Djamila Bouhired, l’icône oubliée de la Guerre d’Algérie
Publié le 14 février 2010 par Rédaction LI
Emblématique de la lutte du FLN dans la guerre d’indépendance de l’Algérie, elle est désormais tenue à distance par le gouvernement algérien, alors que celui-ci envisage un tribunal pénal pour les crimes de guerre de la colonisation française.
Dans les années 1950, la jeune combattante d’origine berbère faisait partie du « réseau bombes » du FLN (Front de Libération National). Elle fut capturée par les parachutistes français en 1957, puis torturée, jugée et condamnée à mort.
Avec « La Question » de Henri Alleg, le livre de son avocat anticolonialiste Jacques Vergès et de l’écrivain Georges Arnaud (1917-1987), « Pour Djamila Bouhired » (Minuit) fait partie des classiques désormais des livres militants de l’époque. Elle est même devenue une héroïne de cinéma, avec le film « Djamilah » (1958) du cinéaste égyptien Youssef Chahine. Une active campagne d’opinion en 1962, menée par J. Vergès, conduisit à la grâce et à la libération de la condamnée à mort.
Dans les années 1970, D. Bouhired, qui épousa son avocat et eût deux enfants avec lui, animait le magazine « Révolution africaine » créé par J. Vergès qui militait pour l’exportation de la révolution algérienne. Mais depuis une quarantaine d’années, les nouvelles élites du pays indépendant et de la rente pétrolière se sont détournées de cette iconographie là.
Depuis la publication de sa lettre en décembre, les ministères de la Solidarité nationale et de la Santé se renvoient la patate chaude, affirmant ne pas comprendre la colère de D. Bouhired.
Un tribunal pénal pour la colonisation française, 48 ans après l’indépendance de l’Algérie
Alors que le pays, où 60% de ses habitants ont moins de 30 ans, oublie ses icônes, 125 députés de la majorité du président Bouteflika réclament une loi criminalisant la colonisation française, et demandant les réparations morales et financières, au cas par cas, des victimes.
Quarante-huit ans après son indépendance, l’Algérie souhaiterait ainsi la création d’une cour pénale spécialisée dans les crimes de guerre. Le président Bouteflika, lui même, a déjà émis le souhait de créer un « front composé d’anciennes colonies françaises », mais pour l’instant n’a pas convaincu. En novembre 2007, le ministre des Anciens combattants, Mohamed-Chérif Abbas, avait attribué l’élection du président français « au lobby juif », et comparé la France « à l’Allemagne nazie ».
Coïncidence et rideau de fumée ? Ce durcissement jugé « incompréhensible » par le gouvernement français se fait alors que des affaires de corruption monstre atteignent depuis le début de l’année, des dirigeants de Sonatrach (gaz et pétrole algérien), ainsi que le secrétaire général du ministère des Travaux publics. Les fantômes de la guerre d’Algérie ne cessent de s’agiter dans un pays en « crise de lien national », selon l’expression de l’historien Benjamin Stora.
2 commentaires sur “Djamila Bouhired, l’icône oubliée de la Guerre d’Algérie”
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Djamila Bouhired, l’icône oubliée de la Guerre d’Algérie
D´origine berbere! C´est un peu vague, non? vous ne trouvez pas??? elle est originaire d´El Aouana(Jijel), plus exactement de beni sekfal sur les hauteurs de la commune.