Il voit du vert partout
Publié le 17 décembre 2009 par Arnaud Vojinovic
Le journaliste Michel Ktitareff installé dans la Silicon Valley depuis plus d’une quinzaine d’années, est l’observateur privilégié de la révolution verte qui est en train de s’y dérouler, avec l’avènement des « clean tech ».
Correspondant du quotidien Les Echos, il a rendu compte au fil des années des bonds technologiques dont la Silicon Valley a constitué le moteur décisif. Dans son dernier ouvrage « Révolution verte : Enquête dans la Silicon Valley » (Dunod, octobre 2009) et préfacé par Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’État à la prospective et au développement de l’économie numérique, il décrit la transformation profonde qui est en train de se dérouler dans ce véritable laboratoire qu’est la Silicon Valley. Alliant une capacité d’innovation sans précédent, une maîtrise de l’informatique, de l’internet et un souci fondamental de environnement, ce bout de terre à l’est de San Francisco est devenu un formidable initiateur de technologies vertes : les clean tech.
Alors que beaucoup pensaient qu’il y avait une perte de rentabilité à suivre cette voie, les entreprises qui s’y sont engagées ont gagnées en profitabilité; le passage par la case développement durable (télétravail, transport collectif pour les salariés etc..) les a obligé à se réinventer.
Ses nouveaux développements sont soutenus par une politique volontariste de l’Etat de Californie qui n’hésite pas à aider au financement de projets de grandes envergures comme l’équipement des maisons individuelles en panneaux solaires, mais bénéficient aussi d’appui politique au niveau fédéral par la voie de Barak Obama lui même. Même au niveau de la Maison Blanche il y a un sentiment d’urgence face au réchauffement climatique et à l’utilisation des énergies fossiles; ce sentiment est comparé à l’électrochoc qu’avait été la sonde Spoutnik, précipitant l’accélération du programme spatial de l’envoi d’une équipe sur la lune.
12% des investissements en capital risque
Au delà des projets publics et des aides aux particuliers, les idées les plus originales (des fermes de ballons solaires ou l’emprisonnement de C02 dans du ciment) trouvent des financements auprès des poids lourds de l’Internet et de l’informatique comme Cisco ou Google. Les projets estampillés Clean Tech s’octroyaient en 2008 12% des investissements totaux en capital risques, il n’étaient que de 1,4% en 2001. Ainsi entre fonds publics et privés, on estime que 150 milliards de dollars ont été investis sur une année dans ce type de projet.
Par exemple Google.org a investi dans une start-up, Esolar, fabricant des miroirs qui concentrent davantage la chaleur permettant de transformer l’eau en vapeur et donc en électricité ou encore dans d’autres spécialisées en géothermie, mais finance aussi ses propres projets tel qu’une voiture électrique se rechargeant sur une simple prise de courant. Avec son plan « Clean Energy 2030 » dont s’est inspiré Barak Obama pour présenter son propre plan en faveur des énergies renouvelables, Google a montré ses ambitions et s’est placé comme locomotive de cette révolution. Le plan tient en trois points 1) réduire de 95% l’émission de gaz à effet de serre, 2) remplacement en vingt ans de la moitié du parc automobile par des véhicules électriques, 3) construction d’un réseau électrique efficient (smart grid).
La capacité d’innovation phénoménale de la Silicon Valley s’est mise au service du développement de Clean Tech. Cette révolution verte grignote peu à peu, mais sûrement, l’ensemble des Etats Unis. Face à ce mouvement de fond, la France qui a déjà pris conscience des enjeux et des opportunités des innovations vertes, saura t elle développer une dynamique profitable comme le fait déjà l’Allemagne avec une grande vigueur, ou vivra t-elle son « Big One » à elle du décrochage industriel des clean tech ?