Vignerons et bloggeurs jusqu’à la lie
Publié le 18 juin 2009 par Monsieur Septime
C’est une tendance : des vignerons créent leurs blogs pour échanger leurs expériences, sortir de leur solitude et réfléchir sur leur résistance à l’agro-business. Ils se retrouvent dans une rencontre en marge de Vinexpo à Bordeaux le 22 juin.
Lundi 22 juin, en marge de l’un des plus gros événements à la gloire de l’agro-business du vin, Vinexpo, qui accueillera en grandes pompes pour sa 15e édition pas moins de deux ministres, des vignerons même pas frondeurs ni même casseurs organisent, eux, leur rencontre Off. Tandis que le long ballet des tartuffes se mettra en place au cours de réceptions somptueuses et que le business battra son plein afin de faire la promotion de vin, pardon, de produits commerciaux aseptisés, une vingtaine de vignerons se retrouveront autour d’une passion commune : la nature, la vigne et l’homme.
Isolés dans des campagnes en voie de désertification, là où la machine et la chimie est la seule réponse possible à un monde consumériste et une grande distribution totalitaire, petites coccinelles respectueuses de leur environnement, ils sont souvent considérés par leur voisinage au mieux pour des huberlulus au pire pour des gêneurs. Mais les temps changent. Alliant tradition et technologie, Internet et ses outils leur ont offert la possibilité de s’exprimer, de parler, d’échanger leurs expériences et leurs théories sur le web.
Le phénomène dépasse la simple action commerciale car il faut avoir une tête bien remplie et ne pas porter des moufles pour tenir un blog. Du coup de gueule pour le dernier contrat publicitaire de Jean Pierre Coffe à la simple émotion que suscite une vigne en fleur, en passant par les travaux quotidiens ou la construction d’un chai « éco-conçu », ces blogs constituent de véritables journaux tenus régulièrement.
Ces vignerons bloggeurs, qui ont remisé pour la plupart pesticides et insecticides, font part de leurs engagements, échangent avec leurs lecteurs via des commentaires. Et ces lecteurs « ont apporté une proximité qui n’existait pas auparavant, témoignent Claudie et Bruno Bilancini, petits producteurs et chroniqueurs en ligne de Montbazillac. Nous dirions presque une intimité. Lire ce que font les vignerons au jour le jour, leurs états d’âmes, permet de mieux comprendre leur travail, mais aussi les vins qui en résultent. Lorsque nous avons évoqué la difficulté de travailler un sol argileux, nous avons eu des remarques constructives de vignerons confrontés aux mêmes problèmes. »
Non aux OGM dans le vin
Cette communauté virtuelle n’a pas vocation à se structurer. Mais blogs de vignerons et blogs d’amateurs, sans oublier Facebook, dessinent un réseau mondial, celui d’un vin underground, bio, ou de table, tout simplement vivant, sans AOC et sans marketing massif.
Même si la grande distribution représente encore aujourd’hui 80% du marché du vin au détriment d’un environnement maltraité, cette communauté, reflet d’une myriade d’expériences personnelles, annonce un changement profond dans notre approche à la terre et au plus beau des produits qu’elle nous donne, le vin.
Comme l’atteste Sébastien David, vigneron-bloggueur à Saint-Nicolas de Bourgeuil, « l’approche première était « un espace de défoulement anti-stress post contradiction vigneronne » (est-ce grave docteur?) ». Ensuite, des post de conviction : « non aux OGM toujours et encore ».