S’acheter un bout d’utopie
Publié le 15 octobre 2011 par Les Influences
Société. Pour sauver Christiania, le plus grand squatt libertaire d’Europe, les hippies danois émettent des “actions du peuple”.
Les jeunes gens des années 1970 ont peut être dans leur placard, le beau-livre culte, depuis épuisé, de Christiania, publié par les éditions Parallèles. Village undergound, contre-société la plus aimable possible, la commune libre de Christiania a fêté ses quarante années d’existence agitée en septembre. Avec ses constructions sauvages et souvent inventives, son lac, son art de vivre et son accessibilité gratuite, sans oublier son marché à ciel ouvert du cannabis, ce jardin du Luxembourg hippie s’est imposée comme une utopie brinquebalante, mais bien réelle. L’écrivain anar et guide Jean-Manuel Traimond qui y a vécu entre 1976 et 1980, a publié un témoignage passionnant et précieux sur la mentalité de ses habitants, Récits de Christiania (Atelier de création libertaire, 1994).
La droite danoise des années 1990 a longtemps songé à se débarrasser de ce sparadrap psychédélique collé sur le front de Copenhague. Huit années de contentieux, de manifestations ont été pourtant soldées, le 21 juin dernier, par un deal passé entre les “Christianistes”, ces héritiers des années 70, et le gouvernement. Une fondation achètera la plus grande partie de ce terrain au nom de la communauté de Christiania. Le magazine Politiken avait vu dans cet accord institutionnel du “pur bouddhisme : une synthèse de paix, d’harmonie et d’émancipation”.
Son lac et son marché du cannabis à ciel ouvert
Reste que le compteur des “actions du peuple” sur le site de Christiania est encourageant : au moment où est écrit cet article, il indique la somme de 3,56 millions de couronnes (485 000 euros). Pour sauvegarder la dernière tribu d’Europe.