Influences (n. fem. pluriel)
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Les Influences

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#CNRS #Esther Benbassa #Joseph Illand #Vincent Geisser

Vincent Geisser

Publié le 30 juin 2009 par

Une commission de discipline du CNRS a examiné son cas lundi 29 juin, à Paris, et donné son avis : un avertissement pour l’enseignant-chercheur de l’islam, accusé de propos diffamatoires et injurieux. «  C’était une comedia dell arte administrative  », commente t-il à IDEE A JOUR. La plainte en pénal pour diffamation, elle, est maintenue.

Vincent Geisser (Darius pour L’Agence Idea)
Vincent Geisser (Darius pour L’Agence Idea)
L’enseignant-chercheur Vincent Geisser, poursuivi pour propos diffamatoires et injurieux contre le FSD (Fonctionnaire de Sécurité de Défense) du CNRS, Joseph Illand, s’est présenté devant ses pairs de la Commission administrative paritaire à 10 heures du matin pour les quitter à 22 heures, en attendant que l’instance, vers une heure du matin, ne donne son projet d’ avis sur la sanction.

Sur la sellette, les propos rédigés par Vincent Geisser sur un blog le 14 avril dernier , et notamment cette phrase : «  « Le FD est un idéologue qui traque les musulmans et leurs « amis » comme à une certaine époque, on traquait les Juifs et les Justes ».

Dans un communiqué de presse du 10 juin, le CNRS indique qu’ «  il ne peut tolérer de tels agissements envers aucun de ses agents, notamment envers un responsable en charge de veiller à la sécurité du personnel du CNRS et de son patrimoine scientifique.  »

Un comité de soutien à Vincent Geisser, animé par Esther Benbassa et Olivier Roy, ont recueilli près de 5000 signatures, et soulevé la question de «  la liberté intellectuelle  » des chercheurs du CNRS.
Piqué au vif, l’ organisme de recherche, dans le même communiqué, ripostait : «  Le CNRS a, dans le débat scientifique, le souci permanent de garantir la liberté d’opinion et d’expression de l’ensemble de ses chercheurs. La liberté intellectuelle ne peut cependant pas servir de prétexte à l’injure.  »
La personnalité même de Vincent Geisser a également été au centre des débats vifs et des querelles intellectuelles. Considéré comme de grande proximité avec les islamistes radicaux, ancien disciple de Bruno Etienne et auteur de La Nouvelle islamophobie, il s’est retrouvé dans le collimateur de nombre d’intellectuels comme Pierre-André Taguieff, Elisabeth Roudinesco ou encore Caroline Fourest.

Une commission constituée dans la fébrilité

Résultat : «  Selon l’avis de la commission, je devrais reçevoir un avertissement comme à l’école, ça sera marqué sur mon carnet, ironise Vincent Geisser. Mon avocat Michel Tubiana a dit que professionnellement l’on me marquait au fer rouge. C’est sans doute exagéré, parce que ce qui m’a le plus frappé, c’est l’ambiance de comedia dell arte administrative, semblable à celle de pays que j’ai étudiés comme la Tunisie de Ben Ali. Les arguments de l’accusation relevaient du parce-que-c’est-comme-ça-et-pas-autrement. Lorsque la défense fait part de son inquiétude quant à l’établissement par le FSD de fichiers de chercheurs, la direction du CNRS répond qu’il ne s’agit que de dossiers.  »

La commission paritaire (représentants élus et nommés) aurait également été constituée dans une certaine fébrilité. Cinq heures après le début des débats, on s’est aperçu qu’il y avait trois nommés de trop dans le cénacle. Il ne semble pas certain que l’avis même du conseil de discipline puisse être pris en compte.

Contacté ce mardi 30 juin, le Bureau de presse du CNRS se borne à indiquer que «  la commission administrative paritaire n’a fait qu’émettre un avis  » et que «  la procédure est toujours en cours  ».

Les pouvoirs de Joseph Illand au CNRS

De ce conseil de discipline, est surtout ressortie une interrogation sur la légitimité des procédures d’un FSD. Quelle latitude professionnelle exacte et quelles limites circonscrire à ce responsable de la sécurité scientifique et des missions sensibles à l’étranger ? Présent dans les murs du CNRS depuis au moins 1977, cette fonction demeure mal connue de nombreux chercheurs, notamment en sciences humaines, qui la découvrent seulement maintenant et la perçoivent comme un flic ou un mouchard de la direction.

«  Il est vrai que l’on me donne beaucoup du général ces derniers temps, s’amuse Joseph Illand. Je ne suis qu’un ingénieur qui a travaillé pour l’armement, mais également pour le ministère de l’Environnement, où je m’occupais de la récupération et du traitement des déchets toxiques, ce qui est assez loin, vous en conviendrez, des fantasmes de barbouzeries !  »

Le témoignage technique de Jean-Marie Durand, Haut-Fonctionnaire de Sécurité de Défense (HFDS) du ministère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, a été, à ce titre, d’une grande utilité. «  Il a été neutre et très correct dans la forme  », reconnaît lui-même le chercheur. En revanche, la confrontation avec le FSD du CNRS aurait fait ressortir les réciproques inimitiés accumulées depuis des mois. C’est que Joseph Illand au CNRS a un champ d’action plus large que ses collègues des autres organismes de recherche. S’il dépend en partie du HFDS, il a également des attributions exceptionnelles de la part de la direction générale du CNRS, notamment celles de FSSI (ou Fonction Sécurité des Systèmes d’informations), d’où la haute-main sur la sécurité informatique et la protection du courrier électronique.

Si le CNRS peut adoucir la querelle entre le chercheur et le fonctionnaire de sécurité, reste que «  l’affaire Geisser-Illand  » est loin d’être achevée : «  A titre personnel  », Joseph Illand a fait porter l’affaire en justice, pour «  propos diffamatoires  ».

Le fichier ethnique de Vincent Geisser

A l’origine du différent entre Vincent Geisser et Joseph Illand qui a débouché sur des propos injurieux de la part du premier, il y a un projet du chercheur. Validé et budgété à hauteur de 20 000 € par le CNRS, le sujet concernait l’apport des chercheurs maghrébins ou d’origine maghrébine dans la recherche française. Or le projet s’est trouvé rapidement contesté par le FSD dans sa faisabilité technique et juridique : «  Par ignorance sans doute, il aurait carrément constitué un super fichier ethnique, avec des données ultra-sensibles, sans déclaration à la CNIL que la CNIL n’aurait de toute façon pas validé  », explique Joseph Illand. C’est la DSI (Direction des systèmes d’informations) qui a tranché dans cette affaire, mais certainement pas moi qui n’ait qu’un pouvoir de vigilance en la matière, même si M. Geisser est persuadé du contraire.  »

Cette étude est désormais lettre morte. «  J’ai le projet maintenant d’étudier les questions de clientélisme communautaire à Marseille  » informe Vincent Geisser. Le genre de projet qui ne risque pas d’apporter une paisibilité immédiate.

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