Dieudonné, le guignol qui salit les idées justes
Publié le 3 janvier 2014 par Christian Harbulot
La légitimité du combat pour la liberté du peuple palestinien mérite mieux que le dénigrement d’un symbole du crime contre l’humanité
La polémique sur l’affaire Dieudonné est le reflet des pertes de repère de la société actuelle. Qu’il existe des gens assez insouciants pour rire de tout ou se défouler sur les juifs pourrait sembler anecdotique depuis que la chaîne de télévision Canal Plus a banalisé le dénigrement comme nouvelle valeur culturelle branchée, par le biais d’émissions comme Les Guignols de l’info et Le Petit Journal.
Mais le détournement du thème de la Shoah, pour revendiquer le droit légitime de critiquer l’emprise de l’Etat d’Israël sur le monde occidental, est une méthode qui n’a plus rien à voir avec l’humour ou la définition d’une doctrine antisystème. L’extermination pratiquée par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale fait partie des actes les plus immondes commis dans l’Histoire. Au même titre que d’autres génocides (Indiens d’Amérique, Arméniens) et les massacres de peuples qui se sont produits lors d’invasions ou de conquêtes impériales, ou qu’ils aient été commis par des forces militaires, des extrémistes religieux ou des bandes armées sanguinaires.
Pasticher l’horreur en chansonnette, comme l’a fait Dieudonné, est justement la chose qu’il ne fallait pas faire. La barbarie nazie a plus de sens qu’une opération de marketing viral. Et ce n’est pas Dieudonné qui va effacer cette marque indélébile dans l’histoire humaine.
En agitant comme un pantin l’image de la Shoah au nom de la liberté d’expression, Dieudonné s’enfonce dans un marécage dont il ne connaît pas le fond.
Pour n’importe quel peuple, quelles que soient sa culture et sa religion, le refus de la barbarie, et notamment celle des nazis, est un impératif absolu dans le sens à donner à une civilisation. Il est encore temps pour Dieudonné d’apprendre (puisqu’il est né dans les années 60) que les traces laissées par la barbarie nazie sont encore plus vivaces qu’il ne le croit. En agitant comme un pantin l’image de la Shoah au nom de la liberté d’expression, Dieudonné s’enfonce dans un marécage dont il ne connaît pas le fond. La plupart des gens qui habitent ce pays ne sont pas prêts à se laisser entraîner à penser n’importe quoi. La légitimité du combat pour la liberté du peuple palestinien mérite mieux que le dénigrement d’un symbole du crime contre l’humanité.
Si Dieudonné veut devenir un peu plus concret dans ses prises de position, qu’il prenne exemple sur ces Juifs israéliens qui distribuent des caméras à des Palestiniens pour qu’ils puissent filmer les actes délirants de certains colons juifs dans les territoires de Cisjordanie. Pour l’instant, la dynamique que cherche à impulser Dieudonné se noie dans la caricature d’un pseudo-combat de pacotille. Il est plus simple de faire le geste de la quenelle en 2014 que de refuser de porter l’étoile jaune en 1943.