Esther Benbassa interpelle Valérie Pécresse… qui lui répond
Publié le 11 juin 2009 par Les Influences
Dans une lettre adressée à la ministre de la Recherche, Esther Benbassa, directrice d’études à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, et un certain nombre d’intellectuels, soutiennent Vincent Geisser, chercheur au CNRS, qui doit passer devant le conseil de discipline après une opinion hostile exprimée dans un mail contre le fonctionnaire du même organisme chargé de la sécurité.
Par leur pétition, ils entendent défendre le principe de liberté d’expression de l’enseignant chercheur. La ministre leur a répondu.
Depuis 2004, ses rapports professionnels se sont peu à peu envenimés avec le Fonctionnaire de Sécurité de Défense (FSD-Lire en rubrique Veille : « Joseph Illand a t-il harcelé Vincent Geisser ?), qui l’aurait empêché de mener à bien une étude ambitieuse sur l’apport des chercheurs maghrébins ou d’origine maghrébine dans la recherche française, guidé par une islamophobie.
A la faveur d’un mail de soutien à une allocataire de recherche du CNRS qui s’est vue licencier pour cause de port du voile, Vincent Geisser a comparé les méthodes du FSD à celles de ceux qui réprimaient les juifs et les Justes. Il est convoqué le 29 juin devant une commission de discipline de l’institution.
« L’un des motifs de cette convocation est le manquement à l’obligation de réserve qui s’impose aux fonctionnaires, explique Esther Benbassa, directrice d’études à l’Ecole pratique des hautes études, sur la chaire du judaïsme moderne, et par ailleurs responsable du Centre Alberto Benveniste d’études sépharades.
En tant que chercheurs, universitaires et intellectuels, nous n’avons évidemment pas à nous soumettre à une telle obligation. Cette entrave à notre liberté de pensée et d’expression pourrait être lourde de conséquences. »
Pour Esther Benbassa, le cas de Vincent Geisser est emblématique de la place instable faite à l’enseignant-chercheur ces derniers temps, notamment dans ces prises de parole et d’opinions, qu’elles soient circonscrites au lieu de travail, ou bien médiatisés dans des livres et des émissions publiques. « Ses collègues de laboratoire le soutiennent et ont fait une motion pour le faire savoir. Moi, en tant qu’enseignante-chercheur, je me sens directement touchée, poursuit Esther Benbassa.
L’annulation de ce conseil de discipline ferait jurisprudence en la matière.
J’ai réuni quelques collègues autour de moi et préparé un texte, pour le faire circuler, le faire signer par le plus grand nombre et le faire publier dans un quotidien. »
Les documents ci-dessous instruisent des conflits de mentalités à l’œuvre dans le monde de la recherche, notamment en sciences humaines, et dans son ministère de tutelle.
Un commentaire sur “Esther Benbassa interpelle Valérie Pécresse… qui lui répond”
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Bonjour. Il est question d’une commission administrative « paritaire », dans la réponse de la pécresse : est-ce que cela signifie, que les syndicats étaient associés à cette procédure disciplinaire ? Cordialement