Patrick Modiano veut réhabiliter les jeunes résistants du lycée Jacques Decour
Publié le 19 septembre 2010 par Rédaction LI
Le romancier rappelle dans sa préface au document « La guerre des cancres »(Perrin) combien cet établissement injustement oublié, fut un haut lieu de la résistance juvénile à Paris.
Selon l’écrivain catholique et ancien professeur Jacques Madaule, le lycée Jaques-Decour (Rollin jusqu’à la libération de Paris en 1944) se dresse « comme un camp romain austère et triste, au pied de Montmartre« , près du Sodome et Gomorrhe de Pigalle. Des générations de jeunes révoltés, rebelles de tous poils, résistants à contre-courant y sont passés et y passent peut être encore, selon les scansions de l’époque et les tumultes de l’histoire.
Un autre écrivain, Patrick Modiano,réhabilite la mémoire du lycée Jacques-Decour dans la préface du livre La guerre des cancres (Perrin). Il regrette de ne pas avoir effectué sa scolarité dans ces lieux, car ce lycée longé par le boulevard Rochechouart, socialement composite et cosmopolite, a aimanté dans son histoire des bandes de cancres prodigieux et des professeurs hors-normes, notamment sous l’Occupation. « Il y avait, à Rollin, plus d’électricité parisienne dans l’air que dans les autres lycées, et voilà sans doute pourquoi il fut pendant l’Occupation l’école de la résistance » , rêve t-il.
Des fantômes aux destins inattendus
La partie particulièrement réussie du livre est l’évocation de cette montée aux extrêmes des périls et des passions politiques d’avant-guerre à travers la vie de Rollin. Les professeurs ont de plus en plus de mal à contenir les élèves d’extrême droite ou communistes. La guerre civile espagnole et la chute de Barcelone constituent des épreuves politiques pour ces lycéens. L’administration s’inquiète des chahuts qui virent aux bagarres généralisées.
Avec érudition et beaucoup de surprises, B. Matot campe le destin d’un lycée chaviré par l’histoire, aux destins brisés et inattendus.
Modiano rappelle combien ce lycée est un roman. Ou même un film, puisque François Truffaut, lui aussi, y passa sa jeunesse scolaire.