Jérôme Cahuzac en modèle suédois
Publié le 15 avril 2013 par Christian Harbulot
Les démocraties nordiques et anglo-saxonnes sont-elles si exemplaires ?
L’affaire Cahuzac a suscité de nombreux commentaires dans les medias, y compris de la part de journalistes étrangers sollicités pour donner leur point de vue sur la question. Ce fut le cas sur Europe1 la semaine dernière. Des journalistes anglais, américains et nord-européens ont défilé à l’antenne pour souligner les vertus de leurs démocraties et les exemples à suivre. La démonstration fut exemplaire. On y apprend notamment que l’ancienne candidate écologiste, Eva Joly, a été accusée d’avoir versé un trop fort pourboire (plus de cent euros) dans un restaurant en Norvège.
Cette anecdote qui met l’accent sur le pointillisme moral appliqué dans ce pays est à mettre en parallèle avec la crise majeure qui a affecté en juillet 2011 le modèle démocratique ce pays lorsqu’un militant d’extrême droite a tué 77 personnes et blessé (bombe dans le quartier gouvernemental puis tirs dans un camp de jeunes).
Citée comme exemple, la Suède n’est pas mieux lotie. Cette démocratie n’a toujours pas résolu l’énigme de l’assassinat de son premier Ministre Olaf Palme en février 1986.
Côté entreprises, l’exemplarité morale suédoise comporte aussi quelques exceptions qui ne sont pas anodines. En 2010, Ikea est présentée comme un modèle d’entreprise anti-corruption à partir duquel la Russie a proposé de rédiger un « code d’honneur » pour ses propres entreprises. Or, en 2012, les syndicats CFDT et Force Ouvrière ont déposé une plainte contre X auprès du parquet de Versailles pour « collecte de données à caractère frauduleux, déloyal ou illicite » au sein de la filiale française d’Ikea. Cette plainte aboutira un an plus tard à la mise en examen de l’ex-directeur de la sécurité et son adjointe.
La corruption comme l’invention du ghetto sans mur contrebalancent les systèmes de sélection des responsables du pouvoir
La traversée de la Manche ne nous offre pas non plus de garanties sur l’excellence du modèle démocratique. En 2011, éclate le scandale du groupe Murdoch qui est de loin le plus grand dérapage médiatique que l’on ait connu dans le monde occidental. Des journalistes britanniques ont pris la liberté de faire effectuer depuis le début des années 2000 des écoutes téléphoniques illégales et d’avoir recouru à des techniques de dissimulation et/ou d’usurpation d’identité en vue d’obtenir des informations confidentielles.
De leur côté, les Etats-Unis, avec leurs trois millions de prisonniers de droit commun majoritairement noirs et hispaniques, ne semblent pas non plus être le pays de la liberté annoncé par Tocqueville. La corruption comme l’invention du ghetto sans mur contrebalancent les systèmes de sélection des responsables du pouvoir. Cette liste d’exemples (décalés diraient certains) est loin d’être exhaustive. Elle démontre simplement qu’il n’existe pas de modèle démocratique irréprochable. A charge pour les sociétés civiles de l’améliorer en fonction de leurs moyens et de leurs besoins.