Influences (n. fem. pluriel)
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  2. Action exercée sur quelqu’un.
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Les Influences

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#Chine #Francis Deron #Maoïsme #René Viénet #Situationnisme #Think-tank

L’ancien « Situ » René Viénet crie à la censure de l’éditeur Choiseul

Publié le 14 septembre 2009 par

L’éditeur Pascal Lorot a fait pilonner le premier tirage du n°14 de sa revue Monde Chinois. Expurgé de la nouvelle édition : un article sur les massacres sous le maoïsme. Toujours en colère: René Vienet, ex-rédacteur en chef, sinologue averti et ancien compagnon de Guy Debord.

René Viénet, sinologue et compagnon de route de Guy Debord
René Viénet, sinologue et compagnon de route de Guy Debord
Le journaliste Francis Deron, ancien correspondant du Monde à Bangkok, spécialiste lucide des khmers rouges et du maoïsme, aura été emporté par un cancer cet été sans avoir eu le fin mot sur les raisons de la censure de son article par l’institut Choiseul spécialisé dans la géoéconomie et politique, et dirigé par Pascal Lorot. Celui-ci n’y a pas été par quatre chemins et a fait carrément pilonner en octobre 2008, les 1500 premiers exemplaires du numéro 14 de sa prestigieuse revue trimestrielle, Monde Chinois, dont le rédacteur en chef René Viénet venait d’être licencié. Les abonnés à la revue ont eu le droit à une seconde version mais expurgée. Eliminée de la revue réduite de 144 à 136 pages, un article de Francis Déron qui traitait des massacres sous la Révolution culturelle prolétarienne de Mao Tsé-Toung. Dans sa précipitation, Pascal Lorot n’a pas supprimé la notice biographique du journaliste. « René Viénet a commencé à nous attaquer lorsque nous avons mis fin à sa collaboration », commente t-on à IDEE A JOUR dans l’entourage de l’éditeur. « Son travail était de grande qualité même s’il n’a pu boucler à l’heure que deux numéros, mais nous commencions à saturer de ses attaques ad hominen dans la revue. » Pascal Lorot aurait sollicité à plusieurs reprises le sinologue pour mettre au point la ligne éditoriale, mais René Viénet aurait fait la sourde oreille. Le numéro 14 a été le numéro de trop pour l’éditeur, et une occasion en or pour René Viénet évincé du poste et qui a assigné en référé son ancien directeur de publication (précisions : dans ce type de revue, les fonctions sont bénévoles mais peuvent être compensées par le remboursement de frais).

A bas la « révo-cul » !

Monde Chinois n°14. Depuis ce numéro, Pascal Lorot de Choiseul est le rédacteur en chef de la revue.
Monde Chinois n°14. Depuis ce numéro, Pascal Lorot de Choiseul est le rédacteur en chef de la revue.
Les avocats de l’Institut Choiseul ont expliqué les raisons de la suppression de ce numéro de Monde Chinois: était incriminée une introduction critiquant Valérie Pécresse la ministre de la Recherche et de l’enseignement supérieur qui en appelait à « une révolution culturelle » des universités: terme qui a fait rugir René Viénet. Mais pourquoi donc supprimer alors l’article de Francis Deron? « J’assume totalement cette suppression, témoigne Pascal Lorot à IDEE A JOUR. René s’en prenait à trop de gens et réglait de vieux comptes dans une revue au positionnement académique. Tous ces mois et en 3 livraisons, il a écrit sur Jean-Luc Domenach, puis Jean-Pierre Raffarin, et Valérie Pécresse une bonne dizaine de fois avec des insultes calomnieuses. J’ai préféré me séparer de René Viénet en octobre 2008. Pour ce qui concerne Deron et son intéressant article historique sur la complicité chinoise dans le génocide cambodgien, ce n’était pas un censure mais un report de publication. Je souhaitais le publier dans le numéro suivant. C’est pour cela que j’ai supprimé huit pages dans la deuxième version de Monde Chinois. Et puis ensuite, René Viénet ayant imposé sa version des faits à Francis Deron, je n’ai pas pu le faire. » Le tribunal n’a jugé qu’une partie du préjudice Le tribunal s’est borné a demander à ce que la notice biographique de Francis Deron soit logiquement supprimée. « Nous avons en effet apposé un sticker blanc qui est toujours sur les exemplaires de cette revue. » précise Pascal Lorot. Laure Deron, fille du journaliste défunt mais aussi avocat, estime toutefois que la partie n’est pas finie : « L’ordonnance rendue le 14 février 2009 ne se prononce pas sur une indemnisation du préjudice moral, qui ne figurait pas au nombre des demandes, ni sur son corrollaire, la réimpression du numéro avec l’oeuvre qui avait été supprimée (qui elle avait bien été demandée). Elle constate seulement que la question de savoir si l’éditeur d’une oeuvre collective qui réimprime celle-ci commet ou pas une atteinte au droit moral de l’auteur de l’oeuvre supprimée sans son consentement, est une question de fond qui ne relève pas des attributions du juge des référés. » Laure Deron précise à Ideeajour.fr : « Le tribunal a seulement constaté que « la présence de la notice biographique de M. Deron dans une revue dans laquelle ne figure pas de contribution de cet auteur est de nature à porter attente à ses droits moraux. » pour ordonner, dans l’immédiat, la suppression de cette notice. Il reviendra aux juridictions du fond, auxquelles l’ordonnance renvoie, de trancher la question de savoir si le droit moral de l’auteur a été atteint par ce retrait non concerté de l’oeuvre, et si il y a lieu à reimpression et/ou dommages-intérêts du fait d’un préjudice moral, ce qui n’a pas été obtenu en référé lequel par essence ne statue que sur des questions urgentes et exemptes de tout débat juridique de fond. » A suivre. En attendant René Viénet n’a pu obtenir ni indemnisation pour préjudice moral, ni la réimpression du numéro original. Depuis, les huit pages caviardées par l’institut Choiseul circulent sur le net, et ont fait l’objet d’une parution dans la revue Commentaire. Coopté à la fin de l’année 2007 par Jacques Baudoin (parti depuis au cabinet de Bernard Kouchner), son prédécesseur à la tête de la revue, René Viénet est surtout une personnalité à l’appétit d’ogre iconoclaste. Certes, il aura travaillé durant ces vingt dernières années à Taïwan pour des entreprises comme Framatome, Cogema ou Total. Mais il est bien plus qu’un simple go-beetween des affaires franco-asiatiques. Il est l’un des rares sinologues, avec Simon Leys, à avoir dénoncé le régime chinois et sa révolution culturelle tandis que gauche et droite intellectuelles, notamment en France, se gargarisaient de la figure de Mao Tsé-Toung.

Le retour du situ

Etudiant en langue chinoise, Il a fait partie de l’Internationale Situationniste (I.S) et fréquenté Guy Debord. C’est écoeuré qu’il effectua ses premiers voyages en Chine alors en pleine « révo-cul » (le terme est de lui et fera florès). Expulsé en 1966,il sera l’un des tout premiers chercheurs à dénoncer « la grande révolution culturelle prolétarienne ». Les maoïstes français ne seront pas plus affables avec lui: par deux fois dans les années 1970, il sera obligé de prendre la porte du CNRS,parce qu’il est jugé incompatible avec ses collègues de bureau maôlatres. De 1971 à 1978, il leur a fait la guerre en publiant une cinquantaine d’ouvrages dans sa collection « La Bibliothèque asiatique », itinérante de Champs Libre en Christian Bourgois. On lui doit les premiers livres de Simon Leys (« Les habits neufs du président Mao » et « Ombres chinoises »). De même, Viénet traduit ou fait traduire en chinois à Hong Kong des livres qu’il avait lui même traduit en français comme « La Tragédie de la révolution chinoise », d’Harold Isaacs. Par ailleurs, il se fait cinéaste dans la veine situ ( collages, références à la pop-culture et au kung-fu). En 1977, il est en compétition à Cannes pour son court-métrage « Mao par lui-même », suivi de « Chinois encore un effort pour être révolutionnaire ». On lui doit aussi un film extravagant, « La Dialectique peut-elle casser des briques ? », ou encore « Une petite culotte pour l’été » (« Enfin du cul politique sans alibi artistique ! » ). Ces dernières années, il a également lancé une petite structure éditoriale, où il a édité notamment la biographie exhaustive de la révolutionnaire Olympe de Gouges. On pouvait compter sur ce personnage hors-normes pour faire une revue à sa manière. Tout cet été, il a réveillé son démon situ, et fait de l’agit-prop, diffusant à qui le souhaitait informations sur la mésaventure de Monde Chinois et article à l’emporte-pièces publié dans la revue Médias, faisant modifier la note Wikipédia de l’institut Choiseul, ou qualifiant le président avec des épithètes très situs ou encore le nommant « Pascal Lorot de Choiseul ». « J’ignorais ce qu’était le situationnisme, ce n’est pas vraiment ma génération, avoue en soupirant Pascal Lorot. Se faire traiter de génocidaire ou d’ami de Pol-Pot est franchement lourd et insultant. » Lui qui « déteste la polémique » vient de se fendre d’un droit de réponse dans Médias du mois de septembre. En Chine mao comme dans le libéralisme feutré de l’expertise et des élites, René Viénet peut voir rouge.

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Un commentaire sur “L’ancien « Situ » René Viénet crie à la censure de l’éditeur Choiseul

  1. L’ancien « Situ » René Viénet crie à la censure de l’éditeur Choiseul
    Je ne savais pas que
    « Celui-ci n’y a pas été par quatre chemins et a fait carrément pilonner en octobre 2008, les 1500 premiers exemplaires du numéro 14 de sa prestigieuse revue trimestrielle, »
    merci pour l’information.

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