Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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#Le Rhéteur cosmopolite #Les primaires socialistes #Présidentielle 2012 #UMP

Comment l’UMP parle très primaire

Publié le 10 octobre 2011 par

Décryptage rapide des éléments de langage de l’UMP contre les Primaires citoyennes.

(Source Klincksieck)
(Source Klincksieck)
«  Faire d’une pierre deux coups. Intention probable de chacun de ceux qui lapidaient saint Etienne. Question de ricochets. Ruiner deux familles à la fois par le moyen d’une seule opération commerciale ; obtenir en même temps un ministère et la malédiction des gens de bien ; publier un manuel scolaire qui ait ce double effet d’empoisonner et d’idiotifier l’enfance ; écrire un livre inepte qui sera immanquablement récompensé d’un prix et aussitôt après, de l’admiration des imbéciles ; toutes ces pratiques et beaucoup d’autres qu’il serait fastidieux d’énumérer sont ce qu’on appelle faire d’une pierre deux coups, en raison de l’éventuelle dextérité du lapidateur  »[[Citation de Léon Bloy, tirée de son exquis livre Exégèse des lieux communs.]] et j’y ajoute les Eléments de langage de l’UMP révélés le jour même des socialistes primaires[[Le Monde, 9 octobre 2011.]]. Décryptage rapide de comment l’UMP a fait d’une pierre trois coups, et s’est lapidée elle-même. La première chose qui frappe dans ces Eléments de langage est le niveau classe élémentaire, BEPC promotion Nadine Morano, de l’argumentaire, à commencer par une faute de français («  idées forces  » pour «  idées-forces  », passe encore) et par cette erreur grossière de sens : une idée-force ce n’est pas un argument mais, comme dirait Léon Bloy, un lieu commun : «  Idées, convictions largement répandues dans l’opinion publique et qui déterminent son comportement  »[[Trésor de la langue française informatisé, article «  Force  ».]] . Passe encore, derechef, cette erreur, mais ne passe pas (si j’étais au bureau du parti majoritaire) que l’UMP rate ici l’essentiel: à savoir que cet argumentaire devrait s’axer sur les lieux communs répandus dans la population concernant le PS et enfoncer le clou en se servant des “primaires” comme d’un exemple (je ne vous en donne pas car ce serait travailler pro deo pour l’UMP). On appelle ça rater une belle occasion. Deuxième constatation, le micmac puéril des trois «  éléments de langage  » alignés derrière trois cases à cocher, une par prétendue idée-force, et qui prend les militants pour des imbéciles – sur les formulaires on coche en général une case pour indiquer un choix (si je coche la case 1 je ne coche pas la case 2 ; ou si je coche c’est pour indiquer que je suis d’accord etc.). Ce cochage, qui veut passer pour du coaching des militants, est d’un grand ridicule et je vois déjà la droite intelligente saisie de la même révulsion devant ce Moranisme que la droite bostonienne devant la vulgarité béotienne du Palinisme. D’une pierre deux coups : non seulement c’est ridicule, mais de surcroît c’est dangereux. Dangereux ? Exemple de la première case, à propos des primaires (un seul exemple, car de nouveau je n’ai pas d’emploi, même fictif, à l’UMP) : «  Une consultation privée, aussi grande soit-elle etc.  ». Bref, en dépit de la tournure concessive, l’UMP admet donc que la consultation est «  grande  ». Or c’est cela qu’il faudrait attaquer : en rhétorique adversative on diminue toujours la portée des arguments que l’autre, en face, peut utiliser, on ne les intensifie jamais. Ricochet de la bêtise et on s’auto-lapide. Et puis dire «  privée  » est stupide, avec le battage médiatique qui a effectivement donné à cette votation une dimension publique. Tiens, à cette case, j’aurais dit : «  Dites ‘votation  », pas ‘élection primaire’, pour bien marquer la différence, diminuer l’importance, et faire buzz  ». Cela dit cette case est vraiment à côté de la plaque. Je passe sur les deux autres cases pour la raison déjà citée mais dire que le PS a été «  un grand parti  » c’est une erreur. L’UMP concède un ethos prestigieux à l’adversaire – que ce soit modéré, coup de pied de l’âne, par «  ancien grand parti  » ne change rien à l’affaire : c’est «  grand  » qui est là car ce qui a été grand peut redevenir grand (comme l’UMP pourrait un jour redevenir un grand parti gaulliste). Si j’avais un emploi, même fictif, à l’UMP, j’eusse évité de parler du «  parti  » socialiste. Pourquoi ? Parce que la question est : à qui s’adresse l’argumentaire ? Pas aux militants UMP ou Frontistes qui ne sont pas à convaincre, ni aux militants de gauche qui ne vont pas écouter. A qui ? Aux gens du centre évidemment qui, en partie sous la houlette gasconne et têtue de Bayrou, n’aiment pas les partis, mais préfèrent le style déconstruit des «  mouvements  ». Aux communicants de l’UMP de trouver la bonne expression, le mot qui épingle ou la phrase assassine. Passons, dans le développement de l’argumentaire, à l’explication de la troisième case (chaque élément donne lieu à une explication). On fournit ici aux militants un argument en cinq points. D’abord c’est trop. Il en faut trois comme pour les deux sections précédentes : tout cela est fait à la va-comme-je-te-pousse et j’espère que personne n’a osé présenter une facture au trésorier de l’UMP. Pourtant ce n’est pas sorcier : il existe trois arguments ou «  éléments  », avec trois cases, et chacun est expliqué, développé par trois sous-éléments. Simple question de mémorisation rapide. Le titre : «  un programme complètement schizophrène  ». Le mot fleure la génération cinquantenaire pour qui, dans les années quatre-vingt, l’expression était jeune et tendance. En 2011 ? Je ne le crois pas. Plus grave : au contraire ce que démontre l’énoncé des 5 points («  emplois aidés, imposition des riches, assistés, démondialisation, plus d’Etat  ») c’est la solidité idéologique du PS, entre tous candidats primaires. Aucune schizophrénie. Au contraire, une ligne de parti en dépit des entrechats. Alors, pourquoi cet argument bizarre ? D’abord parce que l’UMP n’a pas de programme, je suppose, ou que son programme, volontariste et narcissique reposait entièrement sur l’image, lors des élections au deuxième quinquennat, qu’un homme jeune et pétulant, au parler franc et direct, c’était «  du changement pour le mieux  ». Eh bien, si j’étais employé, fictivement ou non, par l’UMP, voilà comment j’aurais rédigé ce troisième élément de langage : … Non, je n’ose[[Mais j’oserai dans Dix petits conseils de rhétorique aux candidats à l’élection présidentielle, à paraître en mars 2012 aux éditions François Bourin.]] .

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