Influences (n. fem. pluriel)
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Les Influences

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#Ali Laïdi #Ecole de guerre économique

L’introuvable pensée de la guerre économique

Publié le 26 octobre 2012 par

Les idéologues du libéralisme et les actionnaires des entreprises du CAC 40 s’obstinent à esquiver la réalité des stratégies déloyales et des démarches agressives des Etats pour dominer le marché.

harbulot.jpg Ali Laïdi a publié le 24 octobre, un ouvrage Aux sources de la guerre économique. Fondements politiques et philosophiques qui relance le débat autour du concept «  sulfureux  » de guerre économique.

Le monde s’est construit depuis ses origines à partir de deux principes : dans un premier temps la survie (les 9/10è de l’histoire de l’humanité), dans un second temps le développement du marché. Rares sont les ouvrages qui abordent la problématique des rapports de force économiques qui sont au cœur de la réalité quotidienne de la survie comme elle du marché. C’est à ce chaînon manquant aux grilles de lecture du monde éducatif et politique que l’auteur s’attaque en remontant aux fondements de la guerre économique.

Comment comprendre le monde actuel sans aborder ce sujet tabou ? Un membre de l’Institut de l’entreprise, le think tank proche du Medef, me confiait récemment que plusieurs patrons du CAC 40 n’arrivaient pas à faire passer des idées sur une stratégie plus rigoureuse à définir par rapport à la Chine. Leurs actionnaires ne souhaitaient pas entendre un discours réaliste qui parte du principe que ce pays menait une politique de conquête commerciale tous azimuts, en premier lieu dans un but d’accroissement de puissance. Il était urgent selon lui de trouver un moyen de sortir du mode de pensée dominant qui présente la mondialisation comme une généralisation du modèle d’économie de marché façonné par l’Occident au cours des deux derniers siècles. Un tel blocage n’est pas anodin.

Depuis des décennies, des générations d’élèves et d’étudiants apprennent que l’économie est rythmée par l’innovation, l’échange et la finance. Les élites françaises sont donc totalement désarmées pour analyser et comprendre la face cachée de la mondialisation. Si l’expression «  guerre économique  » est parfois employée dans les médias ou dans quelques rares déclarations ministérielles, c’est surtout dans le but de choquer les esprits. On attend toujours l’embryon de réflexion stratégique qui devrait découler de telles mises en garde.

Il existe pourtant des signes précurseurs d’un changement d’état d’esprit. En 2011, deux professeurs de New York University[[Jane Burbank, Frederik Cooper, Empires, Payot, 2011.]], Jane Burbank, Frederik Cooper, ont réalisé une analyse comparée de l’histoire des empires qui démontre le rôle fondamental des rapports de force économique dans le processus de structuration et de confrontation des principaux empires qui jalonnent l’Histoire de l’humanité. L’économiste norvégien Erik Reinert[[Erik Reinert, Comment les pays riches sont devenus riches et pourquoi les pays pauvres restent pauvres  », aux éditions du Rocher, 2012.]] a, de son côté, bien illustré la manière plus ou moins visible des Etats dans l’édification de leur puissance politico-économique.

Ali Laidi emboîte le pas de ces auteurs qui nous apprennent à penser autrement. Il centre sa problématique sur cette omission éducative, fruit de la volonté des partisans du libéralisme d’étouffer toute réflexion sur la guerre économique. Le réalisme du concept risque de fragiliser les fondements vertueux de l’idéologie libérale. Si la compétition est inscrite dans le gène du libéralisme, il n’y a aucune raison que celle-ci ne déborde pas sur des démarches très agressives et déloyales. Si l’on ajoute à ce dérapage moral souvent inévitable, le fait que certains Etats utilisent l’arme économique comme levier de puissance, la solidarité fondamentale dans l’enrichissement des nations ressemble à un vœu pieux.

La polémologie de l’économie reste donc à écrire.

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