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Robert Zarader, le corsaire intello contre les pirates téléchargeurs

Publié le 9 mai 2009 par

Economiste et spécialiste de la communication de crise, il a mis le feu à la planète des pirates des industries culturelles. Son étude fait ressortir des destructions d’emplois par milliers, et une insécurité psychologique à grande échelle pour les investissements en R&D.

Robert Zarader (Gérard Cambon pour l’agence Idea)
Robert Zarader (Gérard Cambon pour l’agence Idea)
Barbe poivre et sel, lunettes grand angle, curiosité gourmande, cet économiste de formation, 53 ans, et qui a été distingué par Acteurs publics, le 2 décembre, comme meilleur professionnel de l’année pour ce qui concerne la communication publique (Livret A, Banque postale,..) par une agence-conseils, ressemble étrangement à Fernando Arrabal. Comme l’écrivain espagnol du mouvement «  Panique  » avec Topor et Jodorowsky, et amateur d’échecs, il a le sens de la stratégie et de la provocation. Ce mois de novembre, Robert Zarader, manière de corsaire intello, a mis la planète des pirates internautes en vrac, en finançant une «  étude 100% indépendante  » sur la criminalité sociale de la copie illégale. «  Elle n’a été financée par personne d’autre que moi. Tous les ans, je lance ainsi une recherche spéculative et bien sûr, tant mieux, si cela fait de la publicité à mon entreprise », explique t-il avec la douceur d’un étrangleur en gants blancs de Suède sur la terrasse de sa société Equancy&Co. Cette année, il a été servi. Avec un sous-titre pareil, «  Quand le chaos économique s’immisce dans la révolution technologique  », rien d’étonnant à ce que cette étude quantitative (PDF), coréalisée avec le cabinet de conseil Terra Consultants, et signée des économistes Laurent Benzoni et Patrice Geoffron, n’ait déclenché la polémique sur la Toile. Le débat fait long feu. Qui dit vrai ? Qui croire ? La relance de Robert Zarader donne du grain à moudre. L’impact de la copie illégale, étudié dans les secteurs de la musique, du cinéma et de la télévision, sans oublier l’édition papier, aurait donc fait perdre 1,2 milliard d’euros en 2007, et détruit 10 000 emplois directs et indirects des industries culturelles et médiatiques. Techniquement, les chercheurs ont opéré un distinguo entre copie pirate et copie non-vendue d’une part, et se sont basés sur les chiffres transmis par les opérateurs d’autre part. Forts de leurs résultats massifs, Benzoni et Geoffron décortiquent même les détails pour chaque secteur industriel. Cent-quatre vingt-onze millions d’€ de pertes pour les producteurs musicaux, et 47 millions pour les auteurs. Deux cent millions d’€ en moins pour les entrées en salle de cinéma, victimes du téléchargement illégal, et 326 millions d’€ en fumée pour les ventes de DVD. La télévision pâtirait d’un manque à gagner de 234 millions d’€, occasionnant la non création de 950 emplois directs. L’industrie du livre, elle, serait épargnée en comparaison – à l’exception bien connue du livre scientifique et SH en milieu universitaire-, ne déplorant que 147 millions d’€ et 750 emplois directs. Bref, une «  situation de chaos économique  » se dessine dans les industries culturelles. il semble « indispensable de laisser davantage d’espace économique à de nouveaux modèles innovants en garantissant une rémunération des droits de propriété intellectuelle  », constitue l’un des points de vue de cette enquête. Surtout, analyse Robert Zarader : «  Le piratage intervient au pire moment de la révolution du numérique, celui où deux phases critiques sont simultanément à l’œuvre dans l’économie réelle des biens culturels : d’une part celle de l’adaptation des modèles économiques existants qui conduit à des restructurations fortes, d’autre part celle concomitante de l’émergence de nouveaux modèles économiques.  » Dopée ou biaisée, apocalyptique ou en deçà, l’étude d’Equancy&Co propose une volée de questions qui n’ont pas fini d’être épuisées. Par exemple, le téléchargement illégal massif ne crée t-il pas un insécurisation psychologique pour les entreprises qui seront enclines à réduire leurs budgets de R&D ? La «  destruction-créatrice  » théorisée par Schumpeter a du plomb dans l’aile, et fait place selon les auteurs de l’étude, «  à une forme de destruction-destructrice.  » Dans ce contexte encore, les chercheurs d’Equancy&Co estiment irresponsable, «  la généralisation d’offres d’accès à Internet haut débit à un prix très bas, 29,99 euros par mois qui favorise un écosystème pour la copie illégale ».

De la bêtise économique et médiatique

Les mythes, Robert Zarader aime les décortiquer, avec un appétit particulier. Il goûte à plusieurs miels intellectuels, et les mélange le cas échéant. Roland Barthes constitue sa boussole : Les mythologies sont nombreuses dans la vie économique et celle des entreprises, devenues elles aussi des espaces mythiques, encombrés de fétiches et d’idoles en open space. En mai 2008, Robert Zarader a publié La Bêtise économique, celle d’élites économiques, politiques, médiatiques qui mâchonnent leurs vieilles lunes. A travers trois cas de figures emblématiques, Lu-Danone, Metaleurop et la grève de la faim du député Lassale pour empêcher la délocalisation de Toyal, le docteur en économie et sa copéquipière, l’historienne Catherine Malaval, décrivent le mikado des pouvoirs enchevêtrés qui transforment une crise en récit télévisé, troussé comme un feuilleton à rebondissements. Plutôt que des marqueurs, les médias deviennent des «  marketeurs  » d’événements. «  Innombrables sont les récits du monde  », écrivait Barthes, constatant l’universalité du récit dans nos sociétés. Mais uniques et singulières sont-elles les façons de les raconter…  » écrivent-ils. «  L’affaire Lu  » se métamorphose ainsi en western politique et en vaste opération de boycott jamais organisée en France. De même le député Jean Lassale avec sa spectaculaire communication politique parvient à faire oublier le débat peu émotif d’une nécessité de délocalisation de l’entreprise. Metaleurop Nord, tragédie sociale, industrielle et écologique, sombre dans l’oubli médiatique, parce que les images n’ont plus de profitabilité. «  Le succès médiatique de chaque récit tient en effet du genre littéraire qui la caractérise aux yeux et dans l’imaginaire de l‘opinion, la tragi- comédie pour l’affaire Lassalle-Toyal ou le thriller à dimension internationale pour Metaleurop par exemple. Il y a de l’Agatha Christie dans l’affaire LU- Danone, du Pagnol dans Lassalle-Toyal ou du John Le Carré dans Metaleurop. Ne faut-il pas aussi y voir une forme pervertie, appliquée aujourd’hui à la presse, du roman réaliste qui fit florès à la fin du XIXe siècle? Malgré une apparente pluralité médiatique, chaque des «  affaires  » évoquées plus haut, montre qu’à chaque fois, un seul et même récit a été fabriqué, chargeant, positivement ou négativement, des «  actants  », une entreprise (Danone), un homme (Lassalle) ou un lieu (Noyelles-Godault), de l’entièreté symbolique du récit et de sa morale. La puissance mythologique de ces «  actants  », devenus «  coupables  » ou « victimes  » a permis au récit d’exister », analysent encore les deux auteurs. Pour le scrutateur d’Equancy, l’entreprise se conforte trop dans son mythe responsable et coupable de tous les maux qu’ils soient écologiques, sociaux ou éthiques. Il invite à repenser le modèle pour «  contribuer de manière efficace à la constrcution de repères collectifs que toutes les parties prenantes semblent attendre aujourd’hui, en reconnaissant de nouvelles logiques de coordination des acteurs et des régulation des marchés.  » Ses conseils, Robert Zarader les donne parfois avec des coups de coude pour réveiller son voisin qui se berce des illusions de la société du spectacle. Rapport Hadopi

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Un commentaire sur “Robert Zarader, le corsaire intello contre les pirates téléchargeurs

  1. Robert Zarader, le corsaire intello contre les pirates téléchargeurs
    Assimiler chiffre d’affaires à un nombre d’emplois, voici une erreur bien grossière.
    Ce rapport fait plus rire qu’autre chose.

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