11 millions d’illectronisés dans la start-up nation
Publié le 13 mars 2019 par Les Influences
Emmaus qui se bat pour réduire la fracture numérique, vient d’inaugurer son douzième espace de solidarité numérique à Strasbourg.
Inégalités. Et de douze ! Emmaüs Connect a inauguré mercredi 13 mars, à Strasbourg, son « 12e espace de solidarité numérique » en France. Pour l’occasion, Mounir Mahjoubi, Secrétaire d’État en charge du numérique, s’est fendu d’un déplacement. Jean Deydier, directeur d’Emmaüs Connect, a commenté : « L’exclusion numérique n’est pas une fatalité. L’impact de nos projets démontre qu’il est possible de faire gagner leur autonomie numérique aux personnes les plus précaires. La clé du succès : tisser des liens durables entre collectivités, opérateurs de services dématérialisés et acteurs du social. Je salue, à ce titre, les acteurs alsaciens qui se sont collectivement mobilisés autour du projet. Je souhaite qu’il fasse figure d’exemple et qu’il crée une émulation autour de l’inclusion numérique. » C’est que la numérisation des services de l’État oblige le citoyen usager à tout faire en ligne : c’est le seul fil de contact possible pour des rendez-vous avec la Caisse nationale d’allocations familiales, la Préfecture pour le renouvellement d’une carte d’identité et d’un permis de conduire, sans oublier la consultation de Parcoursup. Symptôme : Emmaus Connect et Pôle Emploi -qui lui aussi encourage l’inscription en ligne – organisent une expérimentation de formation au numérique pour les demandeurs d’emploi. 75 % des emplois nécessitent la maîtrise de compétences numériques.
Exclus du clic : des personnes non-diplomées et précaires
Emmaüs Connect, associée à SFR et aux collectivités locales et une kyrielle d’institutions, s’est investi depuis 6 ans dans la réduction de l’illectronisme. Les 37 000 bénéficiaires de 9 villes représentent une goutte d’eau. Jean Deydier les nomment « les exclus de la Datacratie ». Les recalés du clic et les inaptes du mégabit sont estimés à 11 millions de personnes non-diplômées, sans oublier 40% de gens âgés de plus de 70 ans qui ne vont jamais sur l’Internet enchanté. La ville de Lisieux, elle, vient d’embaucher une écrivaine public numérique pour aider ces usagers délaissés à communiquer avec les administrations en ligne.
La start-up nation a du mal à décoller. Le plan dit « France à haut débit » que le monde entier nous envie, buggue devant de pénibles réalités. À côté de l’exclusion sociale, se pose toujours le problème des zones blanches qui concerne et pénalise 500 000 personnes réparties sur 451 communes.