Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
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Les Influences

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Ahn Cheol-soo, le trublion de l’échiquier politique coréen, candidat à la présidence

Publié le 19 septembre 2012 par

C’est un grand soulagement aujourd’hui parmi les opposants à Lee Myung-bak. Le trublion de la politique sud-coréenne après des mois d’attente a enfin déclaré sa participation à la prochaine élection présidentielle qui se tiendra en décembre prochain.

(© New York Times)
(© New York Times)
Ahn Cheol-soo compte de nombreux supporters en Corée. Entrepreneur brillant, c’est l’anti-homme politique par excellence bien loin des affaires de corruptions et des passe-droits si fréquents au Pays du Matin calme. De même sa réussite hors du champ de l’industrie classique et ses implications altruistes est à mille lieux du modèle Samsung basé sur la prédation et l’asservissement de ses salariés. Même si un livre a préparé le terrain en présentant ses idées que beaucoup ont pris pour son programme, «  enfin !  » peuvent souffler ses fans, Ahn Cheol-soo vient d’annoncer aujourd’hui 19 septembre sa candidature lors d’une conférence de presse d’à peine dix minutes. «  J’ai longtemps réfléchi avant de décider de ma candidature au poste en charge de la gouvernance du pays et j’assumerai à partir d’aujourd’hui cette responsabilité d’accomplir ce devoir qui m’est donné.  »[[Source Yonhap]].

Un homme d’affaire respectable

Gage confucéen de sa respectabilité, Ahn Cheol-soo fait partie d’une famille traditionnelle de lettré. Le père médecin, le fils poursuit évidemment lui aussi des études de médecine. Mais une fois en poste il se passionne plus pour l’informatique. Du simple dépannage ou aide à l’installation, il développe dans «  son garage  » dès 1988 un anti-virus efficace qu’il diffuse auprès de ses collègues. Le succès est mis entre parenthèse le temps qu’il accomplisse son service militaire de 1991 à 1994 en tant que médecin. A son retour de l’armée en 1995, il crée AhnLab ; le but est de créer une offre de sécurité intégrée. Rapidement cotée en bourse, aujourd’hui la société possède plus de 60 % du marché de la sécurité informatique en Corée du Sud et compte pas moins de 500 distributeurs à travers le monde. Mais la fortune ne lui suffit pas. Conscient de ses lacunes il part parfaire sa formation aux Etats Unis : Executive Master of Technology Management de l’Université de Pennsylvanie en 1997, Strategy and Entrepreneurship in Information Technology à Stanford en 2000. A l’apogée de son succès il quitte la direction de l’entreprise et débute en 2008 une carrière universitaire comme professeur à KAIST [[Korea Advanced Institute of Science and Technology, le MIT coréen]] pour devenir par la suite doyen de l’école doctorale des technologies et des sciences convergentes de l’Université nationale de Séoul. Il se montre aussi altruiste croyant fermement à la nécessité d’une entreprise responsable et impliquée dans la société civile. Il permet ainsi à de nombreuses organisations syndicales mais aussi des associations écologistes d’utiliser ses logiciels sans licence. Pensant que l’on oppresse trop les jeunes, à partir de 2009, il sillonne le pays avec un ami médecin pour rencontrer les jeunes et les encourager à croire dans l’avenir de leur pays. Les « Youth Concerts » sont un mixte entre lecture et débat. Gratuits ils réunissent à chaque fois plus de 1500 personnes. Après plus d’une centaine de rencontres[[27 Youth Concerts sont organisés en 2011]], la jeunesse est conquise et sa popularité est faite. Altruiste, il devient philanthrope. En décembre 2011, il donne la moitié de ses actions d’AhnLab pour financer des programmes éducatifs à destination des familles à bas revenus, soit 170 millions d’€.

Un homme intègre

(© Yonhap)
(© Yonhap)
Mais Ahn Cheol-soo veut aller plus loin; la politique lui tend les bras. En septembre 2011 il évoque la possibilité de se présenter à la mairie de Séoul. Il tergiverse. L’opinion publique est pendue à sa décision en pleine ère Lee Myung-bak. Les sondages le donnent vainqueur. Les gens sont lassés par des politiciens gangrénés par les affaires. Il tarde à prendre une décision et laisse son entourage et ses partisans dans l’expectative. Coup de théâtre, avant les élections il rencontre pendant deux heures le candidat de l’opposition[[PDU : Parti Démocratique Unifié]] Park Won-soon. Personne ne connait le contenu des échanges, mais à la sortie Ahn Cheol-soo se désiste au profit de Park Won-son le qualifiant de candidat le plus honnête et le plus capable. Le maître adoube l’élève. Park Won-son emporte la ville de Séoul, 4ième mégapole au monde. Pour la présidentielle de décembre, la donne est quasi la même. Face à ce «  tsunami  » politique comme la rue a pris l’habitude de le surnommer, il y a le candidat de l’opposition[[PDU]], Moon Jae-in, intronisé par son parti il y a à peine deux jours et surtout la candidate du parti au pouvoir Park Geun-hye. Surnommée La Princesse, Park Geun-hye est la fille de l’ancien dictateur Park[[Park Chung-hee assassiné par un de ses amis, chef des services secrets coréens]] qui s’il permit le développement phénoménal de la Corée, terrorisa les opposants au régime. Nombreux sont les coréens ayant connu ses prisons ou ayant eu un membre de leur famille mort lors d’action de répression. Elevée dans un palais à l’abri du bruit de la rue, Park Geun-hye avec ses dérapages autoritaires fréquents, assume sans gêne le passé dictatorial de son père et espère toujours convaincre une Corée qui la voit comme un véritable OVNI.

«  Le futur est déjà arrivé, il n’est tout simplement pas distribué équitablement  »

Lors de l’élection du 19 décembre ce ne sont pas seulement des candidats qui s’affronteront mais deux visions de la société coréenne : une société conservatrice attachée à la dictature, minée par la corruption et le clientélisme face à une société moderne, ouverte sur l’extérieur, une société qui réussit mais qui s’est centrée sur des valeurs d’équité et d’entraide. Aujourd’hui Ahn Cheol-soo se permet de conclure sa conférence de presse en citant William Gibson, le romancier emblématique de la culture cyberpunk : «  Le futur est déjà arrivé, il n’est tout simplement pas distribué équitablement.  »[[La référence à William Gibson qu’a fait Ahn Cheol-soo lors de l’annonce de sa candidature a boosté les ventes du Neuromancien d’où est tiré la citation. 24h après, l’éditeur coréen a décidé de rééditer le roman.]]. Un clin d’œil qui n’aura pas échappé aux petites mains sur-diplômées d’une société en crise.

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