Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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#Don Quichotte éditions #Joan Baez #La Maison bleue #Maxime le Forestier #Né quelque part #Parachutiste #Serge Reggiani

Maxime Le Forestier en couleurs

Publié le 24 juin 2011 par

Cette maison bleue qui défie le temps… mais que l’on doit tout de même repeindre !

leforestier.jpg Et si, du parcours de Maxime Le Forestier, de ses quarante ans de chansons, il ne nous fallait retenir qu’un seul de ses quatorze albums studio ? Quel disque entre tous remarquable qui, à tort ou à raison, fixe plus qu’un autre cet artiste ? Sans conteste le premier, éponyme, sorti en septembre 1972, qu’on prendra pour compilation tant sont mémorables les onze titres qui le composent : «  Mon frère  », «  Education sentimentale  », «  La rouille  », «  Mourir pour une nuit  », «  Marie, Pierre et Charlemagne  », «  Comme un arbre  », «  Fontenay-aux-Roses  », «  Parachutiste  », «  Je ne sais rien faire  », «  Ça sert à quoi  » et «  San Francisco  » que d’aucuns rebaptiseront par son incipit : «  C’est une maison bleue  ».

C’est d’ailleurs pour fêter les quatre décennies de cet emblématique album que Polydor vient d’offrir au chanteur un singulier cadeau : ni plus ni moins que la sortie d’un nouvel album, «  La maison bleue  », reprenant les onze titres de la version originale, dans leur ordre exact, interprétés rien que par des artistes maison (Calogero, Adamo, La Fiancée, Sam, Daphnée, La Grande Sophie, Stanislas, Juliette et François Morel, Ayo et Féfé, Daby Touré, Emilie Loizeau). «  Ils ont trouvé treize artistes qui vont chanter un quatorzième sans faute de goût  » commente, pas peu fier, Le Forestier qui voit en ce travail la persistance dans le temps de l’esprit de Jacques Bedos, l’ancien directeur artistique de Polydor à qui on doit les premiers enregistrements de Reggiani et de Dick Annegarn. Celui qui, contre son boss, imposa le jeune Le Forestier. Ce disque donc et, pour faire bon poids, la réédition de la matrice, gonflée d’inédits et autres raretés. Ainsi qu’une autobiographie réalisée avec la journaliste Sophie Delassein.

« C’est une belle pochette… vide ! »

Flash-back, 1972. Après deux 45 tours sans vrai écho (dont un de 1969, chez Festival, contenant «  La petite fugue  »), Maxime Le Forestier envisage une carrière certes dans la chanson mais comme auteur. Ne vient-il pas de placer «  Ballade pour un traitre  » au grand Serge Reggiani ; Joan Baez ne vient-elle pas de chanter «  Parachutiste  » sur la grande scène de la Fête de L’Huma l’an passé ? Les paras, Maxime en revient justement. Avant de faire son service militaire, il chantait en duo avec sa sœur Catherine qui, depuis, s’est lancée seule dans la chanson. Pour autant, hasard ou destinée, Maxime enregistre de nouveau, sous la direction de Jacques Bedos pour le compte de Polydor. Dont le PDG dit alors à propos de ce 33 tours : «  C’est une belle pochette… vide !  » Admirable prescience… Le disque sort en septembre, un mois avant que Le Forestier fasse la première partie de Brassens, à Bobino. Le disque est un succès, mais bien plus encore. Il va devenir, pour longtemps, pour toujours, disque culte, référence commune. Il suinte, en toutes ses plages, des pavés d’un récent mois de mai.

Franc, direct, jovial, d’une voix douce et sans colère, Maxime Le Forestier porte en lui rêves, espoirs et révoltes cueillis à même le sol, comme le fleur de sel, rue Gay-Lussac. Et acte l’avènement d’une nouvelle génération de chanteurs. Sans rupture d’ailleurs, adoubé qu’il est par des Moustaki ou des Brassens. Le choc est d’importance et ce disque s’écoule à plus d’un million d’unités. L’album suivant sera de la même veine («  Dialogue  », «  Février de cette année-là  »…) mais, loin de n’être qu’un chanteur engagé, Le Forestier se détache vite des chansons-slogans pour explorer d’autres dimensions plus subtiles de son art. Le public s’en détachera progressivement, comme autant de «  Rendez-vous manqués  », comme s’il ne voulait voir en Le Forestier que le chanteur de «  La rouille  » qui a, comme on le sait, un charme fou… C’est paradoxalement en renouant avec une chanson en prise avec l’actualité politique, «  Né quelque part  », en 1987, sorte de réponse à l’incontinence verbale de Jean-Marie Le Pen, que Le Forestier retrouvera large auditoire, renaissant ainsi à nos oreilles.

Que célèbre donc cette «  Maison bleue  » ? Le souvenir de révoltes étudiantes et ouvrières au moment même où, de printemps arabes en frondes espagnoles ou grecques qui gagnent d’autres rivages, la colère semble se réveiller ? Ces espoirs de 68 qui se heurtent aux générations perdues d’aujourd’hui ? Ou simplement le énième retour d’un chanteur à l’œuvre désormais rangée, bien sage, presque banale, qui s’en va se produire aux Francofolies paré seulement de l’essentiel : son répertoire de l’époque, d’une maison bleue dans la lointaine Californie, qui ne serait d’ailleurs que verte et qu’il s’en va bientôt aller repeindre aux couleurs du ciel azuré avec, signe des temps, le concours d’une enseigne de peintures. Qui eut dit que cette maison de hippies, «  peuplée de cheveux longs / de grands lits et de musique / peuplée de lumières / et peuplée de fous  », retrouverait un jour son lustre d’origine par la grâce d’une nostalgie trempée dans le marketing générationnel ?

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Un commentaire sur “Maxime Le Forestier en couleurs

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