Siné, opération résurrection !
Publié le 14 septembre 2011 par Rédaction LI
Le vétéran du dessin d’humour pan-dans-la-gueule relance son journal.
C’est parti ! Ou plutôt, c’est reparti. Siné Mensuel, tiré à 90 000 exemplaires sur format tabloïd, s’offre dans les kiosques depuis le mercredi 7 septembre 2011. « Le journal qui fait mal et ça fait du bien » revient de loin, et entend semer la zone dans la campagne présidentielle de 2012.
2008 : Schisme à Charlie Hebdo
Souvenez-vous. Il fut un temps où Philippe Val dirigeait Charlie-Hebdo. Il fut un même temps où Siné, vétéran du journal, s’entendait appeler « Tonton » par son jeune confère Charb, où l’hebdomadaire de la rue de Turbigo publiait au kilo les mémoires dessinées du dessinateur grande gueule et l’idôlatrait comme Bouddha de la sublime mauvaise foi. Il fut un autre temps où Nicolas Sarkzoy accéda à l’Elysée, et où l’esprit de cour s’organisa. C’est alors que le bouffon octogénaire donna des bouffées à Philippe Val : dans le numéro du 2 juillet 2008, un dessin sur le fils de Nicolas Sarkozy fut jugé antisémite. Il y faisait allusion à une rumeur qui prétendait que le prince Jean adopterait la religion juive pour mieux épouser l’héritière du groupe Darty. Siné se fit allumer dans une chronique signée Claude Askolovitch qui le tamponna « antisémite » sur RTL. Philippe Val, écrivit alors une lettre d’excuses et demanda à Siné de la signer. Refus de l’intéressé. On songea même à se désolidariser publiquement de l’infréquentable (qui en son temps aussi avait donné des boutons à Caroline Fourest et Fiametta Venner, collaboratrices du journal et amies de Val), mais la rédaction finalement abandonna l’idée. S’ensuivit une polémique homérique et un schisme entre les deux papes de la rigolade qui firent claquer plus d’une fois les portes de Charlie Hebdo.
« 2009 : Nous payons 35 salariés quand Siné lui fait travailler pour des clopinettes des précaires et des milliardaires du show-biz » (Charb)
Des pétitions pro ou anti-Siné furent lancées qui récoltèrent chacune leur moisson de belles âmes. Cité à comparaître le 9 septembre 2008 devant la 6e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Lyon par la LICRA pour « incitation à la haine raciale », Siné s’est vu depuis relaxé, la justice estimant que tout cela relevait du droit à la satire (jugement du 24 février 2009). Quelques semaines plus tard, Philippe Val rejoignait Jean-Luc Hees, intronisé PDG de Radio France, pour diriger France Inter.
En riposte, Siné lance avec son épouse Catherine Sinet, à la rentrée de septembre 2008, son propre canard, Siné Hebdo. Durant quelques mois, il va provoquer d’autentiques sueurs froides chez Charlie Hebdo, dirigé désormais par Charb : les deux supports en effet ne vivent que de la vente aux lecteurs. Concurrence vive et ultrasensible : Que Siné parvienne à piquer quelques milliers de lecteurs à son ancien employeur, et Charlie se retrouve sous la ligne de flottaison. La guerre des boutons se poursuit par médias interposés. « Nous payons 35 salariés et lui fait travailler pour des clopinettes des précaires et des milliardaires du show-biz », nous expliquait alors Charb dans le contexte tendu d’une nouvelle formule qui piétinait : « la crise financière ne rend pas toujours indispensable chez nos lecteurs l’achat d’un exemplaire de Charlie Hebdo. » Cette même analyse d’un humour radical lui aussi en crise, en perte d’influence dans la prolifération ambiante d’humoristes à l’insolence marketing se photocopillant les uns les autres, aurait pu être partagée par Siné Hebdo qui a fini par déposer les armes. Même les lecteurs, déchirés comme les enfants d’un divorce, ont fini par se lasser d’acheter les deux titres par semaine.
« On espère retrouver notre lectorat de l’hebdo, la tendance semble plutôt bonne même si nous pouvons devenir tout aussi bien une étoile filante de la presse. » (Emmanuelle Veil)
Quelles mouches veulent attirer les animateurs de Siné Mensuel ? « On espère retrouver notre lectorat de l’hebdo, la tendance semble plutôt bonne même si nous pouvons devenir tout aussi bien une étoile filante de la presse« , explique Emmanuelle Veil. Selon les derniers pointages, Siné compterait même un lecteur centenaire. « Nous allons bien sur profiter à fond de la campagne présidentielle. Nous sommes à gauche, nous avons de la tendresse pour quelques personnes mais nous ne roulons pour aucun parti » précise encore la jeune femme.
2012 devrait dire rapidement si Siné sème toujours aussi bien sa zone, ou bien s’il zone tout seul.
4 commentaires sur “Siné, opération résurrection !”
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Siné, opération résurrection !
RE,…….
Lors de la rédaction d’un article plus haut, j’emploie le mot dessein, je tenais à préciser qu’il n’y a pas d’erreur d’orthographe.
Merci
Longue vie!!!!!
Siné, opération résurrection !
Salut à toute l’EKIPASINé…
Siné mensuel!!!!!? Quelle grande idée!!! Voilà, j’avais déposé les armes aussi après Siné Hebdo, avec un repli (dé)rangé (très irrégulier) entre, le Sarkophage, les articles accessibles gratuitement sur le net du Monde Diplo et parfois, un retour timide sur les lignes institutionnelles du Canard. Ou encore, quelques rares élans jubilatoires, quand extraire quelques euros de mon RSA pour la presse était possible, me poussaient vers les grands titres de Politis. Mais voilà! Sans desseins !!!! Depuis 2 mois je m’aperçois que Siné, doté d’une nouvelle monture rédactionnelle, nous pond l’occasion de rêver encore… Ca reste cher mais, j’attends avec impatience l’occasion de m’offrir tous les numéros depuis le début. Demeure cependant le sentiment de perdre un peu l’actualité de vue, mais bon ! Puisque Siné se met à resemer, NOUS RATTRAPERONS LE TEMPS ET VAINCRONS. Merci à toute l’équipe.
Très bonne mauvaise année à tous !
Siné, opération résurrection !
Merci au mensuel Siné d’être la voix des sans voix. Cela avec humour et finesse d’esprit, sans aucun parti-pris. Longue vie à vous.
Siné, opération résurrection !
C’estpar hasard que j’ai découvert le retour de SINE MENSUEL. Quelle chance !
J’avais déploré sa fin. Espérant que cet arrêt ne soit pas celui de la vie de SINE.Heureusement il est toujours bien là le bougre. A la sortie de SINE HEBDO, dégoûtée par Charlie hebdo pour les bobos sarkossizans, je le boycottais à ma façon, notamment en le cachant derrière SINE HEBDO sur les présentoirs des kiosques. J’ai donc repris cette activité grâce à ce retour inespéré.
Merci SINE et Catherine longue vie à vous
Catherine Emery