Florence Hartmann
Publié le 21 mai 2009 par Les Influences
Le 27 août 2008, Florence Hartmann était mise en examen par ce même tribunal pour « outrage au tribunal » c’est-à-dire délit d’entrave, » pour avoir délibérément et sciemment divulgué des informations en violant en connaissance de cause une ordonnance d’une Chambre « . Ce qu’on lui reproche ? La parution de son livre « Paix et châtiment » (éditions Buybook en Croatie, et Flammarion pour la France) en octobre 2007 et d’un article en janvier 2008, dans lesquels l’ancienne journaliste décrit avec méticulosité les bras de fer diplomatiques autour des criminels de guerre serbes. Bref, elle est accusée d’avoir livré des informations strictement confidentielles dans le cadre du procès Milosevic, et d’avoir surtout révélé les motivations des juges, quand ils ont décidé de restreindre l’accès aux archives.
Sont incriminées les pages 120-122 de l’ouvrage : Florence Hartmann y révèle la soustraction de documents cruciaux par les juges eux-mêmes, soit des archives du Conseil Suprême de défense de la République fédérale de Yougoslavie (Serbie-Monténégro) qui auraient permis d’établir au grand jour la responsabilité de la Serbie dans le génocide commis en Bosnie-Herzégovine. Selon la défense de Florence Hartmann, la faiblesse des charges ne justifient pas une inculpation. Les fameux documents confidentiels divulgués étaient déjà, depuis 2006, partiellement rendues publiques par le TPIY lui-même.
De son observatoire privilégié, toutes ces années, Florence Hartmann n’a pas perdu une seconde de cette « bataille palpitante » entre Carla Del Ponte, particulièrement seule, et les responsables politiques d’Etats finalement récalcitrants, malgré le faux- semblant du transfert de Slobodan Milosevic, de Belgrade, au TPIY à la Haye à partir de juin 2001. Son document est sous-titré « les guerres secrètes de la politique et de la justice internationales ».
L’ouvrage particulièrement bien informé instruit à charge, c’est sa thèse,sur le verrouillage méthodique du TPYI par la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Florence Hartmann raconte ainsi par le menu, comment les grandes puissances tutélaires ont marqué leur volonté de blocage sur la chute de l’enclave musulmane bosniaque de Srebrenica en juillet 1995 et la question de l’implication directe de Slobodan Milosevic dans la guerre en Bosnie. Décédé en 2006, il aura vu de toute façon son procès siphonné de l’intérieur.
Florence Hartmann n’en est pas à son premier coup dur. Correspondante en ex-Yougoslavie pour le journal Le Monde, l’Elysée et sa propre rédaction de l’époque furent de plus en plus hostile à ses doutes et ses positions critiques envers le gouvernement Milosevic. Elle se retrouva affectée au supplément Télévision du Monde, avant de quitter rapidement le journal. Quelques années plus tard, Le Monde rapportait fidèlement ses propos de porte-parole de Carla Del Ponte.