La musique des autres par Eric Puchner
Publié le 19 mai 2009 par Les Influences
Pierre Pelot, 63 ans, est un écrivain gargantuesque, mais également un dessinateur et un peintre. Pour mémoire de son œuvre de Jim Harrison des Vosges qui compte plus de 200 ouvrages (SF, polar, récits préhistoriques avec Yves Coppens, livres pour enfants, nouvelles et romans), au compteur : L’Eté en pente douce, Le pacte des loups, C’est ainsi que les hommes vivent, L’Ombre des voyageuses, ou dernièrement, Les Normales Saisonnières (Editions Héloïse d’Ormesson) et « Les promeneuses sur le bord du chemin » (Phébus).
Je suis entré dans ce livre par hasard, je ne sais pas pourquoi, tout seul comme un grand. « La musique des autres » se joue sur une partition quelquefois bien éloignée de nos accords personnels, et soyons certains que notre propre musique sera probablement considérée pas si propre que cela, voire sale, par bon nombre des fameux autres. Le livre porte donc ce titre, et c’est un recueil de nouvelles. Chacune d’entre elles peignant un portrait. Vu de l’extérieur, ou autoportrait, de quelques uns et quelques unes de ces modèles qui font le grouillement du monde. C’est pas si courant, les nouvelles. Ça devrait l’être. De ce tonneau, en tous cas. Ces tranches de vie racontées de cette façon-là… Par exemple et d’entrée, un embarquement dans le quotidien du narrateur dénichant un jour ce job de « moniteur de vie en communauté », en clair : s’occuper des évolutions dans la vie sociale de deux mal en point plutôt graves ; Jason l’hydrocéphale de 28 ans qu’une multitude d’autres maladies assaillent et Dominic le trisomique en pertes d’équilibre permanent… Et puis quotidien d’une jeune fille au travers d’une rédaction très personnalisée adressée à son professeur. L’histoire d’Ofelio Campos, ouvrier mexicain plus ou moins clandestin… L’épopée d’un voyage de noces revécu par un couple quelque part au Mexique qui va, à travers les méandres de l’aventure banale et ordinaire, aboutir au tragique que vous ne soupçonnez pas une demi seconde… Elles peuvent même commencer, les histoires, de la façon la plus improbable qui soit : dans une voiture d’auto-école, en attendant le moniteur, quand un braqueur minable, fusil sous le blouson s’engouffre et intime à l’élève au volant (qui ne sait pas conduire évidemment), l’ordre de démarrer…
Il y a du grand bonheur dans tout cela. Bonheur d’écriture et bonheur de lecture, en partage. Au fil des mots d’une fantastique promenade, un fantastique caché au jour le jour, débusqué ou non, qui se dévoile ou reste planqué dans l’ombre, sa présence seule palpable…