Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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#Centre d’analyse stratégique #Commissariat général à la stratégie et à la prospective #Jean-Marc Ayrault #Pierre Rosanvallon #Politique #Vincent Chriqui #Yannick Moreau

Le grand retour de la République neuronale

Publié le 19 janvier 2013 par

Le rapport Yannick Moreau qui vient d’être remis à Matignon préconise le retour d’un Commissariat au plan new look à la place de l’actuel Centre d’analyse stratégique. Usine à gaz ou nouvelle manière de penser ?

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fabrique_230-2.gif Politique.Comment un Etat réfléchit ? Le grand public n’en entend pratiquement jamais parler, mais la république française est richement dotée en observatoires, hauts-conseils et commissions de toutes sortes, – et de tous fromages dont le plus caricatural est le Conseil Economique, Social et désormais Environnemental (Cese). Matignon lui-même a son think tank : des dizaines de chercheurs en sciences sociales sont rattachés au Centre d’analyse stratégique (Cas). Qui remplace depuis 2006, le Commissariat au plan, cette vieille mythologie républicaine créée en 1949, pour suivre le développement du Plan Marshall et par la suite, accompagner la France des Trente Glorieuses. Le Commissariat s’émoussa avec les crises des années 1970 et vit son statut de planificateur perturbé par la mondialisation. Sous l’égide de l’actuel Cas, est rattachée une ribambelle de conseils : Conseil d’Analyse Economique, Conseil d’Orientation pour l’Emploi, Centre d’Etudes Prospectives, Conseil d’Orientation des Emplois, Haut Conseil à l’Intégration et le petit dernier et absolument inutile Conseil d’analyse de la société, censé être animé par Luc Ferry.

« Je me tiens à la disposition de la république  » soufflait à l’interlocuteur, fin octobre, Vincent Chriqui, directeur général du Cas, lorsqu’on lui demandait s’il ne se trouvait pas sur un siège éjectable. Il aura tenté à son poste de rendre plus opérationnelles les études et les notes du Centre, mais le sort du Cas est scellé depuis le 7 décembre dernier: il va disparaître. En lieu et place élargie, un  » Commissariat général à la stratégie et à la prospective. » Le rapport commandé par Jean-Marc Ayrault en juillet dernier a été bichonné par Yannick Moreau. Un aréopage de hauts fonctionnaires et d’intellectuels ont fabriqué le projet de nouvelle entreprise intellectuelle gouvernementale. Sous l’égide de la Présidente de section au Conseil d’Etat, se sont réunis l’ex-présidente de l’Inra et possible ministre de l’Agriculture d’un Nicolas Sarkozy II, Marion Guillou, l’économiste et conseiller de François Hollande, Philippe Aghion, l’historien, fondateur du site La vie des idées et professeur au Collège de France, Pierre Rosanvallon, un second économiste proche de Terra Nova, Henri Rouilleault et l’ancien dir-cab de Laurent Fabius et actuel président d’Initiative France, Louis Schweitzer. Ils ont consulté et réfléchi à l’instauration d’un Commissariat au plan d’un nouveau type et cultivé un grand dessein pour leur créature.

Qui dirigera ce Commissariat général à la stratégie et à la prospective ? Un super-héros suggère le rapport Moreau

Si le Cas a produit quelques études remarquées, notamment sur les sujets de société, il ne s’est jamais trouvé impliqué dans les grandes réformes. On ne lui a pas demandé. Or le commissariat théorisé, lui, a vocation d’être beaucoup plus influent, et bien plus que le nouveau think tank bureaucratique de Matignon. Le rapport Moreau souhaite qu’il incarne également une instance du «  déminage démocratique  ». C’est-à-dire que ce Commissariat s’ouvre et prenne en compte les acteurs les plus variés de la société, apprenne à « complexifier » et anticiper les situations plutôt que de colorier des albums technos. Cet organisme cultiverait d’ambitieux projets de réflexion tels que «  repenser le modèle productif français dans la troisième révolution Industrielle  » ou «  retisser le lien social  », «  refonder le contrat territorial  », ou encore «  penser la transition écologique imposée notamment par le changement climatique  ».
Ce nouveau Commissariat saurait s’incarner comme l’animateur d’un réseau d’observations et de prospective, constituant un puissant outil de veille et d’alerte car le rapport met le doigt là où la pagaille d’Etat est organisée : un éparpillement d’observatoires centraux, régionaux, administratifs qui sont sans doute de qualité mais qui s’ignorent mutuellement et superbement.
L’affaire semble entendue en haut lieu. Mais qui dirigera ce Commissariat général à la stratégie et à la prospective ? Un super-héros, semble suggérer le rapport Moreau.  » L’une des clés du succès de ce projet tient au commissaire qui sera désigné : il faudra une personnalité de grand talent« , soulignent bien en gras les rédacteurs. Cette perle rarissime devra être « capable de mobiliser une expertise de qualité et d’articuler les travaux avec la décision publique. » Par ailleurs, Super-Cerveau devra « pratiquer l’ouverture à l’international et établir des liens solides avec la recherche« . C’est qu’il bénéficiera du  » soutien ferme et visible du plus haut niveau de l’Etat et du gouvernement« , et « sera rattaché directement au Premier ministre. » La foire aux vanités est déclarée ouverte.
Quoique il en soit, les temps changent. Dans l’art de gouverner au XXIe siècle, il n’est plus considéré comme ringard de prévoir ou de s’y efforcer au-delà du court-termisme et des simplifications.

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