Dominique Wolton a mal à la com
Publié le 15 novembre 2009 par Rédaction LI
Dans un essai indigent, le sociologue des médias s’en prend à la société Internet coupable d’accélérer l’incompréhension entre les cultures. C’est qu’ informer n’est pas communiquer, dit-il. Scribouiller n’est pas non plus écrire, ni déblatérer, penser.
De ces questions, il n’y aura aucune réponse puisque le spécialiste des médias et de la communication ne connait, malgré des dizaines d’années de recherches intenses ne manque t-il pas de nous rappeler à plusieurs reprises, ni les usages ni les moeurs de l’Internet.
Plus on communique, plus on incommunique
De son livre « Informer n’est pas communiquer » (CNRS Editions), sauvons tant bien que mal une idée qui est celle du titre, et que l’auteur martèle tout du long. Elle tient sur un Post-It. L’information est le message, la communication ce qui en permet sa réception. Or l’irruption des nouvelles technologies de la communication dans la vie sociale a changé la donne. « Non seulement il ne suffit plus d’informer pour communiquer, car l’omniprésence des informations rend la communication encore plus difficile, mais de plus la révolution de l’information conduit à l’incertitude de la communication », avance l’expert. « L’enjeu est moins de partager ce que l’on a en commun que d’apprendre à gérer les différences qui nous séparent » lache t-il encore dans une phrase slogan. Aujourd’hui, « la communication c’est la négociation et la cohabitation des cultures » et le rehaussement de la valeur tolérance dans une société qui accepte son multi-culturalisme. Bref, plus on communique, plus on incommunique.
Comment faire cohabiter en effet toute une diversité de cultures de plus en plus fragmentées ? A cette question le directeur du ISCC ne répond pas, préférant chasser les papillons éphémères, et s’en prendre avec une véhémence faussement rebelle à la société de l’Internet. Celle-ci serait en train de mettre en péril la communication humaine et les rapports sociaux. Et de tailler à la hussarde des croupières au « journalisme d’ordinateur » qui n’irait jamais sur le terrain, aux communautés juvéniles et technophiles béates, à cette barbarie en ligne qui en rendant visible les différences, les exacerbent et accélère l’incompréhension.
Il est dommage que cet opuscule ait échappé à la sociologue Nathalie Heinich qui vient de publier un espiègle et heuristique « Bêtisier de la sociologie » (Hourvari-Klincksieck). Il répond parfaitement aux critères des abus de langage, des grandes idées générales, du politiquement correct, du complotisme et de la question banale transformée en profond mystère impénétrable, sans oublier un style vaniteux et enflée de fumée.
Notons que dans sa « bibliographie indicative », mélange de choux et de navets, le spécialiste des médias qui « travaille depuis trente ans » sur la communication n’indique même pas un essai très utile et fin, déjà un classique pour la réflexion, « La presse sans Gutenberg » de Bruno Patino et Jean-François Fogel (Points, 20007). Qui sait informer, communiquer et partager.