Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

Filtré pour vous : L'actualité politique et intellectuelle

#Artus Films Editeur #L’Effroyable secret du docteur Hichcock #L’Orgie des Vampires #Vierges pour le bourreau

Gothique Spaghetti

Publié le 27 mai 2012 par

3 perles du cinéma gothique italien des sixties en dvd

Vierges pour le bourreau
Vierges pour le bourreau
On accorde l’expression âge d’or à différents mouvements ou moments du cinéma, âge d’or d’Hollywood, il y eut un âge d’or du cinéma d’horreur italien, qui n’a pas été reconnu en son temps, ou pas totalement, nombre de films ayant souvent été décriés quand ils n’étaient pas ignorés ou méprisés, un critique d’Image et Son avait même donné le nom de « Cinéma Bis » à ce cinéma, tant il lui semblait mauvais, d’où la genèse d’une expression, devenue terminologie de genres confondus qui a fait du chemin, depuis.

Vierges pour le bourreau
Vierges pour le bourreau
On aurait pu penser que l’engouement depuis une bonne décennie pour ce cinéma populaire de cinémas de quartier, dit-Bis, films qui voyaient le jour dans des circuits de cinéma spécialisés à Paris (tels le Latin, le Midi-Minuit, la Cigale, etc., pour les exclusivités, ils étaient nombreux), entrées à bas prix, était l’inévitable conséquence de la disparition de ce cinéma, carence béante, abîme d’un manque de genres distincts disparus (péplums, westerns italiens, guerre, espionnage, films sexy, de jungle, giallo… sans omettre les inclassables, les films, qu’ils soient réussis ou non, portaient tous, dans leur texture, la marque qui les distinguait de l’autre cinéma, le respectable), l’impression s’affine au fil du temps, c’est la nature même de ce cinéma révolu, «  différent  » de l’autre, en regard au cinéma contemporain, qui aujourd’hui en fait le charme, incomparable, moins évident au temps où ces genres distincts existaient. Le cinéma s’étant, depuis, uniformisé… ce cinéma-Bis disparu ne correspond en rien au cinéma contemporain, ressemblant de plus en plus à des téléfilms, d’où la singularité, encore accrue de ce cinéma disparu.

Artus Films édite, ces jours-ci, en dvd trois perles de ce cinéma, invisibles depuis des lustres. Trois raretés de ce cinéma d’hier.

Écriture d’un temps révolu

L'Orgie des vampires
L’Orgie des vampires
Première chose qui surprend (agréablement) en revoyant ces films, alors que le cinéma contemporain est devenu expéditif, cherche l’effet immédiat en permanence, n’ose plus s’attarder, Vierges pour le bourreau (Il boia scarlatto, 1965) de Max Hunter (Massimo Pupillo), premier film de Femi Benussi (brune aux yeux gris violet que l’on verra l’année suivante chez Pasolini), prend son temps pour montrer les choses. La première partie où il ne se passe rien ou presque (n’en déplaise aux spectateurs pressés, avides de sensationnel) est un long moment savoureux du film, l’entrée en matière sans laquelle il ne serait rien. Cinq filles posant pour un photographe (joué par le producteur du film, Ralph Zucker), un écrivain, leur producteur et un acteur de romans-photos endossant une tenue noire arborant un squelette à l’image des Satanik florissant alors, pénètrent dans un château maudit, perché sur une rocaille plombée par le soleil. Malheur à ceux qui viennent chatouiller sa misanthropie, le propriétaire du domaine est un paranoïaque auquel Mickey Hargitay donne vie, convaincu d’être la réincarnation du bourreau sanguinaire auquel il va s’identifier. Le sans-gêne des intrus attise la haine de l’ermite envers le monde. Leur insouciance jouant avec les simulacres de la mort (pour rire, faire des photos) précède la mort, réelle de presque tous.

L'Orgie des vampires
L’Orgie des vampires
Le niveau général du cinéma ‒ question écriture ‒ c’est évident aujourd’hui, a été plus élevé par le passé, que ça plaise ou non, c’est indéniable. Cinéma léger, désuet, où la fantaisie (musique de burlesque ‒ comprendre strip) et les filles en tenue légère tiennent le devant de l’affiche, avant les grandes orgues de l’horreur, Vierges pour le bourreau est filmé comme plus personne ne filme aujourd’hui, à l’exception peut-être de Kiarostami ou de Manoel de Oliveira, à savoir des longs plans fixes, et des plans d’ensemble, essence même du cinéma. L’espace. Aujourd’hui considérablement réduit par les cadrages étriqués. Les plans d’ensemble permettent aussi les vues latérales infiniment plus esthétiques que les plans en profondeur. Les grands cinéastes filmaient latéralement (de Ford à Terence Fisher). Façon de voir les choses, qui a son importance au cinéma.

L'Effroyable secret du docteur Hichcock
L’Effroyable secret du docteur Hichcock
Spirale de l’horreur ‒ et de la logique ‒ attendue, fermée sur elle-même (ce plan de l’escalier en plongée, l’Alfa Giulietta rouge tournant en rond avec son conducteur cou transpercé par une flèche), fille prise dans le filet d’une toile d’araignée factice reliée à des flèches empoisonnées prêtes à jaillir, le grand guignol théâtral n’a jamais été incompatible avec le fantastique, au contraire. Exubérance des situations, sans surenchère, frénésie finale, l’homme a une imagination débordante pour torturer son prochain, les instruments de torture ont fait les beaux jours de la peinture. Ce qui frappe et retient l’attention dans Vierges pour le bourreau, ce sont les à-côtés: ces formes mises en place, picturalement parlant, trouvant leur apogée à mesure que le film avance et que le nombre de survivants se réduit.

Le degré de l’horreur (soit-disant dépassé ! à lire certains) est un faux débat. Ou alors il faut aller jusqu’à l’horreur réelle.

Beau travail de restauration de l’éditeur avec insertion de plans voire de scènes que l’on n’avait jamais vus (mort de Femi Martin alias Benussi entre autres), insérés en italien (sous-titré) dans la version française. La seule version du film que l’on connaissait jusqu’à maintenant était celle (très) écourtée par la censure de l’époque.

Théâtre de la peur

L'Effroyable secret du docteur Hichcock
L’Effroyable secret du docteur Hichcock
Si Vierges pour le bourreau, classique récurrent du Colorado, cinéma montmartrois spécialisé dans l’épouvante, a fait des belles pages de Midi-Minuit Fantastique, la revue d’Éric Losfeld, L’Orgie des vampires de Renato Polselli est infiniment moins connu.

Diamant noir, réalisé en 1961, dans la foulée de L’amante del vampiro, Il mostro dell’opera se déroule dans un autre lieu clos, plus mystérieux ‒ et réel celui-là, le théâtre de Nardi, en Toscane, où il a été intégralement tourné, «  c’est une vieille construction, un jour ou l’autre, elle va s’écrouler (…) Vous n’auriez jamais dû louer ce théâtre, il est maudit. (…) Une jeune actrice disparaît dans les murs du théâtre de l’Aquarius  ».

Fortes dominantes noires, dédale des coulisses du théâtre, labyrinthe vertigineux, déambulations successives d’une jeune fille en chemise de nuit cherchant son chemin, l’ouverture du film (étonnante) est plus proche du film d’avant-garde dans ses répétitions de plans, que du film de genre. Fluidité fuyante frôlant l’abstraction. C’était un (mauvais) rêve ! La troupe de comédiens et de danseuses se trouve vite, comme dans le film dont il était question précédemment, prisonnière du lieu qu’elle occupe. Comme dans l’autre film, l’une des jeunes filles a des liens secrets ignorés avec le maître des lieux, un vampire, ici. Visions païennes. Hystérie visuelle. Tourbillon final où les danseuses sur scène font penser à des bacchantes ivres. Créatures vampirisées, enchaînées au mur dans une nappe de brume. Au royaume de l’imaginaire, les invraisemblances n’ont pas cours. L’onirisme baroque, suivant l’ouverture, visuellement proche d’un théâtre optique, ou théâtre d’illusions, reste, à mes yeux, la partie la plus belle du film. Cette déambulation dans le théâtre se suffit à elle-même. Elle paraît désorientée, universelle. De ce fait, aussi surréaliste.
Comme pour le film précédent, scènes et plans inédits retrouvés, sont intercalés en italien (sous-titré), dans la version française d’époque.

La mort comme fétiche toujours

L'Effroyable secret du docteur Hichcock
L’Effroyable secret du docteur Hichcock
Beaucoup plus rare que sa suite, écrit, comme L’Orgie des vampires, par Ernesto Gastaldi, mis en musique par Roman Vlad, L’Effroyable secret du docteur Hichcock de Riccardo Freda (1962) s’inscrit dans un fantastique fiévreux, pas éloigné du mélodrame, genre (ici détourné) dans lequel s’est exercé Freda par le passé. Le délire est relatif, mais le film touche au somptueux. Avec Freda, retour au classicisme. On pourrait mettre en exergue au film la phrase d’Edgar Poe, écrivant (à des fins commerciales, non parce qu’il aurait été nécrophile comme certains l’ont prétendu !) dans la Genèse d’un poème : «  la mort d’une belle femme est incontestablement le plus poétique sujet du monde  ».

1885, puis 1897. Angleterre. Irréalité de la tempête intérieure nocturne, contrastant avec la lumière du jour. Deux femmes se succèdent dans la vie du docteur Hichcock. Je ne déflorerai pas son effroyable secret, bien qu’il transparaisse maintenant avec la référence à Poe, auquel le film est étranger. Les clins d’œil vont plutôt du côté d’Alfred Hitchcock. Avec un T, maintenant. De Rebecca au fameux verre de lait que Cary Grant apporte à Joan Fontaine dans Suspicious… Chez Riccardo Freda, le verre de lait est réellement empoisonné, nous voyons faire le docteur Hichcock. Riccardo Freda a toujours été extrêmement soucieux des éclairages de ses films, surtout ceux qui se déroulent dans des temps passés. Du Chevalier mystérieux en noir et blanc (peut-être le plus beau Casanova) à L’Aigle noir, en passant par Béatrice Cenci et L’Aigle de Florence, des clairs-obscurs, de la pénombre, jamais de lumière crue (comme on voit chez Fellini éclairant les grottes de son Satyricon comme s’il y avait l’électricité, ou comme dans beaucoup de films de cape et d’épée français), mais une palette de couleurs veloutées, où les bougeoirs n’éclairent pas au-delà de leur champ lumineux. Bleu nuit, mordoré, ici, au vert émeraude des souterrains, pour les scènes mises en saillance. Et retour du latéral !

Avec ses yeux grands comme des fjords, rarement Barbara Steele fut aussi belle que chez Freda. Visage rongé par l’inquiétude, étrangère dans la maison de son mari où règne le fantôme de l’autre femme disparue (Teresa Fitzgerald, alias Maria Teresa Vianello, régulièrement oubliée lorsque l’on parle du film). Freda a toujours été pictural, même en noir et blanc.

PS : Prochainement sur cet écran, pour rester dans ce cinéma disparu, Chacun pour soi de Giorgio Capitani, écrit par Fernando di Leo, western italien exceptionnel, injustement méconnu, un des meilleurs de ce genre.

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6 commentaires sur “Gothique Spaghetti

  1. Gothique Spaghetti
    Additif au bonus (excellent) d’Alain Petit, concernant le noir et blanc de L’ORGIE DES VAMPIRES : beaucoup de films sortaient encore en noir et blanc (au MIDI-MINUIT) en 1969 : LE MARQUIS SADIQUE de Gabriel Axel, BREAK UP de Marco Ferreri, LORNA de Russ Meyer, L’AMOUR AUX BOUGIES de Guy Nys, SCENES DE CHASSE EN BAVIERE de Peter Fleischman, THE DRIFTER… pour n’en citer que quelques-uns.

    1. Quelques corrigenda aux présentations
      Absolument ! Et ça continuait pendant et après 1969 à être vrai : LA NUIT DES MORTS VIVANTS tourné N.&B. en 1968 et distribué à Paris vers 1970, LES TUEURS DE LA LUNE DE MIEL de Leonard Kastle tourné en N.&B. et distribué à peu près à la même époque à une année près…

      J’ai relevé d’autres corrigenda qu’on doit objecter aux présentations, en dépit de leur qualité évidente de précision et leur belle documentation iconographique soigneusement sélectionnée et toujours admirablement bien reproduite.

      1)
      Petit est un témoin de première main précieux et un collectionneur dont les archives sont légendaires. Il n’est pas un intellectuel ni un esthète comme l’étaient Caen, Prédal, Lenne, Bouyxou, Sabatier mais il est aussi précis que l’était un Jean-Claude Romer en matière filmographique et biographique. Petit a cependant raté, en outre, quelque chose dans son commentaire de L’ORGIE DES VAMPIRES : la mise en parallèle qui pourtant s’imposait entre L’AMANTE DEL VAMPIRO (1960) et IL VAMPIRO DELL OPERA [Il Mostro dell opera / L’Orgie des vampires] (1960-1961) qui forment un curieux diptyque polsellien et gastaldien. Idées, procédés, casting, conditions de production, désinvolture et liberté en roue libre au sein d’une sorte de cahier des charges contraignant voué au commerce a priori le plus minable. Si Prédal avait pu découvrir en 1970 L’AMANTE DEL VAMPIRO et s’il avait su la date exacte de production de L’ORGIE DES VAMPIRES, il n’aurait pas écrit la même critique virulente de L’ORGIE DES VAMPIRES, du moins pas de la même manière.

      2)
      Par ailleurs, Gérard Lenne dans son propre commentaire historique et esthétique sur L’EFFROYABLE SECRET DU DOCTEUR HICHCOCK commet une erreur filmographique : ce film de 1962 n’est pas le premier film fantastique de Freda tourné en couleurs puisque LE CHATEAU DES AMANTS MAUDITS [Beatrice Cenci] et LE GEANT DE THESSALIE – qu’on peut faire ressortir du genre fantastique : c’est évident dans le cas du péplum I GIGANTI DELLA TESSALIA, et c’est évident dans le cas de BEATRICE CENCI une fois qu’on le replace rétrospectivement, comme le fit si bien Sabatier, dans le courant du fantastique chez Freda (le BEATRICE CENCI de Freda ressort davantage du fantastique que celui de Fulci, contrairement à ce qu’on pourrait croire aujourd’hui) sont tous deux antérieurs à 1962 et tous deux tournés dans de magnifiques scope-couleurs 2.35 !

      3)
      Une remarque générale sur le nom de la collection dans laquelle Artus film rassemble ces titres tous intéressants, les classiques du cinéma fantastique que sont le Margheriti, le Freda comme les films plus mineurs ou curieux que sont le Polselli, le Pupillo : ces films fantastiques italiens n’ont rien à voir avec le qualificatif de « gothique » qu’on leur applique : leur sujet, leur esthétique, le lieu et le temps de l’intrigue sont du début du XXe siècle ou contemporain de leur date de production.
      De même que la Hammer n’a rien à voir non plus avec le gothique, sauf les ROBIN DES BOIS de Fisher et un ou deux autres cinéastes anglais !
      Le seul film fantastique de la collection Artus pouvant être stricto sensu qualifié de « gothique » est l’admirable I LUNGHI CAPELLI DELLA MORTE [La Sorcière sanglante](1964) d’Antonio Margheriti puisqu’il se déroule au moyen-âge.
      Le galvaudage de ce terme est depuis quelques années assez redoutable : il est source constante de confusion esthétique et historique. Ce n’est pas parce que LA VIERGE DE NUREMBERG de Margheriti, VIERGE(S) POUR LE BOURREAU de Pupillo ou GLI ORRORI DEL CASTELLO DI NORIMBERGA de Mario Bava reposent le thème de la résurrection possible d’un ancien bourreau (pas assez ancien pour être qualifié de médiéval ni gothique d’ailleurs : les trois bourreaux appartiennent à l’histoire moderne post-médiévale dans les trois scénarios) que ce sont des films « gothiques » !

      4)Petit a raté aussi, je pense, une belle occasion de se pencher sur un problème matérialisé sous nos yeux par le matériel documentaire admirable qu’Artus a rassemblé : je veux parler de la constante hésitation entre singulier et pluriel dans le titre français d’exploitation VIERGE ou VIERGES POUR LE BOURREAU [Il Boia scarlatto] (1965) de Massimo Pupillo. Les photos d’exploitation françaises N.&B. optent pour le singulier. L’affiche française opte pour le pluriel. L’affiche belge aussi si ma mémoire est bonne. Difficile de dire si le générique français d’exploitation optait pour l’un ou l’autre car il est absent : la copie VF d’époque s’ouvre aussi sur le générique italien au titre IL BOIA SCARLATTO. Ce genre de problème est fréquent dans l’histoire du cinéma, notamment dans l’histoire du cinéma-bis. Il avait donné lieu à bien des discussions sur le regretté site internet belge Cinérivages, fondé par la regrettée Françoise de Paepe. Discussions d’ailleurs aujourd’hui introuvables, disparues, à moins qu’elles aient été imprimées en guise de sauvegarde. Bref…

  2. Gothique Spaghetti
    L’ORGIE DES VAMPIRES sortie 23 juil 1969 CINÉVOG, MAILLOT-PALACE, SCARLETT, MIDI-MINUIT.

    L’EFFROYABLE SECRET DU DOCTEUR HICHCOCK sorti également au MERY place Clichy.

  3. Freda, Polselli, Pupillo
    Une remarque liminaire : « Cinéma-bis » fut d’abord une expression négative, certes, mais ensuite elle fut revendiquée par un groupe de critiques français écrivant d’abord dans MIDI-MINUIT FANTASTIQUE de 1962 à 1971 puis dans les revues CREEPY, EERY et VAMPIRELLA de 1969 à 1975 environ.

    Des trois films, c’est L’EFFROYABLE SECRET DU DOCTEUR HICHCOCK de Freda qui est le film majeur, pour des raisons autant esthétiques qu’historiques sur lesquelles je me suis étendu ailleurs. Ce Freda forme un diptyque esthétique du fait de la présence de Barbara Steele avec LE SPECTRE DU PROFESSEUR HICHCOCK, tourné ensuite. Il est une autre évidente, économique : son budget est plus élevé, son casting supérieur, sa direction de la photo plus sophistiquée que celles du Polselli et du Pupillo. L’image du Freda est naturellement plus belle parce que sa mise en scène obtient sans effort ce que les deux autres n’obtiennent que laborieusement, à savoir, effectivement, une étrange alliance entre cinéma classique, cinéma-bis et cinéma expérimental !

    La VF intégrale ou la VOSTF permettent de reconsidérer L’ORGIE DES VAMPIRES de Polselli (tenu par René Prédal, LE CINEMA FANTASTIQUE, éd. Seghers, Paris 1970 pour un « effarent bâclage » doté d’une référence implicite, dans son titre original, IL MOSTRO DELL OPERA, au livre de Gaston Leroux avec lequel il n’a pourtant aucun rapport : Prédal s’insurgeait contre l’incohérence de la VF exploitée, mutilée sans qu’il le sache) qui est l’autre volet du diptyque formé avec L’AMANTE DEL VAMPIRO (inédit en salles mais télédiffusé en France) du même Polselli : dans les deux cas, quelques minutes de cinéma pur rachètent la pauvreté initiale de l’idée, des moyens. Ce NIGHT OF THE LIVING THEATER, si on peut le nommer ainsi, ce LIVING THEATER du pauvre, existe tout de même et s’approche du surréalisme à plus d’un moment. Le nom AQUARIUS dans la coupure du journal lu au début, évoque rétrospectivement le AQUARIUS [Bloody Bird] de Michele Soavi qui sera aussi un théâtre dans lequel des acteurs – et non plus des danseurs – risquent la mort. Lucio Fulci répondait, dans l’entretien annexé au DVD zone 2 PAL français de sa version de BEATRICE CENCI [Liens d’amour et de sang] (Ital. 1969) lorsqu’on lui demandait de parler de sa période cinéma fantastique : « C’est un cinéma pauvre » au sens strict, fait sans argent ! Polselli et Gastaldi pouvaient répondre ça en 1960 : à partir de rien, ils construisent quelque chose de désinvolte mais parfois de poétique qui aboutit effectivement, avec la patine du temps, à un surréalisme réel, un « surréalisme du pauvre » si on veut.

    VIERGES POUR LE BOURREAU est bien défendu et illustré par Mathis : je ne connaissais que la version mutilée télédiffusée en France et la version intégrale mérite révision. Le jeu dialectique entre spectacle et réalité est au coeur du sujet, de la mise en scène. De là à en faire une sorte de critique nouvelle-vague du cinéma-bis, il y a un pas qu’on peut du coup peut-être franchir. Le charme d’une oeuvre d’art est d’échapper à ses auteurs pour vivre ensuite d’une vie propre : Ralph Zucker et Pupillo ont-ils voulu mettre en abyme les fumetti KRIMINAL et SATANIK, le cinéma fantastique bis (l’argument de intrigue évoque un peu LA VIERGE DE NUREMBERG : un bourreau historique revenant à la vie, réutilisant ses anciens instruments de torture à la faveur d’une visite dans son chateau qui le libère de sa prison… ici presque symbolique)que Zucker avait d’ailleurs assez bien servi – au premier degré – dans LE CIMETIERE DES MORTS-VIVANTS avec Barbara Steele. J’avoue que la séquence de cinéma pur qui trouve grâce à mes yeux et porte le film au degré évident de suréalisme dont on peut le qualifier, c’est celle de la toile d’araignée. Elle est presque moins originale (après tout… LE MYSTERE DE TARZAN, LE VOLEUR DE BAGDAD, LA MORT DANS LE FILET ont précédé VIERGES POUR LE BOURREAU)que l’idée plastiquement si belle de l’Alfa tournant en rond, conduite par un mort, mais est plastiquement si bien faite, hésitant presque entre photo et plan, plan et roman-photo, qu’elle symbolise tout le restant du film à elle seule, son authentique surréalisme, à nouveau.

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