On a retrouvé la société française
Publié le 30 septembre 2011 par Rédaction LI
A partir du 1er octobre 2011, le Centre d’observation de la société propose gratuitement en ligne ses données pour mieux comprendre les évolutions du pays.
A la tête de ce projet longuement mûri, un ancien journaliste d’Alternatives Economiques, Louis Maurin, 44 ans, qui dirige déjà l’Observatoire des inégalités. Celui-ci n’a de cesse depuis des années de « s’inquiéter des discours médiatiques toujours en décalage avec les réalités inégalitaires et celles de la société« .
“J’ai conservé de mon passage dans une agence de presse, le goût du fait brut. Je me méfie des trucs fermés, des belles analyses qui pratiquent le déni de réalité et ne tiennent pas compte de l’inattendu.” L’ancien stagiaire du Nouvel Economiste, le pigiste d’Entreprendre et de L’Usine nouvelle, l’agencier rectiligne de l’ACP, entend appliquer la même méthodologie que pour l’Observatoire des inégalités, qu’il avait cofondé en 2002 avec le philosophe Patrick Savidan. C’est le vide sidéral de données officielles sur ce thème multiforme qui lui avait donné l’envie de se lancer dans un vaste projet de veille et de recueil des données.
« Je me méfie des trucs fermés, des belles analyses qui pratiquent le déni de réalité. »
Le site de l’Observatoire des inégalités qui fêtera ses dix ans l’année prochaine, enregistre une bonne moyenne de 70 000 visiteurs uniques par mois. Avec un budget de fonctionnement annuel de l’ordre de 130 000 €, trois salariés et un volant de correspondants bénévoles, répartis entre Tours, Paris et Villiers-sur-Marne, alimentent la veille. L’observatoire vit de plusieurs sources : subventions de conseils régionaux et mécénat d’entreprise notamment, mais aussi dons, conférences ou droits d’auteur (Déchiffrer la société française, La Découverte, 2009). Martin Hirsch, alors à la tête d’Emmaüs France, a fait partie des premiers soutiens de poids.
« Certains intellectuels croient bien faire en exagérant les situations pour mobiliser les troupes. Mais ils obtiennent l’effet inverse : l’information est décrédibilisée« , note t-il. Louis Maurin pêche large, racle profond, s’aventure dans les chiffres et les rapports. Il n’aime pas plus le “catastrophisme, nuisible aux discussions publiques” que l’antienne rédemptrice de “la grande rupture” qui surgit à chaque crise, jurant crachant que l’on ne pratiquera plus comme avant les mêmes crimes économiques et les mêmes aberrations sociales.
Après les inégalités, la société française dans toutes ses dimensions et ses corners les moins connus. Ce projet est soutenu et financé par Compas, une société nantaise dirigée par Hervé Guéry, spécialisée depuis les années 1990 dans l’analyse et la veille des besoins sociaux pour les collectivités locales, et qui alimente également le site en données territoriales. Sobre et chiffré, dépouillé de tout commentaire, cette plate-forme de données (et de curiosités), principalement animé par Louis Maurin, s’appuie également sur un réseau scientifique réunissant des chercheurs en sciences sociales comme François Dubet, Eric Maurin, Marie Duru-Bellat, Laurent Muchielli, Camille Peugny ou encore Julien Damon et Hervé Le Bras. Bienvenue en France.