(3) Que peut dire la métaphysique sur ces temps de crise ?
Publié le 5 février 2010 par Les Influences
En tout cas, la spéculation métaphysique n’a, à mes yeux, rien à révéler – en temps de crise ou non. Elle répond à des questions que se posent certaines personnes, c’est tout. Pour d’autres, la majorité, elle n’apporte rien du tout et il n’y a pas à s’en désoler.
Par contre, ce qu’on peut dire, c’est que la « fin des idéologies » des années 1980 n’a pas abouti – comme on aurait pu le penser – à une mort définitive de la métaphysique – déjà bien enterrée depuis la fin du XIXème s. Au contraire, on voit renaître en différents endroits (et pas nécessairement où on aurait pu l’attendre) des tentatives métaphysiques. Nous en avons donné deux exemples avec Latour (préfaçant Souriau avec Stengers) et Viveiros de Castro. D’autres suivront.
2. Quelles sont à vos yeux les pistes inédites et novatrices de la métaphysique en 2010 ?
David Rabouin :Première chose très importante : nous essayons de mettre un « S » à métaphysique. Pour nous, la métaphysique est plurielles.
Quelles pistes sont ouvertes dans ces métaphysiques aujourd’hui ? et bien, nous en avons donné deux exemples : la manière dont un sociologue peut être amené à relire un philosophe obscur (Souriau) parce qu’il a lui-même rencontré sur sa route la question des « modes d’existences » des entités auxquelles il avait affaire ; la manière dont un anthropologue essaye d’esquisser une métaphysique « de l’autre », du « cannibale », autour de la belle notion évoquée par Viveiros de Castro de « multinaturalisme ». Ces deux réflexions résonnent avec toutes sortes de questions très concrètes, notamment en politique (cf. la critique du multiculturalisme).
Ces deux pistes se rejoignent autour d’un même questionnement : comment penser le monde si nous ne prenons pas pour argent comptant le « naturalisme » érigé en modèle dominant depuis la Révolution scientifique (y compris, Latour et De Castro y insistent, quand on a voulu le critiquer) ?