Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

Filtré pour vous : L'actualité politique et intellectuelle

#Alain Souchon #Antoine Leonpaul #Because Music #Benjamin Biolay #Bertrand Cantat

Antoine Leonpaul, poupon Souchon

Publié le 13 mai 2011 par

Coup d’essai, coup de maître. Il n’est pas un branleur comme il se plait à le chanter, mais bien la révélation de la chanson française de ce printemps.

Antoine-Leon-Paul.jpg Nous sommes aphasiques et nous le faisons bien. Nous vendons au Japon des milliers d’albums de Air, remplis de Modular et de voix vocodées, incompréhensibles et même pas françaises. Nous remplissons Paris Bercy avec Alive 2007, deux Daft Punk casqués et des machines à bruit. Ou bien nous chantons en anglais sur son pop rock, comme Phoenix, Hey Hey My My, The Tellers (des belges francophones, vraiment ?) ou Tahiti 80. Ils interprètent «  If I ever feel better  », «  I need some time  », «  Like I say  » ou «  Easy  » et nous trouvons cela normal. Ou bien alors, quand nos chanteurs chantent en français, ce n’est pas chanté. Ils n’ont qu’un sens aiguë de la dissonance germanopratine, nuisible et indigeste comme du Barbara qui aurait passé la date de péremption. En plus, puisque Bertrand Cantat n’a même plus le droit de faire de la musique , on nous interdit aussi le rock français. Et les jeunes (ou les moins jeunes) trouvent leur compte dans cette bouillasse «  française  » , à consommer de préférence debout et dans le casque. Au reste, comme nous n’achetons plus d’albums mais des morceaux, on pourrait zapper sur son iPhone et remettre un coup Charles Trenet. On limiterait ainsi les dégâts.

On peut aussi ne pas s’avouer vaincu. Ce serait tout de même manquer de curiosité. Trouver que Benjamin Biolay a une tête à claques mais beaucoup de talent et que son dernier album est formidable, par exemple . On peut aussi tendre l’oreille vers la nouveauté, découvrir comme en rêve des artistes français qui chantent bien (et en français), jouent bien, écrivent bien et donnent envie de faire parler d’eux. Antoine Leonpaul est l’un d’entre eux.

Rose et bleu

Il débarque au printemps 2011, rose et bleu dans un nuage de fumée grise. Il a sorti chez Because Music, le 11 avril dernier, un album éponyme excellent, entrainant, superbe. En référence, on y retrouve l’âme des Michel (Polnareff, Delpech, Berger, Jonasz) mais pas seulement. C’est toute la variété française des années 70 qu’il a intégrée, digérée et qu’il rend de nouveau audible. Et Dieu sait que les années 70 ne sont pas exactement les plus mauvaises pour la variété française. Tout est là, ou presque : les guitares slide d’Allô Maman bobo et le piano du Message personnel , le phrasé Souchon («  Mes parents me voyaient docteur, au minimum pompier sapeur …  »), le romantisme d’Alain Chamfort, la mauvaise foi amoureuse («  Voilà pourquoi je peux pas me lever …  ») et les intonations à la Louis Chedid, qui rendent l’ensemble familier et forcément irrésistible.

«  Minuit sonne sur mon téléphone pomme alors je deviens un autre homme  » : Antoine Leonpaul écrit pourtant sur le présent, quand il évoque les années 2010 avec fraicheur et ironie, des filles bobo de la Bastille («  Bastille filles  ») aux adulescents trentenaires («  Un autre homme  »). Il se dessine un personnage tendre d’amant anti-héroïque garanti sans plan d’avenir, un frère d’Antoine Doisnel («  Je merde  », «  Oh Claire  », «  Seuls m’intéressent  »). Il rend hommage à ses aînés, enfin, avec un morceau exquis, «  1975  ». Reportage au mythique studio Ferber de Paris : «  Le directeur musical est en costard  », y ont enregistré Adamo, Marie Laforêt, Delpech, Sheila ou Gainsbourg … la liste est longue. Une composition excellente, détaillant la recette d’un tube de variétoche. «  Faut qu’ça sonne pour les radios périphériques, pour le public /Que ça frisonne en bas des dos, qu’il aime cette musique, le public  ».

Sans nostalgie

Coup d’essai, coup de maître. Coup d’éclat. Antoine Leonpaul est la révélation de ce printemps. Il a produit, avec simplicité et maturité, la version réussie d’un disque de Mathieu Boogaerts. Et le public, il aime, à coup sûr. On a pu le vérifier lors du concert du 10 mai aux Trois Baudets, où l’artiste s’est livré à une «  Release Patry  » reprenant l’album ainsi qu’une très jolie chanson de Christophe. Mais Leonpaul ne convoque pas gratuitement le passé, il l’enrichit à sa façon et livre onze morceaux d’une pop française efficace, textes pleins d’humour sur voix délicate. Flâneur dans les décades qui l’ont vu naître, pratiquant ce qui fonctionne en lieu et place d’un narcissisme à la mode, il renouvelle, la fleur aux dents, un paysage musical hexagonal en manque de verve. Son album ressemble à ce qui devrait tenir lieu de variété française en 2011, en oubliant que -M- ou Vincent Delerm lui ont fait subir le martyr ces dix dernières années, chacun à leur manière. Antoine Leonpaul n’est pas, comme il se plait à le formuler, un «  branleur, un épateur de petite sœur  », mais le nouvel espoir de la chanson française.

Je m'abonne ! Partage Twitter Partage Facebook Imprimer

Laisser un commentaire

Ce site web utilise ses propres cookies et ceux de tiers pour son bon fonctionnement et à des fins d analyse. En cliquant sur le bouton Accepter, vous acceptez l utilisation de ces technologies et le traitement de vos données à ces fins. Vous pouvez consulter notre politique en matière de cookies.   
Privacidad