Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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#Editions Autrement #Féminisme #Histoire #Michel Muchembled

Robert Muchembled, l’historien de ces dames

Publié le 16 décembre 2013 par

Dans «  Insoumises  » (Autrement), l’historien Robert Muchembled a fait le pari d’aller à rebrousse-poil des représentations féministes habituelles.

influenceurs_250.gif Histoire. Dans Insoumises, l’historien Robert Muchembled (1944), longtemps spécialiste de la sorcellerie, a fait le pari d’aller à rebrousse-poil des représentations féministes habituelles. Si, certes, les françaises ont longtemps été arbitrairement écartées des centres de pouvoir et soumises à la domination masculine, elles n’ont pour autant, à en croire l’historien, pas été totalement écrasées.
Sous l’Ancien Régime, et tout particulièrement au XVIIIe siècle, quelques femmes officiellement écartées des hautes fonctions, ont néanmoins exercé une importante influence sur les monarques. Même si ces Pompadour et autres Maintenon n’étaient que la partie émergée de l’iceberg et se voyaient également soumises aux règles masculines (et à la fameuse loi salique), il est difficile de leur coller l’étiquette de «  parfaites opprimées  ». Robert Muchembled documente sur ces femmes, plus nombreuses qu’il n’y parait, à s’être opposées à la domination du mâle.
Au-delà des hautes sphères monarchiques, l’historien lève le voile sur d’autres milieux «  producteurs de pouvoirs féminins  ». Oui, insiste-t-il, quelques femmes ont parfois su tirer, partiellement mais discrètement, leur épingle du jeu, notamment dans le monde paysan où certaines d’entre elles, parfois considérées comme «  sorcières  », élaboraient leurs «  lois secrètes  » dans un langage inaccessible aux hommes. L’historien a également repéré ces formes d’insoumission dans les monastères féminins, ainsi que dans l’univers bourgeois, de 1789 à 1950.

Silence féminin et adultère

muchembled.jpg Difficile pourtant d’enquêter sur les traces des insoumises de l’Histoire… Déjà parce qu’il faut les trouver, en l’absence de fonds historiques dédiés au «  deuxième sexe  », mais également parce que sur certains aspects, il en existe peu. L’une des principales caractéristiques des femmes, quand elles avaient appris à écrire, était en effet de garder le silence. A fortiori sur le corps et les rapports charnels… Résultat : l’adultère féminin est l’un des pans de l’Histoire qu’il reste extrêmement difficile à défricher. L’historien s’est néanmoins penché dessus avant de déceler, contre toute attente, une relative tolérance masculine à cet égard.

L’idée n’est pas, pour Robert Muchembled, de démentir la réalité historique de l’implacable société patriarcale, ni d’un phallocentrisme souvent hostile, étouffant nombre de femmes, notamment au sein du mariage. Mais plutôt de relativiser la croyance en une totale passivité féminine. Petit coup de projecteur sur ces îlots de pouvoirs, noyés au milieu d’un océan de testostérone.
A.M

LesInfluences.fr : Vous semblez avoir à cœur d’aller à contre-courant de nombre de discours féministes insistant sur l’oppression « absolue » de la femme à travers l’histoire. Quel a été le « déclencheur » de cet ouvrage ?

Robert Muchembled : L’affaire Strauss-Kahn. Sur un blog du New York Times consacré au sujet, une «  papesse  » féministe américaine, Joan Scott, a prétendu que toutes les Françaises étaient responsables de ce comportement anormal, parce qu’elles n’étaient pas assez militantes et n’empêchaient pas les hommes puissants d’abuser de leur position. S’il est vrai que de telles attitudes sont inacceptables *2, il est également certain que l’excès féministe, dont les théoriciennes de l’oppression «  absolue  » sont souvent représentatives, n’est pas la meilleure manière de faire de l’histoire. Ce métier m’amène à me méfier des extrémismes, quels qu’ils soient. La recherche du passé, d’une vérité difficile à débusquer, enseigne l’art des nuances. Après avoir moi-même dépeint en noir et blanc les rapports de la culture populaire et de celle des élites, à mes débuts, je suis très sensible à la nécessité de pratiquer une telle réflexion en cherchant à offrir une vision véridique, fondée sur les documents qui existent, et non pas purement polémique, du passé. Je ne sais pas si j’ai complètement raison, mais il m’a semblé important d’investir un terrain trop souvent labouré par des critiques systématiques qui proviennent plus du présent, et de stratégies de pouvoir, que d’une observation solide des faits et des idées.

«  Je n’avais pas pensé à en faire un ouvrage, avant d’avoir envie d’apporter des nuances à la belle histoire de l’opprimée absolue s’émancipant par sa seule volonté, parce que cette trame explicative est simpliste, incomplète, parfois mensongère, même si elle possède une valeur exemplaire certaine.  »

LI.fr : Vous expliquez qu’il n’existe pas de fonds d’archives dédiés aux femmes, d’où la difficulté d’effectuer des recherches… Comment avez-vous travaillé ?

R. M. : Le travail de l’historien est patiemment cumulatif. En près d’un demi-siècle de recherches sur divers thèmes, j’avais emmagasiné des informations disparates sur les femmes, paysannes, sorcières, émeutières, et beaucoup d’autres, glanées dans toutes les sources imaginables. Comme pour beaucoup d’oubliés de l’histoire, les plus intéressantes sont les massives archives criminelles, policières, répressives, dans lesquelles il faut démêler le discours dominant de celui des êtres accusés de déviation ou de subversion. Ce qui se révèle très éclairant sur les «  indocilités  » de tous ordres face aux pouvoirs établis. Je n’avais pas pensé à en faire un ouvrage, avant d’avoir envie d’apporter des nuances à la belle histoire de l’opprimée absolue s’émancipant par sa seule volonté, parce que cette trame explicative est simpliste, incomplète, parfois mensongère, même si elle possède une valeur exemplaire certaine. Pour écrire un livre d’histoire il faut à la fois des fiches nombreuses, ce que je possédais en réserve, mais aussi une hypothèse explicative qui permette de coaguler l’information éclatée pour la rendre compréhensible. Vivant au contact de deux mondes très différents, la France et les Etats-Unis, époux d’une américaine marquée par le féminisme dont je respecte les idées, le spectacle des immenses progrès réalisés par le monde féminin depuis moins d’un siècle m’a incité à tenter de comprendre pourquoi cela avait eu lieu. Pourquoi la Révolution n’avait guère fait avancer les choses ? Et comment il était possible à des dominées absolues de s’émanciper si vite et si fort, sans avoir disposé d’armes secrètes longuement affûtées : ce que j’ai décrit sous l’angle de l’insoumission féminine.

LI.fr : Vous précisez que votre ouvrage n’est qu’une des pierres de l’édifice.Selon vous, à quoi faudrait-il en priorité s’attaquer ensuite pour continuer ce travail ?

R. M. : Ne serait-il pas utile de prolonger l’effort en recherchant les multiples manières de transgresser les interdits masculins, et divins, dont ont pu disposer les intéressées ? La sociabilité féminine, au village ou ailleurs, le langage ésotérique féminin imperméable aux hommes souvent employé, les procédures de fidélisation des jeunes enfants mâles aux valeurs féminines, via les récits, contes, légendes, la transmission orale des valeurs, viennent à l’esprit dans ce cadre.

«  Le silence féminin à propos du sexe m’apparaît moins comme le résultat d’un sens de la honte, que n’ont d’ailleurs guère manifesté les paysannes par exemple avant les offensives morales du XIXe siècle bourgeois, que comme la pierre angulaire des rapports avec les hommes.  »

LI.fr : Vous insistez sur le silence des femmes à travers l’histoire, notamment concernant les rapports charnels et l’adultère.Lèverons-nous jamais vraiment le voile sur ce qui semble encore être l’un des plus grands secrets de l’Histoire ?

R. M. : Probablement pas. Parce qu’il s’agit du cœur même des rapports de force entre les sexes. Enoncer clairement de tels secrets serait se priver d’une partie du pouvoir qu’ils contiennent. Si bien que le silence féminin à propos du sexe m’apparaît moins comme le résultat d’un sens de la honte, que n’ont d’ailleurs guère manifesté les paysannes par exemple avant les offensives morales du XIXe siècle bourgeois, que comme la pierre angulaire des rapports avec les hommes. Il s’agit en quelque sorte d’une manière d’empêcher ces derniers de considérer les femmes comme des proies consentantes ou faciles à posséder. Bien qu’en résulte pour eux une tentation de séduction à la hussarde, et parfois de graves inconvénients pour elles, la stratégie du secret en la matière avive le désir, tandis que le proverbe «  maman sûrement, papa peut-être  », colporté ironiquement, interdit aux hommes de croire qu’ils ont tout pouvoir sur le sexe qu’ils prétendent faible. En termes darwiniens ou évolutionnistes, ce sont elles qui mènent la danse, en sélectionnant le meilleur partenaire reproductif. Même s’il leur arrive de se tromper.

LI.fr : La France semble se distinguer, au XVIIIe siècle, par l’existence d’un espace public mixte et par l’importance que certaines femmes ont pris dans la vie mondaine et politique. Vous parlez même de « paradis des femmes » et de « féminolâtrie », bien que l’accès à cette position nécessitait à la fois ruse et séduction… des hommes. Que fallait-il avoir fondamentalement, en tant que femme française, pour « entrer dans l’Histoire » ?

R. M. : Cela dépend de quelle histoire. Si c’est celle, très traditionnelle, genre «  troisième république  », des grands hommes, il fallait se faire admirer d’eux. Et du plus important si possible, telle la mère de saint Louis, ou encore les favorites des rois de France, depuis Agnès Sorel jusqu’à madame du Barry, en passant par madame de Pompadour. Sans jamais pouvoir prétendre égaler un roi, sacré au pays de la loi salique, ni même devenir une «  reine  » à part entière. La légende noire de la très intelligente Catherine de Médicis dévalorise une femme qui a osé tenter de le faire. Le royaume «  tombe en quenouille  », selon une expression masculine méprisante, lorsqu’il n’est pas conduit par un souverain viril. Par exemple sous le pauvre Louis XVI. Mais on peut aussi entrer dans l’histoire par la petite porte, comme membre représentatif d’un groupe social dont on assure en même temps la promotion. Comme madame de Pompadour, née petite bourgeoise parisienne, devenue pendant 20 ans la représentante des grands financiers, pour leur réussite, en étant pratiquement un premier ministre sans le titre. S’y ajoutent sa beauté, son charme, son talent à diffuser un art de vivre supérieur à la française qui en font une icône européenne, largement supérieure à la pâle Marie-Antoinette, adulée par les traditionalistes. De son temps, des dizaines de femmes, écrivaines, scientifiques, telle que madame du Châtelet, danseuses, comédiennes, ou simplement à la mode, font tourner les têtes et multiplient les bâtards, y compris dans les plus grandes familles. Ce qui témoigne d’une période rare d’émancipation féminine, limitée il est vrai aux cercles supérieurs. En tout cas, Voltaire accepte bon gré mal gré de se faire tromper par Emilie du Châtelet, qui meurt en accouchant de l’enfant d’un autre, et qu’il regrette néanmoins furieusement. L’indocile a conquis le plus célèbre philosophe du siècle.

LI.fr : Vous affirmez que, finalement, l’adultère féminin était plutôt toléré et que les femmes s’affranchissaient ainsi, en partie, du mariage patriarcal par les « délices de la désobéissance »… Finalement, le « mariage d’amour » actuel interdirait presque davantage l’infidélité qu’autrefois ? Surtout pour les femmes, chez qui ces pratiques restent toujours moins bien tolérées que chez les hommes ?

R. M. : Tout à fait exact. Après des siècles de mariage patriarcal tempéré par la pratique de l’adultère, dans la plupart des milieux – Louis XV donnait vaillamment l’exemple avec au moins quatre maîtresses parallèles, si j’ose dire, entre 1759 et 1764, qui lui ont toutes donné des bâtards, connus des historiens -, les règles sont en train de changer. Il me semble que c’est parce qu’il est devenu plus simple de se séparer que de rechercher des compensations vengeresses. Sauf pour les amateurs d’émotions particulières. Dévalorisé comme obligation sociale, le mariage, ou du moins le couple stable, est en réalité plus valorisé qu’auparavant par chaque personne concernée. Car s’il est plus facile de s’en affranchir, le coût psychologique personnel est plus grand : on n’a plus l’excuse de la souffrance imposée par les parents ou les conventions, ou par les Eglises, si bien que l’on se retrouve face à sa propre culpabilité, ou à un échec cuisant impossible à totalement imputer à d’autres que soi. L’adultère féminin est peut-être, en effet, toujours moins accepté que le masculin. Sans doute parce que des milliers d’années d’habitude mentale machiste ne s’effacent pas en quelques décennies. D’autant que la hantise du bâtard est un élément central de la pensée masculine, en même temps qu’un éventuel moyen de manipulation féminine. La négociation entre les deux parties toujours exigée par le problème, malgré les avancées médicales permettant de mieux s’informer qu’autrefois, appartient à un profond registre humain, voire à des phénomènes biologiques fondamentaux : imposer ses gènes.

«  Le fond de l’affaire est un refus masculin de se faire déposséder de pouvoirs, de prestige, par des femmes dangereusement entreprenantes.  »

LI.fr : Les grandes chasses aux sorcières visaient souvent les femmes ayant de quelconques « pouvoirs » et/ou ayant survécu à leur mari. Cela ne signifie-t-il pas que les hommes ont toujours craint d’être surpassés par les femmes ?

R. M. : Indubitablement. L’une des angoisses principales des chasseurs de sorcières, du moins des théoriciens marqués par un sectarisme religieux extrême, est en fait celui de l’émancipation féminine des règles masculines et divines. Les victimes sont le plus souvent de vieilles femmes, ménopausées depuis longtemps, craintes pour leurs prétendus pouvoirs magiques. Au fond, on leur reproche essentiellement de ne plus être sous tutelle masculine, car elles sont fréquemment veuves, ce qui déclenche une terrible angoisse chez les représentants du pouvoir masculin. Ils imaginent même qu’elles peuvent inverser la «  mission  » féminine de procréer, en tuant et mangeant des enfants non baptisés. Ce sont des indociles, libérées des obligations normales de leurs consœurs. La pensée baroque les lie au démon et leur impute tout simplement la mortalité humaine : «  la femme c’est la mort  », variante du thème de la faute originelle commise par Eve. Le fond de l’affaire est un refus masculin de se faire déposséder de pouvoirs, de prestige, par des femmes dangereusement entreprenantes. Elles ne peuvent qu’être mauvaises si elles agissent ainsi. Aussi le combat féminin exige-t-il souvent de faire semblant de plier lorsque les conditions ne sont pas favorables. Les sorcières se sont tues devant le danger, puis sont revenues subrepticement, jusqu’à nos jours, dans les campagnes. Sauf là où elles avaient traditionnellement une position sociale dominante, comme en Bretagne.

LI.fr : Quelles seraient, selon vous, les « sorcières » d’aujourd’hui ?

R. M. : Elles me paraissent très nombreuses et très diversifiées : ce sont toutes les femmes qui partent à la conquête de secteurs toujours monopolisés par les hommes, les sciences dures à l’université, l’économie, la politique au plus haut niveau. Il serait d’ailleurs intéressant de suivre le parcours de candidate de madame Clinton, et d’une Française, s’il s’en dégage une… On les trouve également ailleurs, sans doute dans le journalisme, à l’université en général, dans les médias… Partout où l’homme peut se sentir menacé de perdre sa position dominante.

LI.fr : Fin du corset, diminution de la culpabilité des bourgeoises face à l’adultère, et naissance de la psychanalyse, via l’étude des hystériques souvent issues de milieux bourgeois très conservateurs, arrivent peu ou prou au même moment, c’est-à-dire à la fin du XIXe siècle. Y aurait-il un lien entre les trois ?

R. M. : Pour moi, c’est absolument certain. La France a connu une petite période glaciaire «  victorienne  », très bourgeoisement hostile à toute indépendance féminine, dans la seconde moitié du XIXe siècle. Elle a coïncidé avec une montée en flèche des comportements d’indocilité féminine, voilée par le silence, faute de pouvoir affronter en face le pouvoir très paternaliste du temps. En a résulté une répression accrue, ainsi qu’une auto-répression des femmes de ce milieu social, ouvrant la voie à nombre d’étranges maladies psychologiques féminines, culminant dans ce que Charcot définissait comme l’hystérie. Les intéressées sont devenues les meilleures clientes de la psychanalyse naissante, comme elles le sont encore aujourd’hui aux Etats-Unis, où les femmes semblent disposer de moins d’exutoires que dans la société mixte française, régie par le recours réciproque à la séduction. Le lien entre le climat répressif et ces phénomènes s’observe dans d’autres domaines. La hantise médicale de la masturbation, masculine ou féminine, disparaît également brutalement dans les dernières décennies du XIXe siècle, au moment où les spécialistes identifient mieux les comportements et les maladies sexuelles. Et le retour du droit au divorce, en 1884, ne fait qu’accentuer une libération lente des mœurs, effaçant peu à peu le crime passionnel, seul moyen jusque-là, avec l’adultère, de régler une situation détestable imposée. Les générations éduquées et contraintes sous l’ancien système ont néanmoins cohabité un certain temps avec les nouvelles, formées plus libéralement. Et leurs valeurs n’ont pas entièrement disparu de nos jours, malgré l’effondrement de l’influence religieuse qui sous-tendait celles-ci.

«  Pierre-Henri Gouyon pense que dans notre espèce, «  le mâle est le parasite de la femelle  ». Chez Darwin, dit-il, la sélection sexuelle est celle qu’exerce le sexe le plus demandé sur le sexe le plus demandeur, en général les femelles sur les mâles.  »

LI.fr : Vous évoquez une « idée venue des biologistes » qui est que le mâle serait le parasite de la femelle et qu’il devrait sa survie à leur seule bonne volonté. Pouvez-vous développer ?

R. M. : Pour certains biologistes, la construction de la différence sexuée n’est pas uniquement sociale et culturelle. Pierre-Henri Gouyon*3 pense que dans notre espèce, «  le mâle est le parasite de la femelle  ». Chez Darwin, dit-il, la sélection sexuelle est celle qu’exerce le sexe le plus demandé sur le sexe le plus demandeur, en général les femelles sur les mâles. Elle s’effectue soit par un conflit entre mâles, soit par un choix des femelles. Il parle ensuite de la méiose, une division cellulaire qui fabrique, à partir d’une cellule normale à deux jeux de chromosomes, des cellules sexuelles, les gamètes, à un jeu de chromosomes. Cela produit de petits spermatozoïdes et de gros ovules chez les humains, ce qui permet de définir un mâle et une femelle. Or c’est cette dernière qui supporte seule le coût physiologique de la reproduction. Ce n’est pas le cas, par exemple, de certains champignons, où il est partagé, car deux gamètes de même taille fusionnent. Sur le plan évolutif, l’homme est donc un parasite de la femme : il se contente d’injecter ses gènes dans un autre organisme, qui se charge de les reproduire, sans même s’investir, à la différence des manchots mâles qui couvent. La femme pourrait donc se passer de l’homme, comme dans certaines espèces. D’autant, explique Gouyon, que si une femelle capable de parthénogenèse apparaît dans une espèce, sa descendance noiera très vite la forme sexuée, beaucoup moins prolifique. On ne sait pas pourquoi l’humaine s’en abstient. L’homme devrait-il sa survie à la seule bonne volonté de ses femelles, écrit-il, en forme de boutade ? Car il ajoute que certains chercheurs formulent l’hypothèse selon laquelle toutes les espèces qui pouvaient devenir asexuées le sont devenues, et se sont éteintes ou s’éteindront prochainement, tandis que celles qui restent en sont biologiquement incapables. Dans l’utérus féminin, la condition embryonnaire par défaut est féminine (chromosomes XX). Les organes virils ne se développent qu’en présence d’une protéine qui détermine la masculinité (XY). En d’autres termes, Ève a précédé Adam… »

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