Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

Filtré pour vous : L'actualité politique et intellectuelle

François Hollande, le début de la curée

Publié le 11 août 2016 par

Le président de la république attaqué, disséqué, honni, renié dans cet automne pré-élection : un essai cruel de Pierre Jacquemain, un brûlot collectif sous la direction de Laurent de Sutter.

Politique. Les livres politiques se vendent mal, très mal en général, sauf quand il s’agit de débiner. François Hollande, le hollandisme ou ce qu’on croit savoir de ce concept politique informe font l’objet du début d’un jeu de massacre dans cette dernière ligne droite avant la présidentielle 2017. Le personnage fédère largement contre lui.

Le 22 août en librairie, avec Ils ont tué la gauche (Fayard), un homme de l’ombre sort des ors de la république pour rejoindre ceux des médias : Pierre Jacquemain (né en 1983) a principalement travaillé auprès des élus de la Mairie de Paris (Clémentine Autain, Christophe Girard, Bruno Julliard), fréquenté le cabinet du secrétariat général de Radio France et last but not least, une certaine Myriam El Khomri, ministre du Travail dont il était l’indispensable « conseiller stratégie », avant de démissionner de cette fonction en février 2016.

pierre-jacquemain.jpg Pierre Jacquemain, reprenant la prophétie de Bourdieu :  » Ce pur produit de l’ENA qu’est François Hollande se faisant élire à Tulle, c’est la fin de tout. Ca veut dire le Front national à 20 % dans dix ans. « 

Jacquemain brandit l’escopette bourdivine et fait feu sur le Quartier général : « Ils ont renoncé à faire ce pour quoi ils ont été élus. À mener une politique de gauche. Peut-être parce qu’ils sont devenus de droite. Version naïve. Peut-être l’ont-ils toujours été. Version éclairée. »
L’ancien étudiant en sociologie à Limoges dégaine une prophétie du sociologue Pierre Bourdieu qui affirmait à la fin des années 1980 : « Ce pur produit de l’ENA qu’est François Hollande se faisant élire à Tulle, c’est la fin de tout. Ça veut dire le Front national à 20 % dans dix ans. » Pas de doute : Hollande est de droite qui « appartient à cette classe des technocrates. Une classe organisée, consciente de ses intérêts. Ils sont partout. Ils sont les décideurs ». Pire, c’est un président techno mais également obstinément « hors-sol dans une France paupérisée » et patron d’une organisation qui a tué la politique, la pensée et la gauche.

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Laurent de Sutter : « Ce n’est pas la première fois que la gauche a trahi la gauche, mais celle-ci pourrait bien être la dernière. »

Version baston collective, un gang de 50 intellectuels et publicistes a fabriqué un livre aux Puf, lâché dans la nature le 7 septembre : Le livre des trahisons sous titré François Hollande contre la gauche (288 p., 19 €), sous la direction de Laurent de Sutter (né en 1977), professeur de théorie du droit à la Vrije Universiteit Brussel.
Idée de base : « Le 15 mai 2012, François Hollande était élu président de la République française. Depuis, avec l’aide de ses différents gouvernements, il n’a cessé de multiplier les actions, les lois et les déclarations contraires à ce qu’il avait annoncé – et, surtout, contraires à l’idée la plus élémentaire de ce que peut être la gauche. »

Le casting mobilise le ban et l’arrière ban du Collège international de philosophie, des intellos dits radicaux, foucaldiens, deleuzo-guattaristes, mais aussi des écrivains comme Bruce Bégou, Félix Boggio , Ewangé-Epée, Antoine Böhm, Thomas Clerc, François Cusset, Barbara Formis, Tristan Garcia, Camille Le Doze, Camille Louis, Patrice Maniglier, Jean-Clet Martin, Morgane Merteuil, Yann Moulier-Boutang, Frédéric Neyrat, Anne Querrien, Dominique Quessada, Fanny Taillandier, Nicolas Tellop, Pacôme Thiellement, Nicolas Vieillescazes ou encore, Pierre Zaoui et Marion Zili.
Ils dressent la fresque des espoirs déçus et des vraies trahisons. Ces quatre années ont été particulièrement riches : un programme présidentiel méthodiquement déformé, un Manuel Valls qui leur donne de l’urticaire notamment avec son discours sur le fait de chercher à comprendre c’est excuser un peu le terrorisme, le passage en force de la constitutionnalisation de l’état d’urgence, la gestion lamentable de la jungle de Calais, nos dictateurs invités par l’Elysée, Sivens et Notre-Dame-des-Landes, l’icône Christiane Taubira maltraitée et bien sûr le projet de loi El Khomri…
« Ce sont quatre années invraisemblables qui viennent de s’écouler » instruisent les promoteurs du brûlot collectif. Avec une mise en garde : « Ce n’est pas la première fois que la gauche a trahi la gauche, mais celle-ci pourrait bien être la dernière. »
Après cette recension des traîtrises, Alain Badiou par une postface est le dernier à flanquer des coups de pompe.
L’ essai cruel d’un ancien insider du quinquennat, un grand énervement collectif d’intellectuels de gauche : la curée anti-Hollande ne fait que commencer et devrait se déployer avec plus de vigueur en janvier.

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