Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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#Corée du Nord #Corée du Sud #Hillary Clinton #Lee Myung-bak #Les notes coréennes

Un navire s’abîme dans les eaux troubles du calcul politique

Publié le 3 juin 2010 par

Qui est à l’origine du coulage d’un navire de guerre de la marine sud-coréenne ? Complot nord-coréen, attaque du Mossad, ou accident maquillé. le parti au pouvoir a tenté de faire fructifier le drame pour rafler la mise aux élections régionales.

Pendant les recherches un plongeur est mort et un bateau avec 9 marins à bord est porté disparu.
Pendant les recherches un plongeur est mort et un bateau avec 9 marins à bord est porté disparu.
Le 26 mars dernier un navire de la Marine de guerre coréenne, la corvette ROKS Cheonan, subit un dommage grave, se rompt en deux et coule. Quarante-six marins qui se trouvaient au niveau de la proue périssent et seront repêchés au fil des jours. On dénombre 58 survivants.
Que s’est il passé ?

Rapidement les déclarations de l’Etat Major de la Marine pointe le coupable idéal, la Corée du Nord. Dans un premier temps les explications ne convainquent par l’opinion publique. Le bateau est vétuste et beaucoup soupçonne une incompétence de l’armée. La véritable raison pourrait être l’explosion du magasin de torpilles .

La Marine est donc pointée du doigt à deux titre :

  • 1) la vétusté du vaisseau qui devrait être réformé depuis longtemps ou tout du moins bien mieux entretenu,
  • 2) la gestion de la crise avec des déclarations qui semblent plus une tentative d’étouffer l’affaire qu’une véritable volonté d’expliquer ce qui s’est réellement passé.

Les débris sont récupérés et le gouvernement décide de nommer une commission d’experts internationaux pour déterminer la cause du drame. Ces experts s’engagent à ne pas s’exprimer publiquement sur ce dossier, un seul ne respectera pas cet engagement suite à son renvoi car son avis diverge de celui des autres membres de la commission. Il sera attaqué en justice pour diffamation.

La preuve de l'implication de la Corée du Nord : un morceau de la torpille sur laquelle est écrit au marqueur «  numéro 1  » en coréen.
La preuve de l’implication de la Corée du Nord : un morceau de la torpille sur laquelle est écrit au marqueur «  numéro 1  » en coréen.
Tandis que le président en appel à des mesures fermes contre la Corée du Nord, s’appuyant sur le rapport délivré par la commission qui accable ce pays, le scepticisme est de mise dans l’ensemble de la péninsule. Les élections régionales avec des forts enjeux locaux dont la municipalité de Séoul laissent planer le soupçon sur une surenchère du parti au pouvoir. Les appels à la guerre à peine larvés reliés par des gros titres dans les médias occidentaux n’émeuvent personne dans un pays qui a connu ses dernières fausses alertes d’attaque aérienne nord coréenne dans les années 1980. Au contraire le doute s’installe et les hypothèses pour comprendre ce drame se multiplient.

Devant le black-out gouvernemental et la main mise sur les médias, c’est le net qui réunit les sceptiques et sert de plateformes d’échanges. Des amateurs de hauts niveaux discutent et argumentent chacune des hypothèses. De la vétusté du bateau qui n’aurait pas résisté à un simple choc, en passant par l’éventualité d’une mine américaine, à une manipulation de l’armée ou même du Mossad, les services secrets israéliens (Pyongyang apportant assistance à l’Iran et la Syrie dans le développement de missiles) pour incriminer la Corée du Nord, toutes les hypothèses sont envisagées. A cela se rajoute le témoignage de l’expert, Shin Sang-cheol, éconduit de la commission car ses conclusions étaient divergentes. Il ne se tait pas et rend publique sa version : c’est un double accident que l’armée a essayé de maquiller en torpillage nord coréen. Attaqué en diffamation par le gouvernement, il s’est tout de même targué d’une lettre ouverte à Hillary Clinton lors de sa visite officielle à Séoul.

clinton.jpg C’est que le dernier voyage d’Hillary Clinton dans la péninsule coréenne le 26 mai dernier à laisser apparaitre un curieux jeu de la diplomatie américaine. Tout en agréant les conclusions du rapport de la commission d’experts, une torpille nord coréenne, et en soutenant le président sud coréen, Lee Myung-bak, Hillary Clinton se garde bien de s’en prendre à la Corée du Nord. Elle laisse la tâche de déterminer des sanctions à la communauté internationale et appel de ses vœux à une reprise avec le soutien actif de la Chine des négociations sur la dénuclérisation de la péninsule.

Le rapport publié le 20 mai, dévoilé en partie les jours précédents, démontre que l’explosion est due à une torpille d’origine nord coréenne. Mais du fait de la configuration des lieux (6 mètres de fond), le type d’explosion nécessaire pour ce résultat (la torpille doit exploser 3 mètres sous la coque et non la percuter), du morceau de torpille qui est vraisemblablement un faux (ce qui semble acquis aujourd’hui par tous sauf le gouvernement coréen et la Marine), le bateau n’a pu être coulé par une torpille lancée d’un sous marin nord coréen.

A partir de là une autre série d’hypothèses se fait jour, le navire participait à un exercice d’envergure avec les Etats Unis. Annuel, cet exercice conjoint sert à la fois d’entrainement et d’intimidation puisqu’il est sensé figurer l’invasion de la Corée du Nord par les deux alliés. Durant cet exercice la Corée du Nord s’est plaint de plusieurs violations de ses eaux territoriales, la marine sud coréenne n’aurait elle pas tenté une manipulation qui aurait finalement très mal tournée ? La gestion de crise désastreuse qui en a suivi pourrait en être un des indices. Lors de la première rencontre avec les familles des victimes, la marine parle d’échouement. Par la suite l’heure de l’accident sera modifiée et sa nature aussi.

Le 2 juin se tenait un enjeu électoral majeur. Élection à un seul tour couvrant à la fois l’élection des maires, des régions mais aussi des recteurs d’académie. Sans aucun doute, le parti au pouvoir instrumentalise l’affaire du Cheonan pour faire preuve de fermeté et séduire une partie de l’électorat. Pour prouver le soutien populaire, le gouvernement est même allé jusqu’à autoriser une manifestation des partisans de la fermeté vis à vis du Nord sur une place de Séoul normalement interdite aux rassemblements et manifestations.

Alors que le «  vent du Nord  » devait permettre de gagner les élections régionales, les résultats ont plutôt signifié une cinglante défaite au parti en place. En effet si le parti au pouvoir arrive à conserver les mairies des grandes villes dont l’emblématique Séoul, il a été chahuté dans les régions.

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