Influences (n. fem. pluriel)
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Les Influences

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#7 sur 7 #Anne Sinclair #Dominique Strauss-Kahn #Médias #Pierre Leroux #TF1

Portrait sociologique d’Anne Sinclair

Publié le 12 juillet 2011 par

Selon une étude du sociologue Pierre Leroux, la journaliste doit plus sa popularité à son carnet d’adresses qu’à une formation professionnelle adaptée.

sinclair-2.jpg Si la journaliste Anne Sinclair n’avait pas bénéficié dans ses dispositions d’origine, d’un carnet d’adresses conséquent, pareil à un portefeuille d’influence sociale, sa popularité ne serait pas ce qu’elle est. Attention tabou. Anne Sinclair, dont la popularité n’est pas à démentir alors qu’elle a quitté le métier depuis 2007, constitue une exception selon le sociologue des médias, Pierre Leroux, auteur d’un article « Une réussite tangentielle » dans l’ouvrage collectif La subjectivité journalistique (Editions de l’EHESS, 2010). Anne Sinclair était absolument étrangère aux savoirs-faire professionnels à l’oeuvre dans le métier de journaliste audiovisuel, pointe le chercheur. Ce manque de formation professionnelle a fini par la limiter.

Celle qui pendant treize années, de 1984 à 1997, connaît un éclat retentissant et marquant dans l’animation de l’émission dominicale 7 sur 7 « ne s’est jamais ajustée que de façon provisoire aux attentes de l’univers professionnel dans lequel elle oeuvrait« , rappelle Pierre Leroux. Son cursus n’est pas vraiment celui d’une journaliste : équivalent d’un Master 2 de droit public et un diplôme de Sciences Po en poche, elle devient en 1973, stagiaire à Europe 1, une radio qui est aussi son modèle. Une stagiaire à haut niveau puisqu’elle se trouve adjointe du directeur de l’information de l’époque, Etienne Mougeotte. Cette station deviendra le chaudron de formation d’Anne Sinclair, précise le chercheur, un chaudron très particulier : « la station de la rue François-1er est en effet un lieu pionnier pour les pratiques d’hybridation. Des animateurs aussi bien que des journalistes présentent des contenus variés (information, chroniques, chansons), alors que les radios concurrentes séparent encore de façon conventionnelle les contenus journalistiques, des autres formes de programmes. »

Du capital mondain au capital professionnel

Le capital social de la petite fille du marchand d’art Paul Rosenberg a joué un role clé dans son ascension :  » Dès ses premières émissions, il lui aura permis de mobiliser des personnalités de renom pour traiter de questions inscrites à l’agenda journalistique« , remarque Pierre Leroux. Liste en effet impressionnante, où sont recrutés d’anciens professeurs comme Raymond Barre ou Raymond Aron, des condisciples tels que Laurent Fabius, des amis personnels (Elisabeth et Robert Badinter, Simone Signoret et Yves Montand). « Ainsi reconverti en capital professionnel, le capital mondain d’origine compensait largement l’absence d’une connaissance formalisée des pratiques; les rencontres mises en scène pour la télévision dans les émissions ne furent souvent que le prolongement des relations entretenues par ailleurs et se donnaient parfois explicitement à lire comme telles », souligne le sociologue. Ce qu’en 1997 remarque aussi Le Canard Enchaîné :  » A grands battements de paupières et à la force des pupilles, elle vous transforme n’importe quel débat politique en cérémonie du thé au Ritz. »

Mais Pierre Leroux marque dans cet exercice de « recyclage de certains savoir-faire relationnels liés à l’éducation reçue dans son univers d’origine « , les limites et la fragilité d’Anne Sinclair: avant d’être la « grande professionnelle » mythologique de l’interview politique, elle a décliné des propositions d’émissions de grands-reportages et même la présentation du JT où elle ne se sentait pas à l’aise, et surtout peu aguerrie. Plus tard, elle réalisa un flop retentissant en remplaçant après mai 1981, la présentatrice Danièle Gilbert, symbole d’un giscardisme populo. Les Visiteurs du jour, carrefour de la mi-journée des audiences populaires, constituent son purgatoire professionnel. Elle amorce une réelle popularité un an et demi plus tard avec la co-animation en alternance avec Jean Lanzi, puis en autonomie complète, avec 7 sur 7. Là, elle impose ses pulls en Mohair et la douceur policée des conversations. Avec le ton de ses interviews, la politique s’y trouve « désolennisée« . La journaliste ne recherche pas l’agressivité des rapports, mais bien un style entre journalisme et animation, à l’heure même où s’épanouit la com’ et surtout la communication politique.

Son règne à TF1 fut somme toute assez court, Anne Sinclair, à l’âge de 49 ans, préférant passer la main en 1997. Pierre Leroux ne croit pas vraiment comme explication essentielle le fait que la journaliste audiovisuelle ait décroché car son nouveau mari, Dominique Strauss Kahn, occupait un poste de ministre. La raison principale serait plutôt que ce type d’entretien entamait son déclin et n’était désormais plus valorisé par la télévision. Anne Sinclair, contrairement à d’autres journalistes femmes telles Michelle Cotta ou Christine Ockrent, ne connaîtra plus de « rebonds », lui permettant de conserver des positions de pouvoir au sein du monde médiatique. Reste que ce capital de sympathie accumulé lors des années 7 sur 7 a fait de sa bénéficiaire, une figure encore très populaire, même si c’est plutôt celle d’Antigone dans la tourmente de l’affaire DSK.

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2 commentaires sur “Portrait sociologique d’Anne Sinclair

  1. Vous oubliez un détail…
    A propos d’Anne Sinclair, vous oubliez un détail qui explique son changement de vie professionnelle à partir de 2008 et son installation aux USA: le décès de Paul Rosenberg, son grand père et marchand d’art… en 2008.
    Faites le recoupement, et vous verrez que sa prise de distance correspond au mois près à ce décès et la fortune considérable – 160 ME estimés – dont elle a alors hérité, et dont la succession a été réglée par le don d’une oeuvre à l’Etat Français.
    L’ISF ; voilà l’explication.
    Rien de discutable là dedans a priori, c’est le simple récit de l’histoire vraie.

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