Daniel Lindenberg voit des intellos réacs partout
Publié le 31 août 2009 par Les Influences
« Ca va chauffer en septembre » se réjouit-on au Seuil. L’historien des idées Daniel Lindenberg remet le couvert, en publiant la suite du « Rappel à l’ordre » : son essai sur les « nouveaux réacs » qui, en 2002, fusillait, entre autres, Pierre André Taguieff, Marcel Gauchet, Alain Finkielkrault, Pierre Manent, Jean-Claude Milner, Alain Badiou, Philippe Muray, Régis Debray, Maurice G. Dantec et Michel Houellebecq. « Cette fois mon ambition est plus large puisque je traite des nouveaux réacs du monde entier » indique Daniel Lindenberg à IDEE @ JOUR.
En rajoutant dans la black-list du « Rappel à l’ordre », des universitaires et des intellectuels côtés, l’honorable historien des idées avait ouvert ses jerrycans de polémiques, et réveillé l’intérêt des médias. Sur France-Culture, Alain Finkielkrault qualifia le livre de « boule puante », mais Le Nouvel Observateur embraya du côté de l’auteur, et Laurent Joffrin lui dédia une émission spéciale sur France Inter. Le politologue et philosophe Pierre-André Taguieff, un ancien ami intime de l’auteur, ciblé nouveau réac, écrivit un article pamphlétaire dans Marianne, dénonçant une tentative d’ « épuration intellectuelle ».
Le succès médiatique du « Rappel à l’ordre » dénonçant, en 90 pages, « la petite ère glaciaire » de la vie intellectuelle dépassa son auteur, d’ordinaire plus modéré. Il devait effectuer une folle tournée, De Monde en Inrockuptibles, de Télérama en France Culture, en passant par le point d’orgue du talk-show de Thierry Ardisson sur France 2.
Thierry Pech, ancien conseiller de la CFDT, et qui est devenu, en janvier dernier, directeur général du Seuil, connaît bien Daniel Lindenberg. Il fut l’éditeur du « Rappel à l’ordre » pour la collection de La République des idées, du nom de son « atelier intellectuel international » qu’ il animait avec Pierre Rosanvallon. C’est lui qui a eu l’idée de cette suite plus ambitieuse et de portée internationale.
« Par rapport à mon premier essai de 2002, je me sens plus libre, confie l’universitaire. Je ne suis pas contraint par un petit format qui m’obligeait à un ton polémique, et pouvait paraître parfois lapidaire. Cette fois, le texte de 400 pages a le temps de se dérouler, d’argumenter et d’être accompagné d’un appareil de notes. »
Le deuxième opus provoquera t-il les mêmes étincelles que son aîné de 2002 ? Muray n’est plus, Houellebecq et Dantec ne sont plus ce qu’ils étaient, Finky s’est incrusté dans un rôle solitaire de scrogneugneu. Néanmoins, Alain Badiou, dinosaure starisé, devrait gagner quelques galons et être dûment maréchalisé par la machine à faire du réac.
Dans l’hiver 2002-2003, « Le Rappel à l’ordre » bénéficia d’une drôle d’ambiance : deuxième gauche, gauche libérale et réformiste, gauche caviar, contre gauche andouillette, gauche républicaine, ou gauche altermondialiste. Ce même hiver 2002-2003, d’autres black-list s’établissaient dans le petit monde enchanté du PIF (paysage Intellectuel Français). Ainsi Maurice T. Maschino en octobre 2002 esquissait lui aussi pour Le Monde Diplomatique, un vaste panorama des « intellectuels réactionnaires ». Les intellos réacs pour Le Diplo étaient tous les servants du néolibéralisme. On y dénombrait notamment les amis de Daniel Lindenberg, Pierre Rosanvallon et Jacques Julliard… On est toujours le réac de quelqu’un.
Septembre sera chaud.