S’emmurer, un marché de la pierre en plein boom
Publié le 6 juillet 2010 par Rédaction LI
Dans la revue Le Banquet, un article passionnant de Julien Saada sur le marché international et exponentiel de sécurisation des frontières.
De nombreuses sociétés au savoir-faire varié occupent ce créneau international de la sécurisation des frontières: entreprises d’armement et de défense, mais aussi spécialisées en communication, en surveillance, en technologie de l’information ou en biométrie. Les sociétés de conseil en logistique, en gestion ou en coordination, sans oublier les cabinets d’études et quelques think tanks sont sous-estimées dans ce marché du mur, mais ce sont bien elles qui alimentent, orientent, justifient la stratégie sécuritaire des Etats.
Les nouvelles technologies se développent comme le prouve le projet Virtual Fence aux Etats-Unis, un marché de 20 millions de dollars remporté par Boeing, et dont le principe, dans un premier temps, est la mise en place d’une frontière électronique militarisée sur une frontière de 45 kilomètres dans le secteur de Tucson en Arizona. 900 entreprises sous-traitent pour ce projet qui s’annonce pharaonique.
Mais les métiers plus classiques de la maçonnerie et de l’emmurement sont toujours autant réclamés.
« Les exportations de la technologie israélienne augmentent de 22% chaque année depuis 2002 et il y aurait environ 450 entreprises israéliennes spécialisées dans la sécurisation du territoire. » pointe le chercheur. Ces firmes sont sollicitées aux Etats-Unis, mais également en Asie et en Amérique latine. Bien situées également sur ce marché, les sociétés européennes qui développent le concept d’ « Europe Forteresse ». Ces fortifications sont à l’oeuvre à l’Est et sur les frontières méditérannéennes. Après le royaume du Qatar, le groupe industriel européen EADS a décroché le marché de protection de 9000 kilomètres de frontières de l’Arabie Saoudite. De nombreux projets sont envisagés dans les pays émergents comme la Chine et l’Inde.
Julien Saada s’inquiète de ce que ce marché livré au privé ne finisse par distordre les règles traditionnelles de la souveraineté d’un Etat, et ne relève d’un marketing de l’emmurement à outrance.