Il décrit la prochaine guerre mondiale écolo
Publié le 29 novembre 2009 par Rédaction LI
Politique-fiction de l’après-Copenhague raté ? Pas vraiment. Le psychosociologue allemand Harald Welzer annonce les causes inexorables selon lui des prochaines tueries planétaires. La prochaine guerre mondiale sera écolo ou ne le sera pas.
« Les Guerres du climat » annonce cette même couleur de sang coagulée à la dégradation de la planète. De plus en plus d’hommes disposeront de moins en moins de bases pour assurer leur subsistance. Terres agricoles, eau, ressources : « Ce livre traite des rapports entre la violence et le climat », assène le directeur de recherches en psychologie sociale à l’Université Witten/Herdecke.
Il reprend ici la thèse qu’il avait élaboré dans Les Exécuteurs : la notion fascinante de « shifting baselines », ou comment « les hommes changent dans leurs perceptions et leurs valeurs, en même temps que leur environnement et sans s’en rendre compte. »
Dans un monde en pannes d’utopies et de modèles de société porteurs d’avenir, le pessimisme et la parano raisonnée d’Harald Welzer s’en trouvent renforcés :
» Peut-on vraiment croire que les choses vont s’améliorer? Avec des conséquences climatiques de plus en plus nombreuses et sensibles, avec l’augmentation des détresses, des migrations et des violences, la pression pour résoudre les problèmes va s’accentuer et l’espace mental se rétrécir. La probabilité augmente, pour résoudre les problèmes, de stratégies irrationnelles et contreproductives. »
Dans ces cas-là, la violence devient une ultra-solution. La paix est une notion relative à l’échelle de l’histoire planétaire. Le spectre des millions de réfugiés climatiques constitue encore un impensé. La façon dont seront traitées ces populations déplacées et qui déborderont ou non des sociétés jusqu’alors à peu près stables, amorceront ou non de nouvelles formes de guerre, inédites et durables.
Les SHS sont-elles recyclables ?
Autre aspect de l’analyse sombre d’Haradl Welzer, la déprime face aux actuelles sciences humaines et sociales. A ses yeux, la boite à outils sert à bien peu de choses. Les cultures occidentales basées sur l’Humanisme, la Raison et le Droit sont incapables de nous éclairer sur le sujet et ont montré leur fragilité par le passé, pour peu que les coups portés contre ces concepts soient un peu rudes. Les Lumières peuvent constituer un bon compost intellectuel d’avenir, à condition qu’elles ne se laissent pas happer par les shifting baselines du péril climatique. Mais pour Harald Welzer, la possibilité est mince : les processus de dégradation de la planète ne sont pas linéaires, pas plus que les processus de la psychologie sociale face à l’inattendu. Au XXIe siècle, les guerres écolos ne seront pas des conflits idéologiques, mais des conflits de prédation des ressources, avec des mobiles toujours plus irrationnels. N’oubliez pas d’éteindre la lumière avant de sortir.