Olivier Ferrand
Publié le 26 mai 2009 par Les Influences
Ce 26 mai, son association Terra Nova rendait publique une étude qualitative sur la réception de ses travaux par ses 700 adhérents revendiqués. L’auto-satisfecit est encourageant. Mais il existe un manque dans la communication de Terra Nova : il y a un an, Olivier Ferrand annonçait la création d’un think tank avec, à terme, un statut de fondation reconnue d’utilité publique (1 million d’€ de dotation nécessaire). Objectif : être le think tank de combat de « la gauche progressiste française ». Problème : l’association n’a toujours pas son million.
Un an après la constitution de « l’association de préfiguration » Terra Nova, le professeur de Finances publiques à Sciences-po a fait ses comptes. « Et on est loin du compte, indique le président de l’association à IDEE @ Jour. Nous avons réuni seulement 200 000 €, et 200 000 supplémentaires pour notre budget de fonctionnement annuel ».
A la crise financière mondialisée, vient s’ajouter la panne d’identité de la gauche qui laisse libre cours à un réel désarroi intellectuel, et une désaffection certaine de ses mécènes. Ces derniers sont décisifs dans la réalisation de la Fondation Terra Nova, puisqu’il représente selon le schéma initial du projet, 80% de la dotation. Ce million créditerait la Fondation Terra Nova d’un appréciable statut de fondation reconnue d’utilité publique, après une création par décret du Premier ministre sur avis du Conseil d’Etat. A l’exception de la Fondation Jean-Jaurès, animée par des proches de DSK, notamment le délégué général Gilles Finchelstein, la gauche en effet ne fait pas le poids dans ce type de montage d’institution intellectuelle. La droite libérale aligne quant à elle le flambant Institut Montaigne (Claude Bébéar) et le think tank de l’UMP. Fondation pour l’Innovation Politique (Nicolas Bazire, président du conseil de surveillance depuis février 2009).
Ce n’est pas tout : au 1 million requis pour le statut, il faudrait également escompter 1 million d’€ supplémentaire pour le fonctionnement annuel d’une fondation en rythme de croisière. Ce qui est modeste. Pour comparaison, l’Institut Montaigne est doté de 3 millions d’€. Ce qui est là aussi modeste en comparaison des think tanks anglo-saxons qui peuvent peser jusqu’à 10 millions d’€.
« Le fait d’être dans l’opposition, nous a éloigné de contacts avec les entreprises. Pour l’instant, nous sommes obligés de réduire fortement la voilure. La situation financière qui freine notre croissance nous contraint à l’huile de coude et au bénévolat, analyse Olivier Ferrand. Un budget de fonctionnement annuel de 300 000 € permettrait une respiration normale. » Fort de 3 permanents, mais aussi d’un impressionnant collège scientifique européen d’intellectuels, scientifiques et élus, présidé par Michel Rocard, Terra Nova cherche encore à convaincre des partenaires financiers.
Le think tank en gestation s’efforce de marquer des points d’influence, avec ses notes d’actualité (« policy briefs » calqués sur les notes de cabinet ministériel), ses analyses, ses interventions dans les médias (une double page mensuelle dans Libération, notamment). Quant à Olivier Ferrand, il se démène avec la publication ce mois, d’un essai très volontariste sur une Europe politique et régénérée, estampillé Terra Nova, mais où se devine surtout la griffe d’un intellectuel qui aimerait que la gauche soit prête à en découdre plus franchement dans la guerre des idées.