Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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#Charlie Hebdo #Cherche-Midi #Patrick Pelloux #Politique

Réfléchir sur l’hôpital, il y a urgence

Publié le 13 avril 2012 par

Politique. « Urgences…si vous saviez », de Patrick Pelloux, Cherche-Midi Editeur

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Patrick Pelloux (source : laregledujeu.org)
Patrick Pelloux (source : laregledujeu.org)
Le 10 mai 1981 au soir de l’élection de François Mitterrand, le jeune Patrick Pelloux, du haut de ses 16 ans, crut voir dans l’exaltation de son père, un ponte du syndicat des kinésis, un nouveau monde advenir : celui d’une médecine humaine et juste, débarrassé de ses mandarins et de son esprit de caste. Dans cette décennie 80, le jeune Patrick suivant lui-aussi ses études de médecine constaterait la réduction a minima des humanités et de l’éthique dans le cursus. Inutile prise de tête. Pas rentable. Trente années plus tard, il est devenu une figure syndicale de la médecine urgentiste, à la parole si ce n’est influente du moins très écoutée. C’est que vivant les modifications considérables de son propre travail depuis une décennie, il est également urgentiste du secteur hospitalier lui-même. Son recueil de chroniques du Samu, « Urgences… si vous saviez » (Cherche-Midi Editeur) radiographie ainsi la lente et sûre déglingue du système de santé français (et de la société qui va avec).

Ce qui pourrait constituer une laborieuse lecture de textes publiés dans Charlie Hebdo de 2009 à septembre 2011 se lit au contraire comme un feuilleton humain et politique. Plus que le style talentueux, c’est un oeil averti qui passe au scanner, un mode de fonctionnement perdant sa tête et ses moyens. Le docteur Pelloux diagnostique tout ce qui peu à peu dégénère, s’érode, régresse dans les savoirs, l’éthique et la vision du monde chez les médecins, dévorés comme les autres par profitabilité et calculabilité. Exemple à l’appui parmi des dizaines consignés: On envisage la réforme de la formation d’une discipline comme celle structurante de l’anesthésie. Pour améliorer une profession difficile ? Que nenni ! « Bonne vieille recette : dévaloriser une profession structurante en cassant sa formation » enrage Pelloux. « Ce qui est recherché, c’est la fin d’un système de qualité, pour avoir juste la sécurité. Mais ce n’est pas la même chose » soutient-il. Et la plupart des réformes envisagées sont à l’encan.

Reste aussi que le chroniqueur est médecin, et qu’il voit déferler le monde en son service réduit, loin des médias, loin des oreilles. Un monde pêle-mêle de victimes, mais aussi de cons, de mesquins, de cupides sans frein, de prédateurs aux petits pieds. Comme ces gangs aux corps explosés par leurs kalachnikov. Comme ce couple de retraités pauvres qui devront se saigner pour une piète hôtellerie hospitalière, toujours plus coûteuse. Ou encore ces victimes sans papiers à l’écart sur les chantiers, ces familles de modernes Thénardier au chevet d’un mort espéré, ces solitudes comme des cadavres de bouteille. Comme si ce monde là en était venu à contaminer l’hôpital lui même, ou du moins à le déborder. De ce sombre tableau toujours plus réel, résiste pourtant comme un vernis doux et entêtant, l’humanité du témoin Patrick Pelloux.

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