Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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Les médias de la révolution de jasmin, mon cul !

Publié le 12 novembre 2011 par

Révolution de jasmin ou pas, l’écrivain Taoufik Ben Brik qui fut l’un des féroces opposants de Ben Ali, a décidé de lancer un journal intitulé « Contre le pouvoir »

Taoufik Ben Brik (source : www.laurenthazgui.com)
Taoufik Ben Brik (source : www.laurenthazgui.com)
En arabe, « dhedd essolta« , ce qui donne en français quelque chose comme « contre le pouvoir ». C’est le mot d’ordre de l’écrivain tunisien Taoufik Ben Brik (TBB) et le titre du journal d’opinion qu’il a décidé de lancer dans cette Tunisie de l’après-législatives et d’islamisme modéré triomphant.

« Je m’appelle Taoufik Ben Brick, et je suis de la dynamite« … On ne saurait mieux allumer la mèche. Mise en boite en une petite nuit, la chanson réalisée par l’écrivain et collaborateur des Influences, Arnaud Viviant, entendait accompagner la campagne de soutien à la libération de Taoufik Ben Brik. L’écrivain écroué le 29 octobre 2009 avait écopé de six mois de prison ferme pour des motifs obscurs et bidon, dont la justice de Ben Ali avait le secret.«  Nous sommes face à un terrorisme d’Etat. Le comble est que cet Etat est soutenu par des Parlementaires européens qui vantent la réussite économique de la Tunisie et le fait que ce pays est un rempart contre le terrorisme. Je vais porter plainte après des Nations unies  », résuma Azza Zarrad, la femme du journaliste, sur le site de Reporters sans frontières.

Le 19 novembre, son procès fit l’objet d’une spectaculaire démonstration, près de cinquante avocats s’étant offert pour défendre bénévolement celui qu’ils considèraient comme un persécuté politique. Ses articles publiés dans la presse étrangère, et notamment en France, avec Courrier International, Le Nouvel Observateur et Mediapart, s’avèraient particulièrement rudes à l’encontre du président Ben Ali. TBB purgea sa peine à la prison de Silinia, à 130 kilomètres de Tunis. Des conditions dures alors que l’intellectuel souffre de la très rare maladie de Cushing (perturbation du mécanisme de régulation et de contrôle d’une partie du système endocrinien), sans que l’environnement carcéral ne semble pas garantir la meilleure hygiène, ni le meilleur suivi médical.

« Si vous me demandez pourquoi vous ne travaillez pas dans un canard tunisien, je vous répondrais : mais il n’y a même pas de place. Toutes les places sont prises »

La « Révolution de jasmin » en janvier l’a fait témoin de la chute de Ben Ali. Mais le publiciste à la plume féroce n’a pas abdiqué lui pour autant. Après avoir à la façon d’un Coluche tunisien songé à se présenter à la présidence, l’écrivain à fleur de peau a repris du nerf d’opposant et clamé qu’il serait « contre le pouvoir », toujours contre mais pas tout contre.
Se définissant comme « un journaliste en exil » alors qu’il vit à Tunis, TBB n’a de cesse de fustiger les médias nationaux et ses plumitifs qui par la grâce du jasmin politique, seraient tous devenus démocrates après avoir respiré l’air du temps. Cette profession de foi, TBB l’a martelé dans un entretien accordé au Forum des démocrates, en mai 2011 :

 » Je ne peux pas croire que des chiens de garde qui ont longtemps été les chiens de garde de Ben Ali deviennent tout d’un coup des chiens errants et enragés. Comment peuvent-ils devenir aussi vite des journalistes vaillants et courageux ? J’aurais préféré qu’ils restent eux-mêmes, c’est-à-dire des gens qui appartiennent toujours à la garde blanche. J’aurais eu pour eux un peu d’estime. Un peu de décence, quand même ! Il aurait fallu que ces gens vident les lieux. Si vous me demandez pourquoi vous ne travaillez pas dans un canard tunisien, je vous répondrais : mais il n’y a même pas de place. Toutes les places sont prises. Il n’y a même pas de strapontin, pas même dans le poulailler. D’ailleurs, je n’ai pas de carte de presse. Je ne peux pas. Je ne veux pas. Pour moi, le journaliste doit rester libre de toute attache. »

L’écrivain anar de Tunis réclamait plutôt qu’un nouveau code de la presse, l’utilisation du Premier Amendement de la Constitution américaine, c’est-à-dire le droit absolu à l’expression. Coup de bluff ? Il a annoncé à la fin du mois d’octobre, la publication imminente de Dhedd essolta, son propre hebdomadaire en arabe, en attendant Contre le pouvoir, une seconde formule en langue française. Sans aucune précision sur les fonds ni les dates de parution. Une seule certitude, sa ligne éditoriale : « Moi, je suis comme une sentinelle, une vigie, un sniper. Tu passes, je tire« , déclarait-il dans l’entretien au Forum des démocrates. Et à ce jeu de la provocation, comme déclencheur de vérité et fracasseur de tabou, TBB est bien parti pour être président à vie.

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