Il voulait libérer les femmes mariées
Publié le 1 novembre 2009 par Rédaction LI
Le député des Deux-Sèvres Léopold Goirand a été à l’initiative de la première loi en 1907 sur l’égalité homme-femme. A l’époque, c’était pour que la femme mariée puisse bénéficier librement de son salaire. En 2009, une loi proposée par Jean-François Copé devrait donner aux femmes la possibilité de partager équitablement le pouvoir dans les conseils d’administration.
Un pas de plus vers l’abolition des genres ? Pour la chercheuse Janine Mossuz-Lavau, l’indifférenciation complète du féminin et du masculin est inéluctable. La secrétaire d’Etat Nathalie Kosciuokso-Morizet s’en amuse et remarque qu’avec la pollution, les espèces se féminisent.
Le principe de l’égalité salariale entre hommes et femmes, même s’il parait avoir mille ans, lui, ne remonte qu’à la loi du 23 février 2006. Et ce n’est pas gagné: Le rapport « Partage de la valeur ajoutée, partage des profits et écarts de rémunération remis au président de la république par Jean-Philippe Clotis, directeur général de l’INSEE, indique l’accroissement de plus en plus fort des inégalités.
Pourtant l’époque semble mure pour un meilleur partage du pouvoir. Le patron des députés de la majorité sait-il qu’il est que le lointain descendant de Léopold Goirand, député de la gauche républicaine complètement oublié par les annales ? Sous la houlette de l’écrivain Bruno Fuligni, par ailleurs responsable des éditions de l’Assemblée nationale, sa figure a été exhumée dans un opuscule : « 1907, le libre salaire de la femme ».
Contre « les maris débauchés et paresseux »
Lors de son troisième mandat, en 1893, il prend l’initiative d’une proposition de loi « ayant pour objet d’assurer à la femme mariée la libre disposition des fruits de son travail. » Autant par conviction politique que par observation directe des moeurs: dans son étude, il voit trop souvent défiler les situations dramatiques d’un patriarcat transformant le mari en maître absolu.
Dans ce combat juridique, il est soutenu par les associations philanthropiques et la féministe Jeanne Schmahl, sage-femme d’origine anglaise et fondatrice du mouvement L’Avant-Courrière, qui depuis les années 1880 ne cessent de réclamer de telles dispositions.
« Si l’on suppose le mari débauché, paresseux, dissipateur, la femme honnête, laborieuse, économe, les conséquences apparaissent dans toute leur injustice, plaide Léopold Goirand. Dans les familles pauvres, cette omnipotence du mari peut être un obstacle insurmontable aux efforts de la femme et la cause déterminante d’une irrémédiable misère. »
La politique rend unisexe, La pollution féminise
Las, cette proposition de loi votée en 1896 par les députés réformistes se retrouve dans un tiroir: Léopold Goirand perd son siège en 1898 face à son vieux rival le baron de La Chevrelière.
Elu en janvier 1906 au titre de sénateur, il reprend la main et parvient à faire inscrire sa proposition de loi à l’ordre du jour de la Haute Assemblée. Soutenu par les associations féministes et les députés tels Maurice Viollette (futur ministre du Front Populaire), le projet devient loi le 13 juillet 1907. Certes, la loi est écornée. Ainsi les femmes mariées n’obtiennent qu’un pouvoir d’affectation de leur salaire. Une fois l’argent dépensé, les biens acquis retombent sous la coupe du mari. Les sénateurs ont également installé des chicanes juridiques « en cas d’abus par la femme ».
Reste que la brèche dans le Code Civil Napoléon est ouverte. En 1919, les députés voteront pour le vote des femmes. La loi sera toujours différée par les sénateurs jusqu’à la fin de la Troisième République.
En 2009 se pose la question de la représentativité et du partage du pouvoir au sein des conseils d’administration. Un pas de plus vers l’abolition des genres ?
« Le harem inversé »
Dans son sympathique essai bazar, réflexion XXL sur l’écologie et le numérique à l’oeuvre, intitulé « Tu viens ? », la secrétaire d’Etat Nathalie Kosciusko-Morizet semble rejoindre cette tendance à l’indifférenciation.
Pour « NKM », être une femme politique n’a aucun genre. « Il y a autant de fourbes dépourvues de scrupules, d’agressives, de lâches, de dépressives ou de perverses parmi les femmes politiques que parmi les hommes. La comparaison quantitative des populations montre sans doute que les femmes sont excessivement moins nombreuses que les hommes à exercer le pouvoir; mais la comparaison qualitative des tempéraments ne peut servir de plaidoyer pro domo. »
C’est un mouvement social inéluctable, à moins que, ne doute en s’amusant Nathalie Kosciusko-Morizet, l’indifférenciation des genres deviennent féminisation à cause de la pollution. L’ancienne secrétaire d’Etat à l’Ecologie rappelle que « le caractère viril est souvent le plus exposé, sinon le plus faible ». La preuve ? »Les espèces animales, lorsqu’elles sont attaquées par des pollutions se féminisent. L’espèce humaine n’y échappe pas. Déjà le foetus mâle paraît plus sensible aux pollutions chimiques transmises par la mère. » L’indifférenciation ne laissera pas indifférent.