitruant «  Yes Papa !  » depuis le trottoir. Nouvel échange de vannes, éclats de rire et le 4×4 de luxe reprend sa route. D’autres badauds lui feront signe au cours des dix minutes de trajet à travers Paris. Première constatation : l’Ivoirien Patrice Kouassi, alias Patson, se révèle être une vedette très populaire. «  Pourtant, les médias ne m’ont jamais suivi  », lâche-t-il, un peu amer. Mais il continue : «  Aujourd’hui, ça n’a plus d’importance. J’ai mon public, il me fait confiance. C’est grâce à lui que j’ai pu jouer à l’Olympia  ».

A 37 ans, il a déjà fait deux dates sur la scène de la mythique salle de spectacle parisienne, le 30 avril et le 1er mai 2011 ; vient de signer avec Canal + la commercialisation d’un DVD (sortie en mars 2012) ; entame une nouvelle tournée en France jusqu’à l’automne 2012… «  J’aimerai être le Coluche noir, avoue t-il. Et j’y arriverai.  » On n’en doute pas. Le comique dispose d’un tonus formidable, doublé d’une volonté de fer. «  Quand tu as bien galéré dans ta vie, tu trouves toujours de l’énergie pour arriver au bout de tes projets  », explique-t-il.

Enfant soldat

Il tenait à aller déjeuner «  Chez Flaure  » pour la suite de l’interview – un agréable restaurant afro-antillais à l’ambiance simple et conviviale, dans une petite rue du 19ème arrondissement. Né en Côte d’Ivoire, Patson grandit là-bas dans une famille si pauvre qu’il rêvait de devenir enfant soldat en espérant pouvoir ainsi manger à sa faim. Au milieu des années 1980, sa mère réussi à l’envoyer en France, en priant Dieu pour qu’il puisse s’en sortir mieux que ses nombreux frères et soeurs. Il est hébergé par une vague cousine en banlieue parisienne, mais le séjour se transforme en cauchemar quand il réalise qu’il sera le boy de la famille («  J’étais devenu un esclave. Je devais tout faire à la maison, les courses, le ménage, la cuisine. J’ai pris la fuite  »).
Le gamin perdu est accueilli par sa prof d’anglais (une Madame Légaré, ça ne s’invente pas), qui lui trouve une famille d’adoption à Yerres, dans l’Essonne. «  La famille Chabin, des Blancs, des gens formidables, dit aujourd’hui Patson. Ce sont eux mes parents, maintenant  ». Il jubile de fierté pour avoir réussi à accomplir un de ses rêves les plus chers, le 1er mai dernier : «  Ces gens qui m’ont aidé, qui m’ont soutenu, qui m’ont donné les possibilités de m’en sortir, je les ai fait monter sur la scène de l’Olympia à la fin de mon spectacle.  » Patson n’est pas un ingrat.

«  Un projet  »

Pourtant, quand il était plus jeune, l’ado turbulent leur en a fait voir de toutes les couleurs : il sortait la nuit, s’embarquait dans des combines abracadabrantesques, esquivait la police grâce à son bagout, arriva quand même à passer son BTS en maintenance automobile. Il roule à moto, est victime de quelques accidents, mais garde un mystère opaque sur sa jambe handicapée, son «  pied béni  », comme il dit. «  J’ai créé une manière de marcher. Dans les quartiers, les gamins se déplacent comme moi, maintenant.  » Puis, après ses années de dérive, il se rachète une conduite en devenant éducateur pour la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Mais les rouages administratifs le déçoivent et son désir pour la scène continue de grandir. «  Ce qui était d’abord un rêve, j’en ai fait un projet que j’ai construit jour après jour, et que je continue de construire aujourd’hui. Beaucoup de gens vivent dans les rêves, sans rien faire pour les réaliser. Ils passent à côté de leur vie. Or c’est déjà une chance, de vivre. Quand je n’avais pas d’argent pour payer mon train, je faisais rire tout le monde dans la voiture, et le contrôleur oubliait de me demander mon billet. Je m’en suis toujours sorti par l’humour.  »

L’ Olympia

Au début des années 2000, Patson exploite ce talent pour se lancer dans le café-théâtre. Il écrit et réécrit ses sketches en s’inspirant de Coluche autant que des conteurs africains, joue dans des salles minuscules, devant quatre ou cinq personnes parfois. En juillet 2005, le quotidien Libération le remarque et lui consacre un portrait de dernière page. Dans l’article, le comique disait qu’il se voyait bien approcher Jamel Debbouze : «  Vous imaginez, moi et Jamel sur une même scène, l’Arabe handicapé du bras et le Noir handicapé du pied  ». Une prémonition ? Quelques mois plus tard, Jamel en personne le contacte pour lui proposer d’intégrer le Jamel Comedy club, sorte de tremplin de la nouvelle scène comique.

Patson saisit sa chance, sa carrière monte d’un cran. Il passe à la télé, la radio Africa numéro 1 en fait un de ses chroniqueurs stars (il anime une émission quotidienne avec une logorrhée de blagues, de canulars et de conseils d’ami). En 2007, il chante avec le rappeur Mokobe, et la chanson C’est dans la joie devient un hit – «  Pourtant, je ne sais pas chanter  », s’amuse-t-il. En 2010, il joue neuf mois au Palais des Glaces. Comme à ses débuts, il conclut ses spectacles en promettant à son public qu’il ira à l’Olympia «  pour lui prouver qu’il a eu raison de (lui) faire confiance  ». A force de le dire, il le fait : un jour de l’été 2010, il va sonner au bureau d’Arnaud Delbarre, accompagné de deux personnes de Miracle, la boîte de prod qui l’a soutenu quand l’épidode Jamel Comedy Club s’est terminé en 2009. Bingo !

Grâce à son bagout légendaire, Patson persuade le patron de l’Olympia de lui accorder deux dates dans la plus belle salle de Paris. Nouveau tour de force : sans guère avoir été suivi par les médias, Patson arrive à remplir les fauteuils rouges deux soirs de suite et fait se bidonner les spectateurs (des Noirs, mais aussi des Blancs, des Arabes, des Chinois…) avec son désormais mythique «  Yes papa, jeu de jambes, ça c’est cadeau  » et sa manière loufoque de réinventer l’actualité du monde, à mi route entre le conte africain, le stand-up américain, et la poésie du français Raymond Devos – sans oublier son accent ivoirien aussi épais que de la pâte de manioc.

«  Bénéfice  »

La consécration, alors ? «  Pas encore  », répond Patson, qui ambitionne toujours de devenir le Coluche Noir. «  Aujourd’hui, quand on veut rire on pense à Coluche, quand on monte une association on pense aux Restaus du cœur. Ce que je souhaite, c’est que les gens mangent encore grâce à moi après ma mort.  » Par exemple, il termine de construire une grande ferme en Côte d’Ivoire, pour permettre à des jeunes de la région de trouver un boulot, et de ne plus subir la pauvreté. En banlieue parisienne, il forme des jeunes «  de 8 à 21 ans  » à tous les métiers du spectacle dans le cadre de ses «  Top shows  » (il les aide à monter un spectacle de A à Z) qu’il organise tous les trois mois dans un quartier différent. «  Le théâtre, c’est mon laboratoire et ma banque de prêt pour mes projets. Ça doit me permettre de faire oublier leurs soucis aux gens et de les rapprocher entre eux.  »

Ce samedi 28 mai, il joue à l’Agora d’Evry, où il a longtemps traîné avant de toucher au succès. Il est fier d’apporter un message d’espoir aux spectateurs : « J’ai tracé ma route, j’aimerais bien aider les autres à tracer la leur. » Par la fenêtre du restaurant, il jette un œil à sa Porsche Cayenne garée à la hussarde sur le trottoir. Il évoque un projet de livre, où il racontera son existence parsemée d’embûches, « pour envoyer un message à ceux qui s’interdisent de rêver à un avenir ». Après avoir repoussé son assiette de poisson braisé, il plaisante avec les clients assis à la table d’à côté, qui le connaissent, forcément. « Tout ce qui m’arrive aujourd’hui, c’est du bénéfice, conclut-il. Si je n’avais pas souffert dans ma vie, je n’aurais pas pu en tirer les enseignements et je ne serais pas là.  »

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Un commentaire sur “Patson, c’est l’histoire d’un mec ivoirien

  1. Patson, c’est l’histoire d’un mec ivoirien
    Merci a toi patsone pour le bon spetacle que tu as produit au congo et le mot d’encouragement a la fin, fier de le dire tu es plus qu’une etoile pour moi et tu fais mon sourire…
    Africain oui nous sommes et enclun a bien d’difficulte c’vrai mais tu as su remontiV mn coeur et mes embotions et quoi l’avenir soit incertaine j’aimerai du moins que tu saches que tu a pu par ta bnhumeur, ton savoir et l’enthousiasme derrière tes vannes et la photo ensemblee, a me faire palPe la joie d’une vie comme on l’aime Le BonHeuR dans mon coeur »

    Rocky bindele

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