Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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La psy et la philo à l’épreuve de « l’incomplétude »

Publié le 16 février 2013 par

L’association Psychanalyse actuelle organise des débats sur la remise en question du sujet, du genre et du symbolique, provoquée par la parentalité et la procréation artificielle

Tags : Psychanalyse, Philosophie, incomplétude, Psychanalyse actuelle, Emmanuel Brassat

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fabrique_230-2.gif Mentalités.Si la loi autorisant le mariage homosexuel semble en passe d’être définitivement acceptée, le sujet est loin d’être épuisé, discuté, disputé. Notamment sur les questions d’adoption, de filiation, et de procréation médicalement assistée. Quelle identité en devenir et avec quel manque ? Quels effets et redéfinitions de normes telles que la « fonction » paternelle ou la différence ? Les tribunes du quotidien Le Monde ont ainsi été le castelet de papier d’affrontements théoriques (et perso) sévères entre la philosophe Sylviane Agacinski, opposante au mariage gay pour ce qui concerne ses conséquences notamment sur le droit à l’adoption et à la PMA, et la sociologue Irène Théry. Même customisé par un épais sabir psycho-socio-philosophique d’autorité, la question de de la filiation ne parait pas évidente, et ferait même surgir une nouvelle « incomplétude » de l’identité, du sujet et du symbolique. Ainsi, tout le long de l’année, le club de réflexions psychanalytiques freudiennes et lacaniennes, Psychanalyse actuelle, organise une suite dédiée à la question de la nouvelle « incomplétude ».
Pour la première réunion-débat ouverte à tous, le samedi 23 février prochain, Emmanuel Brassat, enseignant en philosophie à l’IUFM de Versailles, (spécialiste des courants pédagogiques réunis dans la Nouvelle Education, et par ailleurs critique d’art) sera interrogé par trois psychanalystes, Iva Andreis, Jeanne-Claire Adida et Berbara Didier-Hazan.  » La notion de parentalité a remplacé en droit celle de l’autorité paternelle, comme en politique la gouvernance a pu se substituer à celle de la souveraineté, ce qui permet par voie de conséquence de dissocier autorité parentale et différence sexuelle » souligne le philosophe. Les techniques de procréation artificielle rendent possible désormais de dissocier reproduction et sexualité, « donc également d’aggraver la séparation de la personne sexuée de la définition des fonctions éducatives« . Le genre également instruit un paradigme qui fait de la personne sexuée une construction socio-culturelle.

« La cause commune des libéraux et des libertaires »

Emmanuel Brassat observe que si la notion de genre «  accentue la destitution de la différenciation comme ordre symbolique impliquant une irréductibilité institutionnelle des différences« , elle crée un problème de taille. Car « c’est aussi au nom de l’incomplétude, pour ainsi dire, d’une différence entre nature et culture qui sépare le désir du vivant empirique, que de telles évolutions institutionnelles s’opèrent.  » Analyse promise à quelques polémiques en perspective. Comment penser « la fonction » parternelle » si elle n’est plus pensée de façon homogène ? « Parce que ne pouvant rompre avec l’idéal d’une forme normée d’existence » la psychanalyse se retrouve au milieu d’un champ de mines et se voit à cet égard, taxée de « conservatrice« . Le philosophe n’hésite pas à aller au casse-pipe, observant une alliance entre libéraux et libertaires sur ce sujet. Autrement dit, libéraux et libertaires poursuivent souvent une cause commune qui repose sur le caractère non substantiel de la réalité humaine et qui implique une dissolution des « assujettissements » institués, qu’ils soient sexuels, sociaux, parentaux, politiques, religieux, langagiers. »

Quant à la philosophie, elle se voit elle-aussi au pied d’un beau mur d’aporie, au défi d’un problème conséquent actuel : « comment le concept d’incomplétude peut-il donner lieu à une « philosophie de l’existence » qui n’implique pas la dissolution et la disparition d’une conception de l’humanité qui maintienne l’exigence d’un ordre symbolique pré-instituant et d’une forme-sujet qui en dépende? La difficulté étant que, pour cela, il faille passer de la question logique et métaphysique à la question sociale et subjective » estime encore Brassat.

Une explosion de théories philosophiques de la différence

En dévidant la bobine emberlificotée de l’incomplétude, le philosophe qu’il est y voit aussi  » la question de la sortie de la métaphysique« . La philosophie occidentale « conçue comme une onto-théologie hiérarchisée reposant sur la croyance en des principes premiers quant à l’être qui impliquent une articulation pré-donnée de l’un et du tout, de l’un et des différences, de la cause et de la conséquence, de l’éternité et du devenir, des formes-sujets et des accidents  » a vu depuis le début du 20e siècle, une explosion de contre-théories de la différence en général, et des sexes et de la sexualité : théorie existentielle, positiviste, organiciste, différentialiste, fonctionnaliste, éthique… Or, celles-ci sont loin d’être équivalentes.
Bien d’autres questions et réponses seront à préciser tout au cours de l’année, prévoient encore les organisateurs de Psychanalyse actuelle, telles que la théologie négative, la mort de dieu, la métaphysique du retrait, l’entre-deux-mort, la relation au signifiant paternel (fonction oedipienne), la jouissance mystique, ou encore le collapse du politique. Les lois passent, de nouvelles normes sociales sont agencées, et mille questions restent… avec un fort sentiment d’incomplétude.

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